• Chapitre 50 •

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Adan

Presque une semaine s'est écoulée depuis mon attaque à Détroit, la plaie s'est adoucie et elle n'est presque plus douloureuse. Cependant, je continue de changer les bandages plusieurs fois par semaine et d'éviter les mouvements brusques. Il y a déjà cinq jours, Dan Lucky m'a contacté pour la boutique de Naomi dans le centre ville. Il s'est apparemment chargé de la vider afin que nous ayons moins de travaux à effectuer, ce qui est très sympathique de sa part vu les circonstances. Naomi était folle de joie et j'ai bien eu du mal à stopper cette insatiable impatience !
Nous sommes allés acheter tout le matériel nécessaire pour retaper cette boutique vétuste. Malgré la présence de Victoria et Chesters, Naomi était heureuse de sortir dans un magasin de bricolage. Plus qu'une boutique de luxe. Ce qui est foutrement attrayant.
Aujourd'hui, Naomi croit que je n'ai pas pu arrêter mon travail mais au contraire, j'ai expressément prévu de me libérer pour elle. J'ai hâte de voir la tête qu'elle va me présenter en me voyant débarquer pour l'aider avec les travaux ! 
Trois claquements contre la porte de mon bureau se font entendre et je réponds, le ton ferme  et sérieux :
— Entrez !
La porte s'ouvre et je découvre la silhouette athlétique de Clarence Caldwell, notre directeur comptable. 
— Bonjour, est-ce que vous avez une seconde à m'accorder ?
— Bien sûr, installez-vous.
Clarence est un homme droit et sérieux, son travail est constamment impeccable. Je suis content de le savoir au sein de l'entreprise, il est jeune et talentueux. Un beau morceau comme dirait mon père !
— Je souhaitais vous mettre au courant de mes prochaines congés. J'ai eu un entretien avec la DRH, cependant je me suis dit que vous prévenir serait une bonne chose.
Des congés ? Si subitement ?
— Bien, merci de m'avoir prévenu. Est-ce qu'il y a un souci en particulier ?
— Non, absolument pas. J'ai simplement quelques problèmes à régler, je suis navré de m'absenter si soudainement.
— Ne vous excusez pas, Clarence. Réglez vos soucis et revenez en forme, vous êtes un directeur très exemplaire.
Il esquisse un sourire bienveillant et se redresse, époussetant sa veste de costume sombre. Je me demande quel sport pratique-t-il pour être aussi solide, peut-être de la boxe ? 
— Merci, passez une bonne journée.
J'acquiesce poliment et le regarde fermer la porte avec aisance. Ses congés m'inquiètent, d'après les documents que l'on me fournit sur mes employés plusieurs fois au cours de l'année, Clarence ne prend habituellement que trois à quatre jours de congé par an. La directrice des ressources humaines ne m'a pas prévenue de cela, c'est contrariant. Qui va bien pourvoir remplacer un si bon élément ?
Avant un soupir presque dépité, je ferme l'écran de mon ordinateur portable et le glisse dans le tiroir de mon bureau. Naomi doit déjà être partie pour la boutique à cette heure-ci, je n'ai plus qu'à me dépêcher de la rejoindre !

Je rase le hall, suivi de près par Chesters et lance un au revoir courtois à la nouvelle secrétaire.
— Monsieur, dois-je directement vous déposer à la boutique de mademoiselle Anderson ?
— Oui, je compte directement la rejoindre.
— Très bien.
— As-tu eu des nouvelles de Connor dernièrement ?
— Non, monsieur. Souhaitez-vous que j'envoie quelqu'un à Mexico ?
Il va me tuer s'il apprend que j'ai fait ça mais, je m'en fous.
— Oui, envoie quelqu'un.
Tu n'as qu'à répondre à mes textos, Connor.
Enfin sur le trottoir humide de l'extérieur, l'air frais de l'hiver se frappe contre mon visage et vient chatouiller la pointe de mes cheveux. Je respire goulûment cette senteur glaciale et soupire.
— Allons-y, Chesters.

