Chapitre 32 - Rester calme ne me tuera point... mais pourquoi tenter le diable ?

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Ellipse De Deux Semaines

Debout, devant la commode de la chambre, je frotte et je frotte en espérant faire partir la tâche sur le meuble blanc. Ça doit bien faire une dizaine de minutes que je répète les mouvements en boucle et que cette foutue tache ne part pas, mais peu m'importe du moment que je parviens à passer mes nerfs et à oublier mon inquiétude. 

Dire que je suis en panique est un euphémisme même si je tente de me contrôler. Ma jambe a beau me faire de moins en moins mal, ça ne change pas le fait que j'ai encore du mal à marcher et qu'une balade dans la forêt n'est pas une bonne idée. Mais putain qu'est-ce qu'il fou ?

Ce matin je me suis réveillée rongée par l'inquiétude en me rendant compte que Devon n'était plus dans le lit ni même dans la maison. Il avait littéralement disparu. Je l'ai bien attendu pendant une heure avant de commencer à péter un câble. Il ne m'a laissé aucun mot ni aucune excuse pour expliquer son absence et après la menace que nous avons reçue, j'ai vraiment peur qui lui soit arrivé quelque chose. Et si pendant que je suis là à récurer cette foutue tâche, lui est en train de souffrir le martyre ? Putain je vais devenir dingue !

J'ai beau me retourner les méninges dans tous les sens pour lui trouver une raison valable d'être parti sans me prévenir, mais aucune ne me vient à l'esprit. Ce n'est pas comme s'il était parti à l'épicerie du coin pour faire des emplettes étant donné que nous sommes au milieu de nulle part. Alors pourquoi donc est-il parti ? Je ne suis habituellement pas le genre de personne qui flic son copain à longueur de journée, mais dans de telles circonstances, son départ est assez interrogatif et ne peut que m'inquiéter.

Dépassée, je jette le chiffon par terre et m'assois sur le lit, la tête dans les mains. Je ne sais pas quelle heure il est mais ça doit bien faire trois heures que je suis debout et morte de peur. Et s'il s'était fait enlever ? Je ne peux plus rester ici à me tourner les pouces comme je peux tant que je ne serais pas certaine qu'il va bien. J'attrape donc ma béquille puis sors de la chambre pour descendre les escaliers. 

Ce n'est certainement pas une bonne idée de sortir alors qu'avec ma jambe, je suis vulnérable et que deux psychopathes sont peut-être à l'origine de l'absence de Devon, mais peu m'importe. J'enfile en vitesse la première veste que je trouve et ouvre la porte d'entrée avant de me mettre à hurler en faisant un bond en arrière. 

Je ne sais pas à quoi est-ce que je m'attendais en ouvrant cette porte, mais certainement pas à tomber sur Devon en personne qui s'apprêtait à rentrer. Oubliant ma frayeur, je ne peux m'empêcher de lui sauter dans les bras tant je suis rassurée de le revoir. Il me réceptionne en lâchant le sac qu'il tenait dans les mains et j'enroule mes bras derrière sa nuque. Pendant un instant je le voyais déjà mort et même si ma réaction est peut-être excessive, ça ne change pas le fait que j'étais morte d'inquiétude.

- Putain j'ai eu tellement peur ! je dis en lui donnant une tape derrière la tête. Je peux savoir où tu étais ?

Je ne sais pas s'il s'attendait à me trouver énervée à son retour, mais il ne peut pas savoir à quel point je boue de colère. La peur a laissé place à la fureur et je me fiche d'abuser légèrement. Il aurait vraiment dû me réveiller avant de partir au lieu de me laisser sans aucune nouvelle de lui.

- Surprise ! dit-il en reprenant son sac. Je suis allé chercher des fruits pour le petit déjeuner.

Mon énervement diminue légèrement devant l'attention et je ne sais pas comment réagir. Alors comme ça, tandis que je me faisais du souci en pensant qu'il était en train de lui arriver malheur, en réalité il tentait simplement de me faire une surprise en partant cueillir notre petit déjeuné. Je suis contente parce que ça ne lui ressemble pas vraiment d'avoir ce genre d'attention. Bien sûr, il a déjà passé plusieurs heures dans cette forêt pour me fabriquer une béquille il y a quelques semaines, mais là c'est parce que j'en avais besoin. Aujourd'hui il a simplement voulu me faire plaisir.

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