• Chapitre 46 •

3.5K 156 3
                                    

Adan

Naomi m'observe avec des fusils dans les yeux. Je ne suis pas idiot, elle est au courant que je lui cache quelque chose et je vais à tous les coups passer un mauvais moment lorsque nous serons seuls.
— Adan ! crie Chesters, se rendant compte de mon esprit vaguant. Je vous ai demandé d'aller dans la voiture, c'est dangereux de rester ici !
Silencieux, je serre les poings et rejoins Naomi près de l'Audi. Victoria s'empresse de nous ouvrir la portière, Naomi entre et vient ensuite mon tour. Durant les quelques secondes muettes qui suivent le bruit sourd de la portière qui se claque, un courant électrique traverse l'habitacle. Oh oui, je vais passer un vilain quart d'heure.
Chesters et Victoria entrent à leur tour et le moteur rugit, puis nous décollons sans attendre. Chesters me regarde à travers le rétroviseur et je devine très bien ce qu'il pense, dites-lui, arrêtez de lui cacher une chose si importante et dites-lui !
Nous étions en train de passer un superbe après-midi avant que la merde ne nous course, un glock à la main.
Naomi ne bouge pas d'un cil, ses mains sont statiques et son regard perdu au loin. Que pourrais-je dire ?
Que je suis désolé de lui avoir caché ces piètres menaces ? Que j'aurais dû lui dire afin qu'elle s'inquiète encore plus, qu'elle se mette à angoisser à l'idée de sortir dans les rues toute seule ? Je ne voulais que son bien, voilà ce que je voulais. Et puis, ces lettres me concernent moi et seulement moi ! Elle n'a pas besoin de savoir ça. Après tout, elle n'est que mon assistante au travail. Mais elle est aussi ta fiancée, Brown ! Oui. Je crois que j'aurais dû lui dire, c'est vrai.
Garé dans le parking souterrain, Naomi saute de la voiture et marche droit vers l'ascenseur, d'une démarque clairement furieuse. Je sors à mon tour et la poursuis, appelant son nom avec fermeté.
— Naomi !
Elle avance, comme si je n'existais pas et je me fige une infime seconde, sur le cul. Elle m'ignore ! J'avance jusqu'à la rejoindre dans l'ascenseur et comprends qu'elle n'est pas décidée à me parler – ni à me regarder.
— Bon sang, Naomi. Tu vas refuser de me parler ? Vraiment ?
— Tiens, ce n'est pas ce que tu fais, toi ?
Touché.
— Tu ne sais même pas de quoi on parle, là !
— Et à ton avis, pourquoi je ne le sais pas ? Parce qu'un certain Adan Brown ment comme il respire ! beugle-t-elle, les joues rougies par la colère.
— Je ne t'ai pas menti, Naomi.
— Bien sûr que si, tu as dit que tout allait bien !
— Parce que tout va bien, merde. meuglé-je, enivré par la colère.
— Arrête de te foutre de moi, Adan. J'en ai assez de tout ça, à chaque fois que tu restes silencieux, j'ai peur d'apprendre qu'un autre fou allié souhaite s'en prendre à toi !
Je me tais, ayant bien conscience qu'elle a tapé dans le mille. Naomi s'arrête subitement, haletante et entrouvre les lèvres, comprenant à son tour qu'elle a visé juste
— Seigneur, j'ai raison...
Je détourne le regard, nerveux et appréhende sa réaction.
— Dis-moi, dis-moi ce qu'il se passe.
Je déglutis et cherche à prendre la bonne décision entre, tout lui dire ou bien me taire et risquer de la perdre. Fait chier.
— Daniel Clark a déposé une plainte parce que son entreprise a été piratée par des gens qui, visiblement ont une dent contre moi puisqu'on a retrouvé une lettre dans la salle des serveurs.
— Une lettre ? s'interroge-t-elle, que disait-elle ?
— Ça n'a pas d'importance, seigneur !
— Bien sûr que ça en a une, Adan. Dis-moi ce qui était écrit, tout de suite ! Clame-elle.
— Qu'il comptait me le faire payer. Avoué-je, lorsque les portes électriques se referment dans mon dos.
— Te le faire payer, mais qui ça ?
— Je n'en sais rien, Conrad est sur le coup.
Ses yeux s'arrondissent de stupeur et je me prépare à une nouvelle bourrasque de reproches.
— Conrad est au courant ? Alors tu préfères prévenir ton homme de main au lieu de ta fiancée !
— Ça n'a rien à voir avec ça, Naomi ! Contrairement à toi, Conrad sait y faire avec les fous alliés qui veulent me tuer. Merde.
Son regard se casse et je regrette immédiatement mes mots.
— Je suis désolé, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, Naomi.
— Mais tu l'as dit. réponds-t-elle, blessée.
— Oui, je l'ai dit mais je ne le pensais pas.
Je passe une main dans mes cheveux et le dong de l'ascenseur me surprends. Naomi passe à un bon mètre de moi et je balance :
— Attends, s'il te plaît.
Mais seul l'effluve de son parfum boisé me rétorque. Les bras le long du corps, je patiente plusieurs minutes sur le seuil de l'ascenseur avant de me décider à la suivre. Chesters est là, face à la porte d'entrée toutefois,Victoria doit être à l'intérieur avec Naomi.
— Est-elle au courant ? Se demande-t-il.
— Oui.
— Comment l'a-t-elle pris ?
— Somptueusement bien, comme tu as pu l'apercevoir. répliqué-je en un souffle bondé de sarcasme.
— C'était le mieux pour elle, elle devait être courant.
— Oui, je sais.
— J'ai prévenu Conrad pour l'individu qui nous suivait, il doit vous appeler demain matin.
— Compris, merci Chesters.
Il s'incline et m'ouvre poliment la porte. Un silence froid m'accueille et je tombe sur Victoria, une ride contrariée au centre de ses sourcils.
— Mademoiselle Anderson prend un bain, monsieur. Elle souhaiterait être seule un moment.
Putain. Elle me rejette complètement.
— Bien, vous pouvez rentrer chez-vous Victoria. Je pense pouvoir me débrouiller avec mademoiselle Anderson.
— Euh...eh bien, elle m'a demandé de rester avec elle après qu'elle ait pris son bain.
Je serre les dents, furibond et décide de mettre fin à cette mascarade avant de tomber de fatigue. Les poings crispés sur eux-mêmes, je m'élance vers la chambre à toute vitesse. N'était-ce pas elle qui disait que j'avais une bouche pour parler et qu'elle avait des oreilles pour écouter ? Pourquoi refuse-t-elle de me croiser, ce n'est que de la gaminerie !
Arrivé devant la porte de la salle de bain, je toque trois fois contre le bois vernis et lance :
— Naomi ?
Elle ne me répond pas. Je pousse la poignée vers le bas mais la porte est manifestement verrouillée. C'est une plaisanterie !
— Naomi ! Ouvre la porte.
Un énième silence.
— Ta réaction est ridicule, discutons s'il te plaît. S'il te plaît. Ne m'ignore pas, Naomi.
Toujours rien.
Je lâche la poignée et décide d'attendre sur le lit. Elle va bien finir par sortir et me parler, non ? Je me fiche qu'elle me hurle dessus ou qu'elle m'insulte, je ne veux simplement pas qu'elle m'ignore comme si je n'étais rien pour elle.

