Mise à mort

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"Est-ce que tu penses qu'on en a assez pour qu'il choisisse ?" Le chef des gardiens de prison fait nerveusement les cent pas entre les rangées de cages, ayant l'air minuscule face aux barres imposantes. "Tu connais ses goûts particuliers."

Se retournant pour la énième fois, il s'approche pour observer les corps des captifs, grimaçant involontairement devant les odeurs de fluides intestinaux et de sang. "Pourquoi veut-il une mariée de toute façon ? Il pourrait les avoir tous dans un harem. Pourquoi doit-il épouser l'un d'entre eux ?"

Les captifs sont attachés tellement serrés contre les barreaux corrodés qu'ils sont, en fait, maintenus debout par des chaînes barbelées qui s'enfoncent dans la chair de leur poitrine et de leur cou. Toute pensée de crier, supplier ou de négocier pour la clémence a depuis longtemps quitté leur esprit.

N'ayant pas aperçu la lumière du jour depuis qu'ils sont entrés dans la prison de la Vallée des Fantômes, un endroit qui redonne un nouveau sens au mot enfer, la plupart ont perdu toute notion de temps, alors qu'ils dérivent entre conscience et inconscience.

La seule façon de distinguer depuis combien de temps les captifs sont là est l'état de guérison de leurs blessures, la peau se scellant en légitime défense autour des matériaux agressifs. Certains ont l'air d'avoir du fil barbelé qui sort de leur poitrine, comme de la vigne se libérant du sol, alors que d'autres sont à vif, leur chair sanguinolente.

"Nous avons rempli toutes les cages ici, il doit y en avoir plus d'une centaine." Le commandant en second se tient debout à l'entrée, attendant que leur Guzhu (1) descende, les yeux passant anxieusement d'un visage à l'autre. "Sûrement que l'un d'entre eux sera assez bon pour lui ? Il les aime jolis. On a cherché tous les bordels de ces terres pour trouver toutes ces beautés poudrées. La semaine dernière, j'en ai même attrapé un de plus qui venait de ..."

Le garde est interrompu par des doigts fins qui s'enroulent fermement autour de son cou, le brisant comme une brindille avant qu'il n'ait pu réagir au contact impitoyable. Alors que le corps se relâche, la main le tient sans effort, encore dans son emprise, le soulevant légèrement au-dessus du sol.

"Quoi, un de plus ?" se retournant, le chef des gardes voit son commandant en second se balançant sans vie dans la main du Guigu Guzhu nouvellement "nommé" - Wen Kexing.

Se lançant à terre, s'inclinant si profondément qu'il respire le sang et la poussière qui souille le sol depuis si longtemps, il gémit, "Guzhu".

Le Guigu Guzhu lâche le fantôme mort avec un bruit sourd, ne lui jetant même pas un œil, et lui marche dessus. Sa robe de soie rouge bordeaux presque lumineuse alors qu'il glisse sur le visage blanc et sans vie du fantôme.

"Mets-les en ligne." De manière arrogante, Wen Ke Xing attrape quelques noix de l'intérieur de ses longues manches drapées et commence à les faire rouler dans sa paume droite, d'avant en arrière, les caressant presque alors qu'il palpe le contour des coquilles. "Et déshabille-les."

Le chef des gardes revient à la position debout en rampant et aboie des ordres à ses subordonnés, si rapidement que sa salive pend le long de son menton. Des bruits stridents de métal contre métal résonnent alors que les portes sont ouvertes à toute volée avec une force superflue. Les sons assourdis de gémissements et de halètements, alors que les chaînes sont impitoyablement arrachées de leurs corps, sont noyés par les bruits de pas hâtifs et de corps qu'on traîne.

Wen Ke Xing regarde les fourmis travailleuses mettre en ligne ses mariés offerts avec le peu qui reste de leurs vêtements maintenant déchirés et jetés en tas sur le sol, des vagues de sang frais et gluants atteignent ses narines. Si cela avait été possible, la scène devant lui aurait rendu ses yeux plus sombres. La chair nue et exposée, la peur se diffusant de chaque goutte de sueur froide, l'odeur du sang si épaisse qu'il peut presque le goûter. Il lèche ses lèvres et les laisse légèrement entrouvertes alors qu'il attend.

Comment polir une perle [WenZhou]Onde as histórias ganham vida. Descobre agora