Chapitre 35 - Règle numéro une pour plaire à une fille : donne lui des bonbons -

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Nous avons finalement dormi toute la matinée pour se réveiller en début d'après-midi, l'estomac vite. Après une nouvelle séance de câlins, nous avons décidé qu'il était grand temps de bouger nos fesses de la chambre et de rejoindre la cuisine. Devon a commencé à nous faire à manger tandis que de mon côté, je l'observais tout en me réfléchissant à mes sentiments.

En temps normal, j'aurai dit que l'amour, ça ne se réfléchit pas mais ça se ressent, un point c'est tout, mais cette situation est tellement compliquée que je préfère ne pas m'emballer. À vrai dire, je dois admettre que je ne sais même pas si c'est une bonne ou mauvaise chose que je tombe amoureuse de lui. D'un côté, ça pourrait être la plus belle chose qui puisse m'arriver puisque la routine dans laquelle je me suis plongée avec lui me rend vraiment heureuse, mais d'un autre, ça rendrait notre séparation dévastatrice et je ne suis pas sûre de pouvoir tirer un trait sur ma vie et ma famille juste pour une personne. J'ai beau être attachée à lui comme pas permis, je ne me sens pas prête à abandonner ma vie.

Quoi qu'il en soit, je suis en train de me retourner le cerveau dans tous les sens pour essayer de comprendre si je suis réellement amoureuse de Devon ou si je suis simplement vraiment attachée. Le problème, c'est que comment savoir quand on aime quelqu'un ? Est-ce que ça veut dire qu'à chaque fois que tu penses à la personne, un sourire vient naître sur tes lèvres ? Qu'à chaque fois qu'il rentre dans la pièce tes jambes se transforment en coton ? Que lorsqu'il te fait l'amour tu as envie que ça dure pour toujours ? Que tous les mots et baisers du monde ne seront jamais assez puissants pour lui montrer ce que tu ressens ? Si c'est ça l'amour alors je peux dire que je le suis. Je suis éperdument amoureuse de Devon et ça me fait à la fois peur tout en me donnant une bouffée d'euphorie.

- C'est prêt, dit-il en me sortant de mes pensées.

Je souris et lui vole un baiser avant de mettre la table pour que nous puissions manger. Le repas ainsi que le reste de la journée se passent sans encombre, dans le plus grand des calmes. Nous nous occupons comme nous le pouvons et je dois dire qu'aujourd'hui spécialement, je ne trouve rien de bien intéressant à faire. Je passe ma journée à glander et il en est de même pour Devon. S'il y a bien une chose que je n'aime pas ici, c'est l'ennui. Il n'y a rien à faire dans cette maudite maison. Aucun livre, aucune activité, aucune télé ni même d'ordinateur. C'est déjà un miracle qu'il y ait de la lumière et de l'eau chaude.

Ce soir, nous avons prévu d'attendre le coucher du soleil et le début de la nuit pour aller nous faire griller des chamallows au feu de camp. J'ai vraiment hâte d'y être parce que ça va me rappeler de bons souvenirs. Ceux du soir où pour la première fois Devon et moi nous sommes tenus au même endroit sans se disputer ni même se chamailler. Ce jour-là, qui me semble s'être passé il y a une éternité, il s'est ouvert à moi et m'a avoué pour ses souvenirs de sa famille et son passé et je pense que c'est ce soir-là que j'ai commencé à sentir autre chose que de la haine et du dégoût envers lui. Son passé m'a fait comprendre que ce n'était pas sa volonté qui avait fait de lui un psychopathe, mais qu'il a simplement essayé d'aider ceux qu'il aimait. En réalité, la personne que je pensais être un monstre s'est avérée être un homme qui a tout perdu et qu'on a conditionné à perdre toute trace d'humanité en lui. Bien sûr, rien de tout ça n'excuse ses crimes, disons simplement que ça aide à faire passer la pilule.

Je me demande quand même quel genre d'homme il serait devenu s'il n'avait jamais rencontré celui qui a gâché sa vie ? Si sa mère n'avait pas été malade et qu'il n'avait pas dû s'approcher de mauvais types ? Est-ce qu'il aurait ressemblé à l'homme qui est désormais mien ?  Aurait-il autant de sang que les mains ? Je me demande à quoi pouvait bien ressembler le Devon adolescent qui n'avait pas de si lourdes charges sur son dos. J'aurais tellement voulu le rencontrer plus tôt avant que tout parte de travers dans sa vie. Quand je pense qu'on a été au même lycée ensemble et que je ne l'ai jamais remarqué. Nous aurions pu devenir amis, mais le destin en a fait autrement et nous étions destinés à se rencontrer dans de telles circonstances. C'est triste, mais je ne regrette pas de l'avoir rencontré. Je ne regrette pas d'avoir enduré tous ces malheurs et ces souffrances pour au final réussir à me frayer un chemin jusqu'à son coeur. Il mérite de connaître l'amour et le bonheur pour une fois dans sa vie. 

Pile ou FaceOnde histórias criam vida. Descubra agora