Chapitre 13 partie 2

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Le pot d'adieu à Bruno avait lieux au Café Joseph, un bar restaurant donnant sur la Rue de la Loge. Un choix hasardeux selon Jean car la musique et le brouhaha de la rue y étaient toujours un peu trop fort pour les conversations. Pas le meilleur endroit lorsqu'on voulait tenir un discours.

D'ailleurs le PDG de Techno34, , demanda finalement au patron du bar de baisser le son avant de démarrer. Jean vit le patron hésiter un instant avant d'acquiescer, la quarantaine d'employés représentait une force de consommation suffisamment importante pour qu'il cède au caprice d'Armand.

Celui-ci avait tout du jeune cadre dynamique, fier d'avoir créé sa propre boite avant quarante ans et de porter ses costumes hors de prix. Mais tout l'argent du monde ne pouvait empêcher une calvitie précoce, constata avec un malin plaisir Jean qui réalisa qu'il n'avait pas vu son patron depuis au moins un an. Le discours commença, faisant les louanges de Bruno un ami hors pair, un employé modèle, un des piliers de l'entreprise qu'il faudra honorer en la faisant prospérer. Jean ne savait plus s'il devait crier au génie ou pleurer de rire.

Il opta pour une poignée cacahuètes, Jules venait d'en ramener un bol plein. Les mâchouiller l'empêchera de ricaner tout du long. Profitant que tous étaient pendus aux lèvres de leur directeur il interrogea Jules sur ses aventures avec la rouquine l'autre soir.

– Affaire conclue mon gars, lui dit son ami entre deux poignées d'arachide. Je te le dis, ce ne sont pas les plus mignonnes les plus agréables au pieu. Et toi avec Laure ? Rien encore ? Avec deux coincés comme vous je l'aurais parié.

– Je vais à mon rythme Julo, comme pour le reste, répliqua Jean.

– Ouais, ce doit être ça. Et le grand projet, il se dévoile ?

– On peut dire qu'il a franchi une étape mais qu'il arrive à un tournant décisif, annonça Jean avec un air mystérieux avant de changer de sujet. Dis-moi tu as quoi comme bonne série policière à me conseiller ? Je n'ai rien regardé du genre depuis CSI Las Vegas et Dexter.

– Il y a eu un spin off à Las Vegas ? demanda un Jules surpris.

– C'est la série d'origine...

–Ah bon, sinon je te conseille Mentalist, c'est plutôt drôle.

– Le blond qui fait des blagues aux suspects ? Ce n'est pas un peu con comme truc ?

– Si mais j'aime bien. En plus sérieux tu as Esprits Criminels, même s'ils ont tendance à trouver un tueur en série sous chaque caillou. On dirait qu'ils poussent littéralement dans le sol, ce qui me fait penser que c'est un peu de la propagande...

– Pourtant ce sont les tueurs de masses qui pullulent et qui font parler d'eux aux USA en ce moment, le coupa Jean qui était de nouveau songeur quant aux aléas de la célébrité.

Le discours étant terminé tout le monde trinqua à la mémoire du défunt. Jean et Jules se joignirent au mouvement, après tous les consommations étaient aux frais de leur boss. La musique reprit et les moins motivés commencèrent à partir.

Clarisse, entourée des proches de Bruno, s'était installée à une table en terrasse. A elle aussi Jean aimerait bien présenter son pare-buffle, mais c'était un peu tôt pour ça ou alors il lui faudrait changer de méthode. Parce qu'une série d'accidents au sein de la même entreprise ce serait un peu dur à avaler.

Jules lui tapa sur l'épaule et lui fit signe qu'il s'en allait. Il le suivit, ne voyant pas d'intérêt à rester plus longtemps. Il était aussi pressé de rentrer chez lui pour réfléchir sérieusement à sa signature, il déclina donc une proposition de manger dehors.

– Parfois tu es tellement cachotier que ça ne me surprendrait pas que tu ais une double vie ou un truc du genre, lui lança Jules.

Jean se raidit un peu à ces paroles mais ne répliqua pas, nier serait d'autant plus louche.

– J'ai rendez-vous avec ma guilde, préféra-t-il répondre, ce qui n'était pas faux en soi.

– Bon à la prochaine alors et ne lâche pas l'affaire avec le petite Laureline. Si tu es trop timide pour l'inviter en tête à tête je peux nous organiser un autre plan à quatre.

Et il rigola de son sous-entendu.

Jean lui fit signe que oui en s'éloignant, mais il avait d'autres soucis en tête que les jolies formes de sa collègue. Il avait des livres à lire, des séries à télécharger et des décisions à prendre. Il lui fallait trouver quelque chose qui marquerait les esprits lorsqu'il se ferait connaitre, quelque chose qui terrifiera les Montpelliérains pour les années à venir. Que sa signature reste dans les mémoires, autant que le pic à glace de Sharon Stone ou le masque d'Hannibal Lecter.

Une arme spécifique ! Voilà une bonne idée, même si elle posait d'autres problèmes. Tient ce n'était pas con ça, un pic à glace, plutôt facile à transporter mais il avait déjà son tournevis. En fait il n'avait pas à se limiter, il pouvait se pencher sur n'importe quelle arme originale et létale. Restait à ne pas se blesser avec, surtout que les outils et lui ça faisait deux.

Déjà il préférait tuer à mains nues pour mieux ressentir l'agonie de ses victimes, ça il s'en était bien rendu compte. Mais il fallait aussi songer aux risques liés à la dissimulation et au transport de l'arme en question lors de ses heures de vadrouilles. S'il devait choisir une arme de suite, qu'il trouvait vraiment impressionnante, il aurait dit un arc ou un katana, mais ça c'était sans doute son côté joueur de MMO qui ressortait.

Le chasseur à l'arc, qui traquait ses proies dans la jungle urbaine et les immobilisait par un tir aux jambes avant de les achever avec... une serpe ? La grande classe, même si l'on aurait dit un peu le cosplay d'un Predator, et totalement irréaliste se dit Jean en soupirant de dépit. Décidément son imagination, sa créativité étaient toujours bridées par les turpitudes de ce monde.

Il s'arrêta brusquement au milieu d'un carrefour, il était tellement plongé dans ses pensées qu'il en avait dépassé sa voiture. Des groupes de jeunes, sans doute des étudiants, le dépassèrent pour se diriger vers le centre-ville et ingurgiter leurs doses d'alcool. Ils étaient bien loin d'avoir peur à les voir rire et se pavaner avec insouciance. Jean regarda avec mépris ces singes, s'ils n'avaient pas peur pour l'instant cela changerait, bientôt.


Loisir qui consiste à jouer le rôle de ses personnages favoris en imitant leur costume

Le Tueur du 18-25Où les histoires vivent. Découvrez maintenant