Épilogue

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10 ANS PLUS TARD

DEVON


La liberté. Quelque chose que je ne pensais jamais revivre. 

Bon, en réalité, cette liberté reste tout de même assez subjective quand on sait ce qui se cache derrière, mais bon, la liberté reste la liberté (même si on est cherché par tous les flics et gardiens de prison de France). Il faut dire, j'ai l'impression d'avoir toujours vécu en regardant derrière moi par peur de me faire choper. Mais bon, c'était le bon vieux temps où Devon Laydon était connu pour meurtre et enlèvement. Désormais, si on entend parler de moi, la seule chose qu'on entend de moi est à propos de mon évasion. 

Cette dernière a eu lieu il y a déjà neuf mois. Neuf mois pendant lesquels je me cachais tout en tentant par tous les moyens de la trouver elle. Il faut dire, elle était aussi bien cachée que moi et même si j'ai eu vraiment du mal à la trouver, je dois dire que je suis extrêmement fière qu'elle ait écouté mes paroles. 

Pendant mon séjour en prison, il faut admettre que je n'ai pas vraiment connu le repos. La première année s'est consacrée à ma survie (et oui, là-bas c'étaient les règles de la jungle et la loi du plus fort), la seconde au fait de me faire des relations et ce n'est que lors de la quatrième que l'un de mes contacts extérieur a mis la main sur Jonas Steevens. La chasse de ce dernier n'a pas été de tout repos et j'étais tellement exténué et désireux de passer à autre chose que j'ai demandé à Alaric de se charger de son cas. Comme je l'avais voulu le jour où il s'en était pris à elle, il est mort dans d'atroces souffrances et son corps a été laissé dans un caniveau miteux. Je dois dire, je n'ai pas ressenti le soulagement que j'espérais, j'avais simplement ressenti une envie pressante de me barrer de cette cellule. Il m'a donc fallu cinq ans de plus pour m'évader de cette prison et un an supplémentaire (et beaucoup d'aide de la part d'Alaric) pour retrouver mon ange.

Comme je lui avais demandé, cette dernière a changé de pays, d'identité et on pourrait même dire qu'elle est devenue un fantôme. La seule chose qui nous a permis de la retrouver a été une image donnée par la reconnaissance faciale la localisant comme étant partie se réfugier en Guadeloupe. Madame se fait donc désormais appeler June Michaels et part sur ses vingt-huit ans. 

Je dois admettre que lorsque Rick l'a retrouvé, je n'ai pas voulu voir sa photo. J'avais aussi réservé un billet d'avion pour le mois d'après dans un aéroport où on ne pourrait pas me reconnaître. Durant tout ce mois, j'ai longuement hésité à partir la rejoindre. Elle avait refait sa vie et je n'en faisais désormais plus partie. Je devais me rendre à l'évidence et la laisser une bonne fois pour toutes rêver du futur de princesse qu'elle mérite tant. Mais je n'ai pas pu m'y résoudre. Ce sont les souvenirs de nos moments à deux qui m'ont permis de ne pas perdre la boule entre les quatre murs de ma cellule et c'est mon amour pour elle qui m'a donné la force de m'évader au lieu d'attendre les quarante-six ans qui m'attendaient là-bas. Je lui avais fait la promesse de revenir à elle et même si nous avons tous les deux évolué pendant ce temps, je devais la revoir. Je dois la revoir. 

Mon monde est devenu bien plus sombre pendant son absence et il est désormais temps de laisser un peu de lumière passer dans mon coeur (enfin, si je suis toujours digne de la recevoir). C'est donc pour cette raison que je me trouve en cet instant sur cette plage, celle de Saint-Anne en Guadeloupe. 

Avant de partir, j'ai demandé à mon premier coloc de cellule qui est sorti au bout de quelques mois de placer un traceur à distance sur son téléphone afin que je puisse la retrouver plus facilement. Mais mon portable a beau clignoter sur un point juste à côté de moi, je ne parviens pas à la voir. Je me tourne dans tous les sens et observe chaque visage, mais aucun ressemblant à celui de Kayla Edwards ne me fait face. Même avec dix ans passés, je sais que je serais capable de la reconnaître entre mille. Sa beauté était tellement singulière et tout chez elle respirait la douceur. 

Je continue donc d'avancer en regardant dans tous les sens et manque de me prendre un palmier à force de ne pas regarder où je mets les pieds. À la dernière seconde, j'esquive ce dernier et me reporte sur le côté lorsque mon corps rentre dans quelque chose d'autre. 

Mes yeux se baissent et il me faut quelques secondes pour prendre connaissance de ce qui vient de me tomber dessus, jusqu'à ce que j'entende sa voix.

- Devon ? 

Un sourire prend naissance sur mon visage. Le premier depuis tant d'années et j'ai l'impression que mes poumons parviennent enfin à prendre une grande inspiration.

- Kayla...


FIN

Pile ou Faceحيث تعيش القصص. اكتشف الآن