Chapitre 10 partie 1

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Me voilà de retour et pas pour vous jouer un mauvais tour, les aventures de Jean reprennent mais vous êtes vous prêt ? ^^

Chapitre 10

– Une semaine à Perpignan ? s'exclama Jean. Mais pourquoi moi ?

Bruno le regarda en souriant, une lueur malicieuse dans ses yeux écartés qui lui donnait un air de crapaud.

– Allons Jean, tu ne vas pas me dire que tu as mieux à faire ici. En plus avant de partir en congé tu as envoyé un mail pour signaler que tu étais sans assignation.

Bien sûr, le même qu'il envoyait depuis plusieurs mois déjà. Jean enrageait, cet emmerdeur l'attendait comme d'habitude à la machine à café, mais cette fois en plus de le charrier il l'avait suivi dans la cave, dans son domaine. Et pour lui annoncer rien de moins qu'une absurde mission de maintenance informatique pour une entreprise basée à Perpignan, et en jubilant bien entendu. Déjà qu'il n'aimait pas les lundis, cette fois c'était la totale alors qu'il aspirait juste à retrouver la tranquillité de son bureau après cette éreintante semaine en famille.

– Une semaine ce n'est pas un peu long pour une maintenance ? Je dois faire quoi une fois là-bas ? demanda un Jean atterré.

– Installation du nouveau matériel, relier le tout en wifi et mise à jour de tous les programmes, de la sécurité aussi. Je ne sais pas quoi d'autre moi, mais fais en sorte qu'ils en aient pour leur argent en tout cas et qu'ils soient satisfaits.

– Ils ne pourraient pas faire appel à quelqu'un sur place ? lança Jean avec mauvaise humeur.

– Ce sont de bons clients et c'est à nous qu'ils font appel, alors tu vas y aller si tu tiens à conserver ton poste Jean Glandouille pas une !

Jean ne releva pas et fit signe qu'il acceptait, pressé de voir l'odieux personnage quitter son territoire. Mais celui-ci s'arrêta au pied de l'escalier.

– Ah j'allais oublier. Tu n'auras pas droit à un remboursement du logement sur place, à cause de la proximité avec Montpellier. Mais ne t'inquiète pas, j'ai convaincu la direction de te rembourser au moins l'essence si tu dois faire le trajet tous les jours. A toi de voir si tu préfères rouler ou payer de ta poche une chambre. Bonne semaine et n'oublie pas que tu commences cet après-midi, ce qui te laisse quand même quelques heures pour y aller.

Jean se redressa sur sa chaise, cette fois prêt à tuer. Mais l'autre s'était déjà replié à l'étage supérieur, inconscient du danger qu'il avait un instant couru. Jean se rassit et joignit ses mains pour en calmer le tremblement.

Ainsi la période de tranquillité qu'il avait connu au bureau était révolue. Cette mission à Perpignan n'étant qu'un prétexte pour lui mettre une nouvelle fois la pression et le faire démissionner. Et ce n'était sans doute que la première des tâches absurdes et ingrates qu'ils allaient lui confier à compter de ce jour.

Il pouvait effectivement démissionner, vivre sur l'argent qu'il avait mis de côté pendant quelques temps. Mais désormais il n'était plus certain d'être capable de retrouver un emploi qualifié, en fait il n'était plus sûr d'être capable de travailler normalement tout court. Il n'avait presque plus rien fait au bureau depuis huit ou neuf mois déjà et il avait l'esprit de plus en plus obnubilé par ses nouveaux besoins. Au point de commencer à oublier ses anciens cours d'informatique.

Il n'avait donc pas le choix, il devait donner le change le plus longtemps possible pour conserver son salaire. Une fois sans emploi il pourrait toujours toucher le chômage quelques temps, voir faire les poches des racoleuses même si ça ne s'était pas révélé très rentable par le passé. Mais autant repousser au maximum cette échéance.

Jean soupira, ces questions d'argent l'agaçaient et lui faisaient perdre un temps précieux. Il n'avait plus qu'à aller voir sur Google le temps de trajet entre Perpignan et Montpellier. Il se consola en se disant que ce serait un nouveau terrain de chasse qui s'ouvrait à lui avec cette ville. Car il ne comptait pas rouler plus d'une heure et demie deux fois par jour, sans compter les embouteillages. Tant pis il logerait sur place, quitte à payer de sa poche un hôtel un peu miteux.

Après quelques hésitations il jeta son dévolu sur un Ibis proche du centre-ville et de la gare, qui semblait être la zone où se trouvaient les catins de la ville d'après les forums spécialisés en filles de rue. Les catins, il aimait bien ce mot. Mais il était déjà temps de partir s'il voulait passer chez lui prendre ses affaires. Il n'avait pas prévu de reprendre la route aussi vite après son retour de Lozère et se jura qu'un jour il le ferait payer à Bruno tout en textant à Jules ses derniers déboires.

– Cela vous fera 395 euros monsieur Charpentier pour les quatre nuits. Hors petit déjeuner bien entendu, ça vous coutera quinze euros de plus par repas si vous les prenez ici.

– Pardon ? C'est une blague ou vous vous croyez à Paris ? s'étouffa Jean. Sur votre page facebook il me semble avoir vu du 70 euros la nuit.

L'homme au guichet lui sourit poliment, vaine tentative pour le décourager de hausser le ton

– Vous n'avez pas réservé, en arrivant le jour même vous payez malheureusement le plein tarif monsieur.

Ce n'est pas possible se dit Jean, Bruno avait appelé tous les hôtels de la ville pour passer le mot de les lui briser. Le réceptionniste le dévisagea et regarda ses bagages, une simple valise et une housse pour son portable.

– Vous êtes en déplacement pour votre travail ? Si vous êtes employé vous pouvez demander à votre entreprise de prendre les frais à sa charge.

Merci pauvre con pour l'info, aimerait lui dire Jean, mais il n'avait pas envie de troquer l'Ibis contre un Campanile, encore que...

Quelques instants après il put enfin s'affaler sur son lit de location. Il était 19h et la journée avait été longue, très longue. De 13h à 18h30 il avait tenté d'expliquer à des incapables comment utiliser à bon escient le réseau au sein de leur entreprise. Il avait même dû expliquer à une soi-disant secrétaire qu'elle pouvait choisir sur quelle imprimante serait lancée son impression désormais. Des années d'études de webdesigner pour finir par brancher du wifi et raccorder des imprimantes, navrant. Un job pour un stagiaire ou un bizut... ce qu'il était réalisa-t-il dans un amer constat.

Quelqu'un allait devoir payer pour cela, pour qu'il puisse se purger de sa colère et de son humiliation. Mais patience, pas ce soir alors qu'il était encore trop bouillonnant. Le meurtre du Gévaudan lui avait montré qu'il pouvait agir bien plus efficacement en gardant son calme. Il sorti son portable pour regarder un plan du quartier et mémoriser les grands axes du centre-ville. Il allait d'abord manger et puis sortir pour commencer à roder, se familiariser avec Perpignan. Puis il passerait le reste de la semaine en quête d'une bonne occasion, comme à son habitude.


Le Tueur du 18-25Où les histoires vivent. Découvrez maintenant