Chapitre 30 - Forget the past and Focus on the future -

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- Tu es sûre de ce que tu fais ? me demande-t-il pour la dixième fois depuis que je lui ai fait part de mon idée.

Vu la manière dont il me dévisage, je ne suis pas sûre qu'il ait vraiment confiance. J'avoue que moi-même à sa place je ne m'aurais pas fait confiance, mais dans le fond, peut-être que mon idée pourra l'aider à passer à autre chose. Si tous ses tatouages ont réellement une signification pour lui ou en tout cas pour le psychopathe, il faut que l'un d'entre eux représente le tournant qu'a pris sa vie. Cette semi-perte de mémoire lui a permis de prendre un nouveau départ alors il mérite de pouvoir passer à autre chose tout comme moi j'ai besoin de prendre conscience que ma vie a littéralement changé depuis mon enlèvement. Je ne suis plus cette même personne et même si les événements passés sont regrettables, je ne suis plus cette fille insouciante qui ne connaissait de la vie que la tranquillité et la paisibilité. Devon comme moi avons besoin de passer à autre chose et c'est pour cette raison que je n'ai aucune crainte quant à ce que je vais faire. Si lui a des doutes, je ne l'obligerai pas à me suivre dans mon délire, mais je sais que la nouvelle moi en a besoin.

- Oui et non, mais bon, quel est le plaisir de la vie si on ne fait pas quelques folies ? je dis concentrée sur ma tâche.

Sans un regard pour lui, je continue de vider l'encre noire du stylo dans un petit récipient que j'ai nettoyé à plusieurs reprises. J'attrape ensuite le second stylo que j'ai trouvé dans le tiroir du bureau de la chambre de Devon, puis retire mon t-shirt pour ne laisser qu'une brassière que j'ai fabriqué quelque temps plus tôt avec un t-shirt de Devon découpé. Ce dernier baisse d'ailleurs le regard en me voyant dans cette tenue minimaliste, mais je ne lui laisse pas le temps de se défiler et lui tends le stylo en question.

- T'as intérêt de t'appliquer, je le menace.

Il n'est pas à l'aise, ça se voit. À mon avis, il ne s'attendait pas à une telle demande de ma part et est légèrement en train de paniquer, mais il ne se défile pas pour autant puisqu'en effet, il s'exécute. Je rassemble mes cheveux roux sur mon épaule gauche et lui donne accès à ma clavicule droite. En temps normal, j'aurai prié pour qu'il utilise sa plus belle écriture, voir, je n'aurai même pas imaginé me faire tatouer dans de telles conditions, mais aujourd'hui, je m'en fiche de l'allure que ça aura, je veux juste avoir ces mots gravés sur mon corps à tout jamais. Je refuse que la seule chose qui soit marquée pour toujours sur moi soit des vilaines cicatrices, je veux autre chose. Alors quoi de mieux qu'un tatouage fait au moment où j'en ressens le plus le besoin.

Je suis contente puisque Devon semble s'appliquer et être légèrement plus à l'aise qu'il y a quelques secondes. La mine du stylo chatouille ma peau (ou alors ce sont ses doigts et son touché) et nos visages ne sont désormais plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Son souffle caresse ma clavicule et lorsqu'il finit le tracé des mots, il remonte légèrement la tête et nos yeux rentrent en contact. Encore une fois, nous nous retrouvons plus proches que jamais et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. Je vois sur sa figure qu'il est troublé, mais semble tellement hypnotisé par moi qu'il ne fait aucun geste. À ce moment, il n'y a que lui et moi. Sauf que j'ai beau mourir d'envie de l'embrasser, j'ai autre chose en tête et tant que ma peau ne sera pas noire d'encre, je ne lâcherais pas l'affaire. Je me détourne donc et ouvre la trousse de secours à la recherche d'une aiguille qui sert à l'origine pour recoudre les blessures. J'ouvre la pochette stérile dans laquelle elle se trouve puis la désinfecte avec un désinfectant. Devon comprend que c'est à son tour de jouer et me la prend avant de me demander de m'allonger sur le canapé. Je m'exécute aussitôt et lui laisse accès encore une fois à mon corps. Il vient se mettre à côté de moi et plante l'aiguille dans l'encre avant de se concentrer sur le dessous de ma clavicule, là où seront bientôt disposées ces deux petites phrases.

Pile ou FaceWhere stories live. Discover now