Chapitre 25 - Fuis moi je te suis et... PUTAIN ARRÊTE DE ME FUIR ! -

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Le reste de la semaine se passe d'une lenteur infernale. Je suis incapable de me lever du lit si ce n'est pas Devon qui me porte et je ne vais pas mentir, je n'ai pas retenté de le faire depuis ma chute de la dernière fois. Lorsque Devon est passé il y a quelques heures pour m'apporter un verre d'eau, je lui ai demandé pour qu'il m'apporte n'importe quoi qui pourrait m'occuper, mais monsieur a refusé sous prétexte que je dois me reposer pour mieux récupérer. Sauf qu'il ne comprend pas que ça fait une semaine que je dors et que j'en suis désormais incapable. Je suis certaine qu'il cherche à me tuer d'ennui. D'ailleurs, à force de rester assise, je commence vraiment à ne plus sentir mes jambes ce qui m'inquiète légèrement. Et puis est-ce qu'il faut que je commente le fait que j'ai mal partout à force de ne plus bouger.

Ça fait désormais deux semaines que je me suis fait agresser et je ne vois toujours aucune guérison sur ma jambe. Aucune amélioration. Quoi que, en réalité la plaie semble se refermer correctement et je n'ai eu aucun problème au niveau des fils, mais ça ne change pas le fait que je suis toujours cloîtrée au lit comme une vieille dame trop faible. Il y a quelques mois, ça aurait été mon rêve de pouvoir rester dans mon lit à livre des livres au lieu d'aller en cours, mais désormais, la donne a changé ainsi que le contexte. Je n'ai aucun livre ni rien pour m'occuper.

Sauf que je refuse de me laisser faire. Tout ça s'est terminé. Peu importe ce que dira Devon, il faut que j'aille faire un tour dehors parce que je n'en peux plus de me balader seulement pour aller aux toilettes (sachant qu'ils se trouvent dans la salle de bain reliée à sa chambre, je n'ai que quelques pas à faire et encore, ce n'est pas moi qui les fait). D'ailleurs, vu que je squat son lit depuis déjà pas mal de temps, Devon dort sur le canapé depuis ce même laps de temps et je dois avouer que ça commence à me faire un peu de peine. J'ai beau lui proposer qu'on échange de place et que je prenne le canapé mais il refuse. Pourtant, je lui ai dit qu'être en bas me ferait plus de bien que rester seule dans cette chambre. Là-bas, au moins je serais en sa compagnie.

Je tente donc de me relever avec grand mal et en essayant de faire le moins de bruit possible puisque j'aimerais éviter qu'il débarque avant même que j'ai pu quitter la chambre. Et puis, de toute façon, il va bien falloir que je sorte de ce lit un jour. Certes, la blessure est encore fraîche et je dois reposer ma jambe au maximum, mais justement, je me demande si je ne devrais pas recommencer à marcher peu à peu pour réhabituer mes muscles et les pousser vers la voie de la guérison.

De toute façon, je n'ai aucune excuse à trouver ni même à me justifier. Je sors, un point c'est tout.

Une fois sur mes deux pieds, je sens ma jambe fléchir sous mon poids et je me rattrape aussitôt à la table de chevet pour ne pas tomber. J'ai mal. Tellement mal, mais pour être franche, la douleur est moins atroce que la semaine dernière. Il y a donc des progrès.

Étant debout, j'ai enfin l'impression que mon sang circule dans mes fesses et ça me fait un bien fou. Ça me motive suffisamment pour que je continue mon voyage jusqu'à la porte de la chambre. Bien sûr, je dois me tenir aux meubles pour ne pas tomber, mais je parviens malgré tout à prendre appui sur ma jambe meurtrie. À ce moment, je suis tellement heureuse qu'un sourire plein de dents vient se planter sur mes lèvres. Un premier depuis bien longtemps.

Une fois la porte ouverte, je n'ai que deux pas à faire pour atteindre l'escalier, ce qui veut dire que je vais devoir me lâcher quelques secondes. Je prends une grande inspiration et me lance. Quelque temps plus tard, mon pied gauche est déjà sur la première marche et je continue mon périple en silence, non sans m'agripper à la rampe le plus possible. Mais ces efforts ne sont pas sans prix puisque la douleur se réveille de plus en plus. Désormais, toute ma cuisse me fait souffrir au plus haut point et j'ai besoin d'une pause avant de continuer. Je m'apprête donc à m'asseoir discrètement sur la dernière marche sauf que je me fait stopper dans mon élan par une main qui agrippe à mon épaule. Sous le coup de la peur et de le fatigue, je perds aussitôt mon équilibre et lâche un cri. Un hurlement plutôt. Lorsque je me sens sur le point de m'effondrer par terre, un bras passe autour de mon ventre pour me rattraper et je reconnais aussitôt les tatouages de Devon. En même temps, je ne vois pas qui d'autre que lui aurait pu me prendre sur le fait de la sorte.

Pile ou FaceWhere stories live. Discover now