Chapitre 7 partie 1

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Bonne année et première publication de 2022 !

Chapitre 7

Samedi matin, Jean roulait paisiblement sur l'autoroute A75 en direction du Nord. Le temps était froid et humide et un léger brouillard finissait de se s'effilocher. Dans un peu plus d'une heure il serait en famille, dans le trou du cul du monde pour huit jours. Loin de la ville, du travail, du stress et des recherches de la police.

Celle-ci n'avait pas encore beaucoup communiqué sur la « violente agression de jeudi soir » comme disaient les médias. Même l'état des victimes avait été peu détaillé jusqu'à maintenant. Jean savait juste que deux d'entre elles avaient leurs pronostics vitaux engagés. Pour l'instant il allait d'une chaine de radio à une autre, en quête de plus d'infos sur ses exploits.

Finalement il tomba sur le journal de Sud Radio, celui-ci annonçant un flash infos spécial sur les événements de Montpellier.

« Bonjours à tous ! Nous en savons désormais un peu plus sur la terribles agression qui a eu lieu vers 21h jeudi soir à Montpellier, sur le parking Abea d'Odysseum. Un homme, toujours non identifié d'après la police, a agressé une jeune femme seule près de son véhicule. Après l'avoir battue, volée et dénudée, il a été dérangé par l'arrivée de l'amie de celle-ci accompagné d'un vendeur du magasin qui ont à leur tour été violemment attaqués avec un ustensile de cuisine que la première victime venait d'acheter. Malheureusement le jeune homme est décédé de ses blessures dans la nuit d'hier, toutes nos condoléances à sa famille.

La deuxième jeune femme agressée est quant à elle toujours dans le coma avec un très grave traumatisme crânien, mais son pronostique vitale n'est plus engagé. La première jeune femme est encore sous le choc de son agression et souffre, entre autres, de plusieurs côtes cassées et diverses lésions plus bénignes. »

Un joli tiercé pensa Jean, un mort, une comateuse et une traumatisée à vie, il se sentit sourire malgré lui et la peur lancinante qui le persécutait depuis deux jours reflua.

« La jeune femme a malgré tout pu faire une description détaillée de son agresseur à la police qui vient de diffuser un portrait-robot. Par ailleurs tout témoignage du drame sera le bienvenu ont indiqué les autorités qui on mit en place un numéro... »

Jean pila, provoquant un crissement de pneu et un concert de klaxons chez le véhicule qui roulait derrière lui. Pris de nausée, il se gara sur la bande d'arrêt d'urgence et ouvrit les fenêtres pour respirer l'air frais, et chargé de senteur de gasoil de l'autoroute. Il frappa plusieurs fois sur le volant, déclenchant son klaxon. Cette garce avait pu le voir suffisamment clairement pour faire un portrait. Elle ne devait pas être sous le choc cette conne ?

« Par ailleurs la police recherche toujours l'arme utilisée par l'agresseur, une casserole de type... Knuse Hodeskallen. Heu... donc si vous en trouvez une de ce modèle abandonné, ou jetée dans une poubelle, ne la lavez surtout pas et veuillez contacter la police ou la gendarmerie. On me signale au passage que le nom du modèle est gravé en-dessous de l'objet.

Nous avons par ailleurs profité de l'occasion pour questionner l'inspecteur Rubillard sur les méthodes d'investigations de la police scientifique et notamment l'efficacité du prélèvement ADN. Celui-ci a répondu, je cite « le criminel n'a malheureusement pas pu aller au bout de l'agression sexuelle et sa victime ne s'est pas assez défendue pour le blesser. Le sperme et le sang étant les éléments les plus fiables pour un relevé d'ADN, cette méthode risque de nous être ici de fort peu d'utilité ». Une phrase à la tournure malencontreuse, nous en convenons tous. Par ailleurs l'inspecteur nous a confirmé qu'il était rare qu'un simple cheveu puisse servir à l'identification. Une autre information toujours concernant cette agression, il s'avère que la majorité des caméras du centre commercial étaient en fait désactivées depuis plusieurs mois déjà. Je gage qu'un avocat assidu a déjà contacté les familles des victimes et que nous entendrons de nouveau parler de cette affaire.

Place maintenant à notre grand jeu de l'hiver.»

Jean coupa la radio et lança un disque de heavy métal pour se détendre. Il savait qu'il ne pouvait pas rester trop longtemps sur la bande d'arrêt sous peine d'attirer l'attention, mais il avait encore les mains qui tremblaient après ce coup de stress. Une description détaillée qu'est-ce que ça pouvait vouloir dire ? Aussi bien avait-elle a pu leur dire avoir été attaqué par un borgne de soixante ans. Il lui fallait voir ce portrait-robot au plus vite, qu'il sache à quoi s'en tenir.

Il reprit la route, la prochaine aire d'arrêt étant à dix kilomètres. Là-bas il pourrait faire le point et se brancher sur internet. Son GPS sonna brutalement, il avait dépassé les 130 à l'heure sans s'en rendre compte, lui qui n'avait jamais eu une contravention de sa vie. En faisant des exercices de respiration il se força à ralentir et repensa à ce qu'il venait d'apprendre. L'entité inquiétante qu'était la police avait désormais un nom, l'inspecteur Rubillard.

Le Tueur du 18-25Où les histoires vivent. Découvrez maintenant