La jambe agitée, je fixe mes mains lorsque la porte s'ouvre enfin. Elle sort, vêtue d'un peignoir et son regard assassin me cloue sur place.
— Pardonne-moi, s'il te plaît. Je...
— J'ai besoin que tu me laisses tranquille, Adan. Je suis trop en colère pour t'écouter ou même te répondre alors s'il te plaît, laisse-moi !
Les mains tendues devant moi, je la regarde traverser le couloir afin de remercier Victoria qui quitte l'appartement avec cette fois, un sourire bienveillant. Je vois...

Après avoir dîner dans un épais mutisme, je débarrasse et la regarde filer vers la chambre à coucher. Je soupire, accroché à l'évier et me décide à supporter cela encore un moment. Elle est furieuse et elle a besoin de temps pour se calmer et réfléchir. Je comprends.
Une fois prêt, je gagne la chambre et la découvre, recroquevillée dans son coin. J'ai compris le message je crois, « ne me touche pas ou je te pète les dents ».
Je retire mon haut et me glisse doucement sous les couvertures. La place est froide et c'est bien première fois depuis longtemps que je n'apprécie pas cette fraîcheur. Risquant de me prendre un coup, je dépose un baiser sur l'épaule de Naomi et m'écroule sur le dos avec un soupire douloureux.
— S'il te plaît, ne m'en veux pas trop. Je t'aime et je veux juste que tu vives une vie normale, loin des médias, des menaces et des tarés cherchant un scoop à tout prix. Bien sûr que je veux te protéger, parce que je t'aime et que je refuse qu'il t'arrive quelque chose alors, je te demande juste de me comprendre. Je reçois des milliers de lettres de ce genre, cependant je ne t'en informe pas toujours. Parce qu'au final, ce ne sont que des mots...
Ce ne sont que des mots.
Mes paroles se frappent contre les parois de la chambre et je ferme les yeux, exténué. Elle s'est endormie, je le sais mais j'avais besoin de sortir cela de ma tête pour me sentir mieux. Je hais me disputer avec elle, j'ai l'impression de pouvoir la perdre à n'importe quel moment...
Quel con.
Je passe une main sur mon front et souffle entre mes lèvres. Je sens que je vais passer une superbe nuit ! Mes regrets m'accompagneront toute la nuit, susurrant à mon oreille à quel point j'ai été con.
Pardonne-moi, Naomi.

•••
Adan dans son lit :

À dimanche prochain, j'espère que ça vous a plu ! <3

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

À dimanche prochain, j'espère que ça vous a plu ! <3

Haut Niveau - Tome 2 -Where stories live. Discover now