Chapitre 16 : Alice

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Harry n'avait même pas décoché un sourire lorsqu'il m'avait vu, sur le palier, le regardant d'un air inquiet. Il n'avait pas tenté de me rassurer, pas tenté de m'embrasser ni de montrer un simple geste affectif. Il était vide et c'est presque comme si je n'existais plus, qu'il ne voyait plus qu'un simple film transparent qui remplaçait mon corps et ce fut une douleur des plus horribles jamais ressentie. Cette douleur me lacéra les entrailles, me rendit pâle, me coupa le souffle presque comme si l'on m'avait infligé un coup de poing en plein cœur. C'était comme si il prenait mon corps et qu'il s'acharnait à l'écraser sous sa botte sans aucune honte, sans aucune retenue.

Mais même si j'étais blessé par le regard vide de l'homme que j'aimais, je devais quand même arrêter de m'inquiéter pour ma propre personne et je devais penser à lui, à Harry. Je devais savoir ce qu'il se passait.

-Tu me fais peur Harry, dis moi ce qu'il se passe je t'en supplie...

Son regard croise momentanément le mien comme si j'existais pendant un dixième de seconde avant qu'il ne retombe sur le sol. Harry glisse une main dans ses boucles pour les remettre en arrière puis il soupire longuement comme si ce qu'il s'apprêtait à me dire allait sans aucun doute changer quelque chose entre nous ou la manière dont je le voyais.

-Je dois te parler d'un truc... Je voulais déjà t'en parler la dernière fois mais là c'est urgent. Je te fais confiance à présent et j'ai besoin que tu le sache parce que les choses s'aggravent et que je veux être certain que tu ai toutes les réponses qu'il te faut...

Son air grave me prend de court et je suis hésitant à l'idée de savoir ce qu'il compte me révéler. J'ai peur que ce soit beaucoup trop grave ; il a peut-être tué quelqu'un et je suis sa prochaine victime ? Non, imbécile, il ne te préviendrait pas. Il fait partie d'une secte et il veut me soutirer une grosse somme d'argent en prenant une excuse débile ? Impossible. Mais alors qu'est ce que ça peut bien être ?

-Je préférerai que tu rentre et que tu t'assoies un peu. Ce que je vais te dire, je ne l'ai dit qu'à une seule personne, mon meilleur ami alors autant te dire que c'est d'un ordre capital pour moi. J'ai besoin de savoir que tout ça restera entre nous. Je ne veux pas que les gens éprouvent de la pitié pour moi.

Il ne veut pas qu'on éprouve de la pitié pour lui ? Alors c'est sûrement quelque chose qui se concentre uniquement sur lui comme... Il a peut-être une maladie très grave ?... Mon cœur commence à s'accélérer à cette pensée et j'essaie tant bien que mal de chasser l'image d'un Harry couché dans un lit d'hôpital et branché à différentes machines.

Harry me laisse de la place pour entrer et je suis plus que surpris en découvrant que certaines lampes sont tombées au sol comme si on les avait jetées sans retenue. Je fais donc attention à ne pas trop m'approcher des bouts de verres brisés et finalement, nous arrivons dans le séjour où Harry m'invite à m'asseoir sur le grand fauteuil. Nous sommes enfin installés et je ne peux plus attendre, je dois savoir ce qu'Harry a à me dire.

-Bon, très bien... Tu sais mieux que n'importe qui que le sujet de... ma mère a toujours été très compliqué pour moi et je t'ai longtemps caché certaines choses...

De quoi parle-t-il ? Je lui fais un petit geste de la main pour l'inciter à continuer.

-Si je suis si sensible sur ce sujet c'est parce que... Il faut que tu saches que même si ça ne paraît pas évident aux premiers abords, j'aime ma mère plus que n'importe qui. C'est une des raisons pour lesquelles je me lève chaque matin pour aller à la caisse d'un magasin minable avec un personnel merdique qui me prend peu en considération. J'aime ma mère au point d'habiter avec elle, de passer mes dimanches à jouer aux cartes et mes soirées à regarder des téléfilms à l'eau de rose plus que clichés. Mais si on me demandait de changer de vie du jour au lendemain, d'arrêter les jeux de cartes le dimanche, les téléfilms qui dure jusqu'à minuit, je refuserai immédiatement parce que j'aime ma mère plus que tout au monde. Et je t'aime toi aussi évidemment.

Euphoria (larry stylinson)Where stories live. Discover now