Chapitre 2 partie 2

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Joyeusement éméchés les deux compères quittèrent le bar-restaurant et remontèrent la rue de la Loge au milieu d'autres fêtards plus ou moins imbibés qui allaient et venaient depuis la Place de la Comédie. Il n'était pas encore minuit et l'activité battait son plein dans toutes les rues adjacentes. Ils se dirigèrent lentement vers l'Arc de Triomphe puis finalement vers le parking des Arceaux pour récupérer la Rocky de Jean. Celui-ci se sentait comme dans du coton, il n'avait pas l'habitude de boire autant.

Cela ne l'empêcha pourtant pas de prendre le volant et de se diriger bon gré mal gré vers l'appartement de Jules qui sifflotait le générique de Game of Thrones juste pour l'embêter. Conscient qu'il n'était pas tout à fait apte à conduire il resta prudemment à la moitié de la vitesse autorisée et se fit dépasser par une 206 excitée et klaxonnante. Après avoir croisé l'avenue du Père Soulas ils finirent par arriver en indemnes devant chez Jules qui descendit lourdement du véhicule.

– Tu es sûr que tu ne veux pas que je vienne avec toi traquer la gueuse ? lui demande son ami appuyé contre la portière côté conducteur. On s'en prendrait chacun une et... bon ok. De toute façon je suis sûr que tu vas te dégonfler Jean Neige !

Jean démarra sèchement alors que Jules s'écartait en lui faisant un geste d'adieu de la main. Il prit la route en direction de l'avenue d'Assas et de son appartement, toujours un peu assommé par l'alcool et assez peu motivé par les « gros culs » de la lointaine avenue de Toulouse. Y aller lui prendrait bien un quart d'heure.

Pourtant une part de lui était clairement tentée. Et puis deux sources différentes lui avaient donné le même conseil, tirer un coup pour relâcher la pression. Ça ne pouvait pas être un hasard si sur le 18-25 on lui avait fait la même suggestion.

Alors qu'il roulait lentement vers le centre-ville sur l'avenu d'Assas, il s'imagina embarquant une prostituée pour une baise endiablée. Puis il irait raconter son aventure, forcément épique et endurante, sur le forum.

Sûrement une bonne tranche de rire pour tous ceux qui passeraient sur son post. Cela pourrait même le rendre populaire, faire de lui un vrai khey !

Alors que son esprit dérivait et que sa voiture mordait nettement sur la bande centrale il remarqua soudain une silhouette lui faisant des gestes depuis le bord de la route au niveau d'un arrêt de bus. C'était une grande noire avec des nichons protubérants, le genre à faire bander Jules. Et en parlant de bander, Jean réalisa qu'effectivement il avait un début de réaction de ce type.

Sur un coup de tête il pilla et se rangeât sur le bas-côté. Heureusement pour lui personne ne le suivait. La noire s'approcha en souriant et se planta devant la fenêtre côté passager. Jean lui trouva un air étrange, mais entre la pénombre et l'alcool il ne la distinguait pas très bien. Dans tous les cas elle avait l'air d'avoir un beau corps et c'était largement suffisant pour ce qu'il comptait en faire. Il dut se pencher pour tourner la manivelle actionnant la vitre, avoir une voiture des années quatre-vingt avait tout de même des inconvénients.

– Chérrri, c'est moi qu'tu cherches ? lui lança-t-elle, en dandinant des hanches de manière outrancière et en roulant les r du premier mot, dès que la vitre se fut suffisamment abaissée.

– Heu non... enfin si !

Jean réalisa qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il fallait dire dans cette situation. Il n'avait malheureusement pas bénéficié de la formation commerciale au sein de l'entreprise.

– Quel sont vos... tarifs, se risqua-t-il à demander.

– Chéri, c'est le meilleur des deux mondes avec moi. Je suis bonne hygiène. Je te fais la pipe à trente et la totale dans les deux sens à soixante.

Le Tueur du 18-25Où les histoires vivent. Découvrez maintenant