Chapitre 18

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Le roux terminait de se laver les mains lorsque la voix de Kôyô, sa supérieure, résonna doucement dans les sous-sols relativement vides, si ce n'était pour les différentes cellules et instruments de torture divers et variés qui s'y trouvaient. Même les quelques captifs encore présents aux alentours étaient silencieux au possible.

D'ordinaire, Kôyô parvenait à s'occuper seule de cette section de la Mafia, celle des interrogatoires ; mais il arrivait, peu souvent certes, qu'elle ait besoin de renforts extérieurs de dernière minute. Comme aujourd'hui, car de nombreux prisonniers étaient venus grossir les rangs des captifs de la Mafia Portuaire au cours des derniers jours, et qu'un bon nombre de subordonnés de la femme rousse plus âgée étaient indisponibles.

Alors, de temps à autres, Chuuya était appelé pour leur prêter main forte. Il avait donc aidé à débarrasser les corps de ceux qui n'étaient plus en état de sortir d'ici vivants, ce qui était nettement plus facile s'il faisait usage de son pouvoir pour ce faire, même s'il n'en était pas vraiment fan.

Il avait donc accompli ses tâches, et se préparait à aller remplir sa dernière mission de la journée (ou plutôt de la nuit), qui allait éventuellement rajouter encore un peu plus de travail à la section d'interrogatoire, si les choses se déroulaient mal.

Ses gants changés, la voix de Kôyô l'avait presque fait sursauter, alors qu'il avait été perdu dans ses pensées l'espace d'un instant. En bafouillant, il lui demanda honteusement de répéter, car il n'avait tout simplement pas entendu. La rousse poussa un soupir, où se distinguait sans peine la fatigue dont elle était victime.

-J'ai entendu dire que tu avais une nouvelle recrue sous ta direction... Comment est-elle? répéta-t-elle finalement, faisant se tendre Chuuya.

Pourquoi autant de monde était-il au courant de l'existence de Zoey, au juste? Elle n'était rien de plus qu'une fille trouvée dans les rues, comme de nombreux autres avant elle... Qu'est-ce qui la rendait si spéciale?

Une réponse se trouvait dans un coin de son esprit, qu'il souhaitait ignorer autant que possible.

-Honnêtement? Je sais pas vraiment ce qu'elle fait ici, répondit Chuuya après réflexion, tout en remontant dans les étages supérieurs aux côtés de son aînée. Elle n'a aucune once de méchanceté en elle, je la vois mal faire carrière dans la Mafia... A part en tant que secrétaire ou un truc du genre.

Kôyô émit un bourdonnement calme pour confirmer qu'elle avait bien entendu, et qu'elle comprenait ce que Chuuya voulait dire.

-Il y a des personnes qui ont des prédispositions, reprit la jeune femme d'un ton mélancolique. Certaines sont faites pour vivre dans la lumière, d'autres dans l'obscurité... Tu penses que cette jeune fille se trouve dans la première catégorie, donc.

-Oui...

Un bref moment de silence passa, alors qu'ils arrivaient au rez-de-chaussée du bâtiment, retrouvant la chaleur et la beauté du hall d'entrée, contrastant démesurément avec les cachots qu'ils venaient de quitter.

-Qu'est-ce que tu lui as fait faire, pour le moment?

-Elle m'a accompagné pour quelques missions d'inspection plus tôt dans la journée, et là elle doit toujours être en train de faire les rapports...

Kôyô laissa une légère moue se glisser sur ses lèvres, soucieuse.

-Et que t'as dit Mori?

-De faire d'elle quelqu'un d'utile pour la Mafia... et de la faire devenir une mafieuse digne de ce nom, aussi. Mais ça peut être le cas pour une simple assistante ou secrétaire, non? demanda-t-il finalement, espérant une réponse positive.

Bungou Stray Dogs - Chuuya x OC // Ainsi pleurent les souvenirs (Tome I)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora