Chapitre 29 - Toute mauvaise idée est bonne à prendre -

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L'épuisement que je ressens n'a rien à voir avec l'épuisement physique. Je suis fatiguée, lasse et je n'ai envie que d'une chose, me terrer sous mes couettes pour ne plus jamais en refaire surface. Je me demande quand même comment c'est possible qu'autant de merdes puissent s'enchaîner d'un coup dans ma vie. C'est tout bonnement impossible et irréel. À croire que le destin me haït tellement qu'il refuse de me laisser ne serait-ce que quelque temps de répit. Mais qu'ai-je donc fait pour mériter une sentence pareille ? Je veux bien accepter m'être faite enlever et torturer, m'être prise une balle dans la jambe, mais là ça commence à faire trop. Deux mecs totalement barjos veulent se venger de Devon et par conséquent me faire du mal à moi aussi parce qu'ils  doivent certainement imaginer que si je suis la seule victime que Devon a laissé en vie, c'est parce qu'il a dû tomber amoureux de moi ou une connerie dans le genre. Mais quelle idiotie putain !

Quoiqu'il en soit, il est je-ne-sais-pas quelle heure il est et je suis actuellement dans le salon tandis que mon colocataire est parti faire je-ne-sais-quoi dans les bois. Après notre câlin réconfort ainsi que notre baiser, nous sommes descendus (moi dans ses bras comme d'habitude) et avons mangé en silence, en méditant sur ce qu'il venait de se passer. J'ai rapidement compris que le baiser que nous avions partagé dans la chambre ne voulait rien dire et que je devais me faire à l'idée puisqu'il n'était pas prêt à accepter le lien qui nous unit.

Après ça, je suis allée m'installer sur le canapé avec un carnet que j'ai trouvé et un stylo tandis que Devon est parti faire un tour dans la forêt. Il faut savoir que j'avais trouvé ce carnet dans le bureau du psychopathe et qu'à l'intérieur, seules quatre pages avait été utilisées. Sur chacune était noté un nom ainsi qu'une adresse et quelques informations. J'ai rapidement compris que je tenais entre les mains le journal de bord du psychopathe dans lequel il inscrivait tout ce qu'il y avait à savoir sur ses victimes. Ayant le moral déjà à bout, je n'ai pas cherché à lire ce qu'il s'y trouvait, encore moins sur la page qui m'était destinée et j'ai donc arraché les pages pour les poser un peu plus loin sur la table basse. Pour ce qui est du carnet, je profite du fait qu'il soit désormais vide pour m'en servir. Je n'ai jamais été très dessins, mais je me souviens qu'il y a de ça quelques années, je m'étais lancée dans l'écriture pour abandonner peu de temps après par manque de courage. Actuellement, je m'ennuie comme pas permis et la seule distraction que je vois est de débuter l'écriture d'un livre (de toute façon je n'ai que ça à faire). Et puis qui sait, peut-être que ça me permettra d'échapper à ma triste réalité. 

Pendant donc plusieurs heures, les mots s'enchaînent dans ma tête et le scénario se crée peu à peu. Ne sachant pas combien de carnet je trouverai dans cette maison, je décide d'économiser un maximum d'espace en écrivant tout petit pour faire durer le plaisir. Dans cette histoire, on retrouve une femme qui, un jour se réveille à l'hôpital en ayant perdu la mémoire des deux années précédentes. Comme sa famille se comporte bizarrement et refuse de lui dire ce qu'il s'est passé pendant ce temps, cette femme, Joy, décidera de retracer son passé par elle-même. Elle apprendra par le biais d'une libraire qu'elle a disparu de la circulation et que lorsqu'elle est venue faire ses adieux, elle semblait heureuse et été accompagnée d'un garçon. Joy se lancera donc à la recherche de cet homme et se rendra compte que c'est un motard avec qui elle vivait un amour inconditionnel qui la faisait vibrer un peu plus chaque jour. Sauf qu'elle finira par apprendre que sa perte de mémoire n'était pas due à un accident, mais que quelqu'un, voulant du mal à son homme, s'en était pris à elle et avait tenté de la tuer. 

Tout ça dure pendant plusieurs heures que je ne vois pas passer. Les pages se remplissent peu à peu et mon cerveau est tellement dans l'histoire que je ne me rends pas compte que Devon vient de rentrer. Lorsqu'il vient déposer quelque chose près de moi contre le canapé, je relève enfin le nez de mon carnet et observe ce qui se trouve être un bâton, taillé parfaitement. Je viens planter mon regard dans le sien qui semble attendre une réaction de ma part et fronce les sourcils. 

Pile ou FaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant