Chapitre 25 - Il y a mieux comme retrouvailles -

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KAYLA


Mon corps est douloureux, mon cerveau est douloureux. À vrai dire, il n'y a pas une chose chez moi qui ne ressent aucune douleur.

Je suis plongée dans le noir depuis tellement longtemps que je ne saurais dire où je me trouve. J'aurais cru qu'à force, je finirai par m'y habituer, à cette obscurité éternelle, mais ce n'est pas le cas. Le noir me fait toujours aussi peur et j'ai l'impression qu'il regorge de monstres et de créatures prêtent à me sauter dessus à la moindre occasion.

On m'a attaché ici, dans cet endroit sombre et humide et depuis mon réveil, rien n'a bougé. Ah si, on m'a apporté de quoi boire et un peu de nourriture, mais même à ce moment, je ne voyais rien de ce qu'il se passait autour de moi. Je savais simplement que l'un des deux psychopathes me faisait face et qu'il se marrait bien à me faire peur. Ces hommes sont des monstres... Je ne savais pas où il se trouvait, s'il s'apprêtait à me toucher. Tout ce que je sentais, c'était sa présence à mes côtés avant qu'il ne me tende un verre d'eau avec une paille pour que je puisse boire.

Ici, le noir n'est pas le pire de mes démons. C'est l'ennui qui me tue le plus. Le fait d'être attachée à cette maudite chaise qui fait mal aux fesses et de ne rien pouvoir faire d'autres que contempler le noir. J'essaie parfois de changer de position pour rendre les choses moins douloureuses, mais disons que le choix est limité avec mes mains ligotées sur l'accoudoir. J'ai l'impression de remonter quelques semaines en arrière. Je ne saurais dire si les minutes sont des heures et si des jours sont des semaines (bon, je suis presque certaine qu'une semaine n'aurait pas pu passer depuis que je me suis retrouvée ici, mais disons simplement que le temps passe à une lenteur extrême et qu'étant privée de la lumière du soleil, je ne sais jamais réellement comment les jours passent). Mais vu la fréquence à laquelle ils m'apportent de quoi me nourrir et boire, je dirais que ça doit bien faire deux jours que je suis prise au piège ici.

Pendant tout ce temps, le silence laisse le temps à mon esprit de s'aventurer dans tous les recoins de mon cerveau. Il ressasse des vieux souvenirs, me remémore mes pires cauchemars ou encore pense à Devon. Viendra-t-il me chercher ? Est-ce que je lui manque autant que lui le fait pour moi ? Je veux sortir d'ici ! Je veux retrouver la lumière du jour et ne plus ressentir cette peur qui me brûle l'estomac. Je me sens seule, je me sens mal. Rien ne va et plus le temps passe, plus je me dis que je n'aurais aucune chance de me sortir de cette situation. Et cette pensée en menant à une autre, je me remémore miraculeusement que j'avais pensé à cette éventualité avant de partir au lac et que j'avais dissimulé une lame de shavette dans ma brassière. Quelle idiote je suis de ne pas m'en être souvenue plus tôt ! Il faut croire que le stress et la peur ne font pas bon ménage et qu'ils sont parvenus à me faire oublier le plus important.

Je me sens soudainement revigorée et pleine d'espoir. J'ai beau être dans le noir et ne pas voir le genre de lien qui m'entoure les poignets, je peux sentir à la texture que c'est de la corde. Une corde relativement épaisse et qui a l'air solide, mais ça reste de la corde qui doit certainement se détacher rapidement si je la coupe avec une lame.

Je ne peux contrôler une exclamation euphorique de sortir de ma bouche tant je me sens soulagée. Il me reste un moyen pour me sortir de là. L'endroit a l'air vide et je parviendrais peut-être à en sortir sans même me faire repérer et au pire, je pourrais faire comme je l'ai fait avec le psychopathe et me cacher derrière la porte jusqu'à ce que quelqu'un rentre avant de le poignarder avec cette lame. Sauf que là, ce qui complique les choses, c'est qu'ils sont deux et pas seuls. Je vais devoir me montrer rusée. Mais bon, avant de penser à ça, je dois déjà attraper cette lame et libérer mes mains.

Je prends donc une grande respiration et penche mon buste vers ma main droite. Heureusement, ces crétins ont attaché mes mains à l'accoudoir et non derrière mon dos. Ça veut dire que j'ai une chance de parvenir à atteindre ma brassière. Je me rapproche donc de ma main mais me retrouve gênée par mon t-shirt qui fait office de rempart et que je ne peux pas enlever. J'essaie donc de me contorsionner un peu plus pour rentrer ma main par le col mais il me faut plusieurs essais avant d'y parvenir.

Pile ou FaceOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz