Chapitre-trente : Epilogue

4.3K 185 188
                                    

Un mois plus tard. New York, Etats-Unis.

    Je suis allongée dans MON lit, dans MON appartement. J'ai encore du mal à y croire après trois mois passés loin de mon domicile. Je me réveille chaque matin entre mes murs blancs, dans ma petite chambre de Brooklyn. Tout est proche, à portée de main. Je n'ai pas de baie vitrée qui donne sur un immense jardin, pas de lit king size mais un simple lit double. Parfois, je n'arrive pas à y croire. J'arrive à dormir toute seule sans craindre d'être kidnappée. Ça a été dur. J'ai passé les premières nuits au téléphone avec Nate puis avec Peter quand il ne pouvait pas. J'ai fait aussi un nombre incalculable de nuits blanches mais j'y arrive, petit à petit. Sur le sol, traîne le livre de ma mère. Je ne l'ai pas encore lu. Je n'arrive pas à le lire. J'ai peur de ce que je pourrais y trouver. Mon enfance, ma vie, tout ce que j'ai fuis dès que j'ai atteint la majorité. Alors il traîne, par terre, à moitié sous mon lit.

    Je me lève de mon lit et ouvre la porte de ma chambre, la tête dans les nuages, le cerveau qui baigne encore dans l'alcool de la veille. Les filles sont toutes là. Mila est dans le canapé en train de se faire une pédicure, Maya et Ashley sont autour de l'îlot de la cuisine.

- Alors Sinaï ? Tu ne tangues pas trop ?

    Je grogne pour toute réponse. Je me serre un bol de céréales et m'assois autour du plan de travail. Les filles ont cru à l'histoire de voyage français pour retourner voir des membres de ma famille. Ce n'était pas totalement faux. Ma mère est décédée, j'ai vu mes grands-parents mais ça s'arrête là. Sur trois mois, mon passage en France a duré une semaine et demi maximum.

    Quelqu'un frappe à la porte mais aucune n'a le courage de se lever après la soirée d'hier. Il faut dire que modération n'était pas notre ami. Après avoir suivi un match de hockey dans un bar, ne me demandez pas pourquoi mais Mila s'est mise à aimer le hockey, on a fini en boîte de nuit jusqu'à trois heures puis sur le pont de Brooklyn pour observer le lever du soleil avec des donuts.

- Entrez ! hurle Ashley.

    La porte s'ouvre et Nate apparaît en plissant les yeux. J'imagine bien le tableau. Quatre filles, les yeux rouges et l'air encore ivre de la veille.

- Sinaï, tu as du doliprane ?

- Pourquoi Sinaï ? demande Nate.

- Sin en espagnol et "a" en anglais. Sinaï, comme le mont. Tu vois, quoi, répond Mila.

- Non.

- Eryne est la seule qui n'a pas de A dans son prénom.

    Il hoche la tête peu convaincu et nous dévisage une à une. Il porte un éternel costume mais il n'a pas mis la veste. Les mains dans les poches, il s'avance vers nous.

- Vous laissez toujours entrer n'importe qui ?

- Tu n'es pas n'importe qui, je réponds.

- Bouge ton cul, on y va.

- Toujours aussi délicat. Laisse-moi une heure et je suis prête.

- Dix minutes.

- Une heure.

- Quinze et si tu n'es pas prête, je m'en fou, je t'embarque quand même.

    Si négocier avec Peter est chose facile, ça l'est beaucoup moins avec Nate. Il ne cède sur rien. Pas même sur les secondes. Un calvaire. Un calvaire qui me plaît. Je saute de ma chaise et il prend ma place pendant que je me dirige vers la salle de bain.

    Un mois, ce n'est rien. C'est le temps que je suis restée avec Nate chez lui et pourtant, ça fait un mois qu'on a décidé de faire des efforts pour essayer un nous. Ce n'est pas tous les jours facile mais progressivement, j'arrive à accepter l'idée qu'il ne va pas me jeter comme une merde ou m'accrocher à un arbre pour m'y laisser toute la nuit.

[L.1] LOVE & ARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant