Chapitre 25

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Il n'avait pas envie d'épier les conversations des autres, mais il n'avait pas pu s'en empêcher.

Sans oser venir coller son oreille sur la porte pour autant, par peur que quelqu'un le remarque sans qu'il ne puisse donner d'explication, Chuuya avait malgré tout attendu aussi près que possible de l'entrée de la chambre, où s'étaient retrouvés seuls Zoey et Mori.

Aucun son ne filtrait à travers la porte, pas même le son d'une voix quelle qu'elle soit. Peu importe ce qu'il se passait dans cette pièce, tout était silencieux. Peut-être que Mori s'était aperçu que Zoey n'était pas faite pour la Mafia, avec ce qu'il s'était passé?

Peut-être que, par un miracle quelconque, la brune allait pouvoir quitter l'organisation sans encombres, au pire continuer son travail de bureau tout ce qu'il y avait de plus banal? Sans jamais avoir à poser un autre pied dans le monde sombre que cachait la Mafia?

Était-il un peu trop optimiste, sachant quel sort l'on réservait à ceux qui souhaitaient partir, aux traîtres qui se sentaient pousser des ailes, celles de la liberté utopique? Lorsqu'on posait les pieds ici, de gré ou de force, l'on savait en général à quoi s'en tenir.

Zoey, elle, n'avait jamais vu ce côté obscur de son nouveau travail, et avait manifestement pensé que tout était parfait dans le meilleur des mondes, et Chuuya n'avait rien fait pour la détourner de ces convictions naïves au possible.

Zoey s'était engagée dans ce cercle vicieux sans même savoir ce qu'elle faisait, et ce qu'on risquait de lui demander un jour ou l'autre. Était-ce de sa faute à lui, ce qu'il se passait aujourd'hui?

Il avait sauvé la jeune fille d'une mort certaine, certes, mais il se disait à présent qu'il aurait peut-être mieux valu, malgré le danger évident, l'amener à un hôpital qui n'avait rien à voir avec celui de la Mafia. Mais ce dernier était le plus proche, celui dont il connaissait le chemin, et il n'avait pas eu envie d'expliquer aux médecins ce qu'il s'était passé, surtout s'il ne savait rien.

Il faisait partie de la Mafia, il ne devait pas l'oublier. Comme le disait si bien Kôyô, il existait au beau milieu des ténèbres, et la moindre de ses actions pouvaient entraîner des conséquences désastreuses. Pour lui, mais également pour ses proches, ses collègues.

A l'époque, il ne connaissait pas Zoey. Il l'avait aidée pour une raison purement égoïste, celle de ne pas avoir de remords dans le futur, ceux de ne pas avoir sauvé quelqu'un qui était en danger de mort.

A présent, il avait eu le temps de faire connaissance avec cette jeune fille au sourire éclatant et à la positivité exacerbée, bien trop innocente pour son propre bien. Si quelqu'un méritait de vivre couvé par les rayons du soleil, dans le monde, alors ce quelqu'un était Zoey sans hésiter une seconde.

Il avait encore en tête les résultats inscrits sur son dossier médical, et les images de sa gorge ouverte le jour où l'avait trouvée dans cette ruelle. Il aurait aimé pouvoir la soulager de certains de ses maux, comme trouver qui l'avait ainsi blessée ou même d'où elle venait, mais il était impuissant en l'état actuel des choses.

Pire, même, il n'avait aucun autre choix que celui de faire les cents pas devant cette chambre d'hôpital, dans laquelle se trouvaient encore Zoey et Mori, plongée dans le silence depuis dix bonnes minutes au moins.

Il n'était pas assez fou pour se dresser contre Mori comme il l'avait fait par le passé. Perdre ceux qui lui étaient chers une seconde fois était hors de question, et il avait juré fidélité à cet homme. Il détestait les traîtres, alors en devenir un lui-même était impensable.

Sous les ordres de Mori, il avait fait de nombreuses choses tout simplement immorales pour le commun des vivants, Zoey comprise. Il était trop tard pour retourner en arrière pour quelqu'un comme lui, avec tout le sang qu'il avait sur les mains.

Bungou Stray Dogs - Chuuya x OC // Ainsi pleurent les souvenirs (Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant