Chapitre 14

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-Comme te l'as en principe dit Chuuya, j'ai souhaité te recruter personnellement, commença l'homme aux cheveux noirs derrière son bureau, avec elle assise de l'autre côté, tendue à l'extrême. Je n'avais pas le cœur de te laisser seule dans cette ville, avec tes souvenirs manquants et ton origine inconnue. Est-ce que tu acceptes cette proposition? J'aimerais l'entendre de tes mots.

Zoey resta un moment immobile, la sueur coulant le long de ses tempes, à regarder son interlocuteur avec des yeux apeurés. Puis, comme si elle s'était soudainement souvenue de comment faire pour parler, elle ouvrit la bouche, et sa voix sortit bien plus aiguë qu'elle ne l'aurait voulue.

Elle était tétanisée de stress, c'était indéniable.

-B-bien sûr, j'accepte gracieusement! bégaya-t-elle en tentant autant que possible d'atténuer son accent, en vain. Je ne vous serai jamais assez reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour moi, et en plus de cela vous me proposez un travail...

Une lueur apparue dans le regard acéré de Mori, qui disparu aussi vite qu'elle était apparue lorsqu'il ferma ses yeux, un sourire amical sur les lèvres. Si bien qu'elle cru avoir rêvé, et qu'elle ne s'attarda pas davantage sur la question.

-Parfait, dans ce cas. Ne t'en fais pas pour ce qui concerne l'enquête sur ton passé, de même que celle de ton agresseur, la Mafia s'en chargera pour toi aussi longtemps que nous seras fidèles. C'est du donnant-donnant, en d'autres termes.

Zoey hocha vivement la tête de haut en bas, n'aillant pas confiance en sa voix pour parler sans risquer de se ridiculiser de nouveau. Ce qu'elle regretta aussitôt lorsque sa blessure au cou la rappela à l'ordre.

Elle dû faire une grimace un peu plus marquée qu'auparavant, malgré ses efforts pour garder sa souffrance pour elle-même, puisque Mori haussa un sourcil.

-Tu as toujours mal? C'est étrange, en principe les médecins auraient dû te fournir des anti-douleurs... 

-Ah...! Ils l'ont fait, intervint-elle en toute hâte, ne souhaitant pas que des personnes se fassent renvoyer à cause d'elle. C'est juste que... J'ai oublié de les prendre, je crois...

Et voilà. De quoi avait-elle l'air, ainsi? On lui fournissait tout ce dont elle avait besoin, et elle avait le culot de dire ne pas s'en servir... S'il existait un pire entretien professionnel que le sien, elle était curieuse de voir le désastre qui en résultait.

Elle se garda bien de dire que, ces fameux anti-douleurs, elle les avait bel et bien pris. Mais que, contre toute attente, ils n'avaient pas vraiment empêché la douleur de l'assaillir. Sans nul doute parce que la dose n'était pas assez élevée, ou bien parce que ce genre de médicament n'avait pas énormément d'effet sur elle?

Mais elle avait été terrifiée de le révéler à ses médecins, et ainsi prendre le risque de passer pour une enfant gâtée qui voulait toujours plus. Alors, lorsque l'infirmière lui avait demandé si elle avait encore mal, elle avait répondu que non, et avait serré les dents pour ne pas montrer qu'elle mentait éhontément.

La douleur allait forcément finir par partir d'elle-même, pas la peine de déranger les autres pour cela. Il existait des malades qui étaient dans un état beaucoup plus complexe que le sien.

-Je vois... répondit son futur patron d'une voix basse, l'examinant attentivement se faisant.

Elle avait l'impression que cet homme était capable de voir au fond de son âme, de déceler ses mensonges et ce qu'elle ne voulait pas exposer au grand jour. Et cela la fit frissonner, sans qu'elle ne sache réellement pourquoi.

-Tu es très attentionnée, Zoey. C'est indéniable. Mais rappelle-toi que c'est là une porte ouverte à ceux qui te veulent du mal, acheva-t-il avec un sourire en coin, sans ajouter quoi que ce soit d'autre.

Bungou Stray Dogs - Chuuya x OC // Ainsi pleurent les souvenirs (Tome I)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz