─ Justement, c'est le problème, je ne peux pas te promettre que tout va s'arranger. Ma mère est bornée.

C'était bien ce que je craignais. Cette situation impossible pouvait tout à fait perdurer. Une mère qui ne voulait plus voir son fils. Une belle-mère qui ne voulait pas donner une chance à sa belle-fille. La pensée me retournait l'estomac.

─ Et si ça dure ? lâchai-je. Tu pourras gérer ou je dois m'attendre à ce que tu me laisses tomber parce qu'elle boude ? C'est quoi ma garantie ?

Alessio écarquilla les yeux.

─ Ta garantie ? ricana-t-il, l'air éberlué. (Il ôta le bras de mes épaules). Mais tu t'entends, Dani ? On n'est pas à Darty.

─ Peut-être mais ta mère en est arrivée à nous fermer la porte, dis-je calmement. Manifestement, tout ça t'affecte beaucoup, je ne sais pas comment t'aider car tu ne te confies pas à moi. Sophie t'a renié, c'est énorme, je me sens coupable. Tu sais, je me suis pas mariée pour que ça s'arrête au bout d'un mois.

─ Evite de m'énerver, alors, non... ?

Je le dévisageai, il en fit autant.

─ ... Alessio, dis-je doucement, meu amor, meu querido, ta mère ne m'aime pas. Et si jamais elle tient bon, hein ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tirer un trait sur ta propre mère ?

Il ne répondit pas. Cette perspective ne l'enchantait pas, évidemment.

─ Alors, un trait sur moi... c'est ça ?

Alessio prit une brusque inspiration. Je me mordis la lèvre tandis qu'il passait la main dans ses cheveux avec une expression blessée.

─ Sérieux, Dani ? Merci de marcher sur mes sentiments...

─ Excuse-moi, Alessio, mais j'ai besoin de sécurité pour me sentir bien dans notre couple. Plus de sécurité que de beaux discours.

Cette fois, la mâchoire d'Alessio se décrocha carrément.

─ Une bague et mon nom, ça suffit pas ? marmonna-t-il avec humeur en jetant un oreiller sur le fauteuil délaissé par Papa.

─ Eh bien, non. Ca ne suffit pas, pour moi.

Il y eut un silence, et je vis Alessio déglutir.

─ Mais Daniela tu attends quoi de moi ?! Je ne peux pas forcer ma mère à accepter notre relation. Mais toi, tu es censée me croire quand je te dis que tu es ma priorité et que je fais tout ce que je peux pour faire passer ton intérêt en premier. Pour être clair, ma mère ou ma femme, c'est ma femme.

Ses mots étaient plaisants, parfaits, mais le ton factuel sur lequel il les assénait jeta un froid.

─ Tu es rassurée, maintenant ? Tu l'as, ta " garantie " ? fit Alessio, mimant les guillemets avec les doigts.

Il était excédé. Ca me vexa.

─ J'en sais rien, aboyai-je, pourquoi t'es aussi condescendant tout à coup ? J'essaie juste de te parler, et toi tu...

Alessio rougit. La confusion s'afficha sur son visage. Tout à coup, il se leva du canapé et s'éloigna vers la cuisine.

─ Alessio, attends...

Je le suivis en soupirant. Il ouvrait le réfrigérateur pour en tirer une petite bouteille d'eau.

Il la décapsula et me fit face.

─ Après tout ce temps, toutes ces années, tu ne comprends pas vraiment ce que je ressens, pour toi, pas vrai ? me demanda-t-il d'une voix blanche.

Je gardai le silence. Je savais reconnaitre une question rhétorique quand j'en entendais une.

─ Parfois quand t'es dans les parages et que je te mate, j'ai l'impression que je n'ai même plus de cervelle, je me sens totalement con tellement je t'ai dans la peau. Heureux, mais con. Je ne sais plus quoi faire pour te faire plaisir. Tout ce que je veux de toi, tu sais, c'est seulement... un petit peu de ton attention.

Alessio mima le geste avec son pouce et son index, les écartant légèrement l'un de l'autre.

─ Un petit peu de ta considération. Un peu de toi contre tout de moi. Ne viens pas me demander des garanties pour te sentir sûre que je ne vais pas te « laisser tomber ». Tu sais comment je t'aime, moi ?

Il était furieux, à présent.

─ Je t'aime comme un fou, et Dani, ma mère la pauvre n'y pourra rien du tout, ni aujourd'hui ni demain ni jamais. Toi-même, tu ne pourrais pas m'arrêter, si tu le voulais. Même moi, j'arrive pas à m'en empêcher. Après tout ce que j'ai fait, aller te chercher à Rio pour te supplier de m'épouser, comment peux-tu penser que je ne suis pas totalement investi dans cette relation... ce serait pas plutôt toi ?

─ Moi ? fis-je, bouche bée.

─ Tu compliques tout, Dani.

─ Moi je complique tout ? répétai-je, mécontente.

─ Oui. T'as changé... mais t'as pas changé sur ce point.

─ Toi non plus tu n'as pas tellement changé, tu sais, Alessio. Toujours à te prendre la tête !

─ Tu restes la femme la plus chiante, la plus difficile avec qui j'ai jamais été.

Ses mots me vexèrent, je dois l'avouer, mais je n'allais sûrement pas le montrer.

─ Tu m'en vois ravie. On voit ce qui te fait craquer, au fond, hein ?

Alessio soupira face à mon air insolent.

─ Tu vois ? Tu cherches la bagarre. Tu adores me provoquer.

─ Tu adores que je te provoque, insistai-je, et je me perchai sur le comptoir derrière moi pour être à sa hauteur.

─ Non, Dani, justement. Même quand on fait les putain de courses, tu trouves le moyen de me chercher...

Ah. Il n'avait vraiment pas digéré ça. Les hommes et leur susceptibilité ! Je croisai lentement les bras sur ma poitrine.

─ Remets-toi, Alessio. J'ai juste payé. On va pas en faire toute une montagne...

─ T'as payé surtout parce que tu voulais me défier, corrigea Alessio, le ton assez froid. Je suis passé pour un crétin devant ton père, et même la caissière. Incapable de me faire obéir par ma propre femme. La honte.

Je ris malgré moi. Il me fusilla du regard.

─ Tu trouves ça drôle ?

─ Un peu.

─ Ca me fait pas rire, Dani.

Je dénouai mon macaron et rejetai mes cheveux par dessus mon épaule. Je le fis d'une telle manière qu'une longue boucle noire vint lui caresser le visage. Alessio m'attrapa fermement par les poignets, l'air furibond.

─ Arrête de me provoquer.

Sourire en coin de ma part.

─ T'es une véritable emmerdeuse, dit-il, son souffle se brisant sur mes lèvres. Je n'ai qu'une envie, te flanquer une bonne fessée.

Mon ventre se contracta tout seul. Oh.

J'haussai un sourcil dubitatif.

─ Mais ne te gêne surtout pas, mon petit chou. Si tu l'oses.

─ Ca suffit, maintenant, gare à toi !

La voix d'Alessio était cassante, son ton impérieux. Son regard brûlait d'un désir sombre qui fit courir plus vite le sang dans mes veines. Oh... J'avais beau être contrariée... il m'était totalement impossible d'être indifférente. Ca m'excitait qu'Alessio me désire. Même au beau milieu d'une discussion houleuse.

Je me jetai sur ses lèvres.

La Lune de Miel (HB tome 4)Where stories live. Discover now