Naomi

— Tu plaisantes ! m'exclamé-je, outrée.
— Je te jure qu'elle m'a dit ça, sans un sourire en plus !
— Et tu l'as envoyé se faire voir j'espère ?
— Bien sûr, qu'est-ce que tu crois ! rit-elle, jetant ses longs cheveux derrière ses épaules, toute fière.
Nouant ma tignasse en une queue de cheval bien serrée, j'écoute les multiples péripéties de Jenna tout en déchirant les emballages en plastique. Je trouve ça dingue la capacité qu'elle a de vivre des aventures aussi mouvementée avec des ogres mal aimables ! 
— Alors, tu es prête à entamer ta nouvelle vie de photographe ? Sourit-elle, moqueuse.
— Je ne vais pas devenir photographe, Jenna ! C'est simplement une boutique dont je m'occuperai lors de mon temps libre.
— Je suis persuadée que tu vas tomber amoureuse de cette vie là, ricane-t-elle, jouant avec un morceau de polystyrène. 
Je lève les yeux au ciel et lance, déjà proche de la porte :
— Je vais chercher les derniers cartons, déchire le reste des sachets au lieu de raconter des bêtises !
Je pousse la porte aussi lourde qu'une remorque et appuie sur la clef afin d'ouvrir le coffre. Comme à son habitude, Victoria me suit, à l'affût du moindre danger. Lorsque le coffre de la voiture se soulève dans les airs, j'entends soudainement des voix. Des gens se disputent ?
Soucieuse, je scrute autour de moi et dépose mon regard sur deux hommes, à plusieurs mètres de la boutique. Est-ce que c'est Jeffrey ? Que fait-il là-bas avec cet homme ? Je n'entends pas ce qu'ils se disent mais Jeff semble bien remonté contre cet inconnu. En regardant de plus près, j'ai comme l'impression d'avoir déjà aperçu cet homme. 
Un chapeau melon noir à la main, il reste appuyé contre le mur en briques brunes d'une épicerie. Ses cheveux blonds sont plus longs que ceux de Jeffrey mais quelque chose me tape brusquement à l'oeil. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau !
— Victoria ? Demandé-je, ne le lâchant pas du regard. As-tu déjà vu cet homme qui discute avec Jeff ?
— Non, mademoiselle. Souhaitez-vous que je l'interpelle ?
— Quoi ? m'époumoné-je, non ! Ça va pas la tête !
J'agrippe le lourd carton lorsque mon ami s'oriente vers nous, les yeux écarquillés de stupeur. Il souffle quelque chose à l'oreille de l'homme et s'élance hâtivement en ma direction, la mine grave. 
— Hey, salut. Laisse-moi le prendre, Nao.
Malgré son sourire, son ton est froid, presque effrayant.
— Salut, merci...
Il me chipe le carton des mains et part promptement vers la porte vitrée. Je me brise la nuque dans la direction de l'inconnu mais il n'est plus là. Comment a-t-il fait pour être aussi rapide et disparaître comme de la cendre ? Nerveuse, j'accours vers Jeff et demande :
— Qui était l'homme avec qui tu parlais, Jeff ?
— Un ami. lâche-t-il, comme pour se débarrasser de moi.
— Un ami, murmuré-je pour moi-même, je vois...est-ce que tu as des ennuies, il n'avait pas l'air de...
— Naomi, je n'ai pas trop envie de parler de ça. On peut s'occuper des cartons, avant ?
Je crois que j'ai compris le message.
— Okay, bien sûr, désolée.
Il lâche le carton sur la table près de la large plante verte et je me dirige à son opposé afin de récupérer les pinceaux et les rouleaux pour la peinture. Du coin de l'oeil, je vois Jenna s'approcher de Jeff. Elle dépose sa paume sur son épaule mais celui-ci recule sauvagement et soupire quelque chose avant de se diriger vers les toilettes. Que se passe-t-il, bon sang !
Jenna ne pipe pas un mot et retourne près des outils encore emballés. Un mal de tête commence à naître au coin de mon crâne...
Tout à coup, la clochette nouée à la porte principale carillonne et je frissonne en voyant Adan débarquer dans sa veste de costume anthracite. Ses cheveux hirsutes sont magnifiques sous les rayons du soleil hivernal.
Un gigantesque sourire se dessine sur mes lèvres et je fonce me blottir dans ses bras, euphorique. Je suis contente de le voir...
— Je croyais que tu travaillais aujourd'hui, qu'est-ce que tu fais là ?
— Mon patron a bien voulu me laisser donner un coup de main à ma jolie fiancée.
Je glousse comme un baleine, roulant exagérément des yeux et Adan s'empare de mes lèvres avec passion.
— Merci de t'être libéré, c'est génial.
Son sourire s'illumine et mon coeur effectue au moins dix pirouettes arrière. Il va falloir qu'il arrête de me faire tomber comme ça, à force je ne vais plus être capable de me relever.
— On a déjà préparé les bâches et les pinceaux, il ne nous manque plus qu'à peindre. lancé-je, au comble du bonheur.
— À vos ordres, madame. susurre-t-il à mon oreille.
Je souris puis me racle la gorge lorsque la porte des toilettes s'ouvre sur Jeffrey. Son regard danse de moi à Adan avant de se figer dans mon regard. Sans que je l'appréhende, Jeff sourit tendrement et se dirige vers les rouleaux.
— Bon, on commence ou on se fait un café ?
— On commence ! lancé-je, prenant dans mes mains mon pinceau et le plus petit pot de peinture pourpre.
Je dépose mon pot sur le sommet de l'escabeau et fais en sorte de me positionner à ses côtés sans pour autant le renverser. D'un coup, un souffle chaud caresse ma cuisse et je m'empresse de me tourner vers cette source de chaleur.
— Vous devriez porter des jupes encore plus courtes, mademoiselle Anderson.
— Qu'est-ce que tu insinues, Brown ? m'enquiers-je, malicieuse.
— Que j'adore tes jambes...miaule-t-il, embrassant l'arrière de mes cuisses avec tendresse. Je rigole, chatouilleuse et Adan me mordille amoureusement l'arrière de la cuisse.
— Arrête ! Nous devons nous dépêcher.
— Oui, oui. finit-il par dire, badin.
Je lance un regard à Jeff et Jenna, déjà prêts à passer à l'action et balance avec amusement :
— C'est parti !
Je dépose la pointe de mon pinceau sur le haut du mur lorsqu'un picotement naît au creux de mon ventre, je grimace une seconde mais la douleur s'estompe. Pas maintenant !
J'abaisse le regard vers Adan et soudain, la douleur réapparaît en une puissante torsion. Sous le coup de la douleur, je fiche un coup de talon dans mon pot de peinture et me rattrape sur le mur.
Le liquide épais et rougeâtre s'écoule sur le plastique avant qu'une souffrance me déchire les entrailles. Adan se retourne vivement et se précipite vers moi, tendant les mains pour m'empêcher de perdre l'équilibre.
— Naomi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Ça va ?
— Non...j'ai...
Mon souffle se coupe et je me plie en deux. Bon Dieu, mais qu'est-ce qu'il se passe ?
— Putain, Naomi !
Je suis en train de basculer ?

•••

Navrée de vous laisser comme ça...
À bientôt !

À bientôt !

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Haut Niveau - Tome 2 -Where stories live. Discover now