• Chapitre 33 •

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Naomi

Ignorant les regards réprobateurs et hautains de Suzie, j'entre dans le bureau d'Adan et le repère, debout face à la baie vitrée, le téléphone vissé à l'oreille. Il ne quitte décidément pas ce téléphone de la journée ? Je me demande qui est au bout du fil. Patiente, je m'installe sur le fauteuil face à son bureau – toujours en désordre d'ailleurs – et croise les jambes, prenant soin de bien enfoncer les talons dans mes escarpins.
— Oui, j'ai compris Conrad.
Oh, Conrad ? Encore ce Conrad ? Est-ce qu'il s'est passé quelque chose pour qu'Adan l'appelle ? Je tends l'oreille, dans le but de déchiffrer quelques mots mais rien ne parvient jusqu'à moi. Et dire qu'avant les soucis à l'entreprise, Adan ne m'avait jamais parlé de lui, même pas évoqué. Est-ce que c'est un vieil ami, comme Spencer ? Est-ce qu'ils étaient au lycée ensemble ? Conrad est un génie en informatique, Adan le savait pertinemment, voilà pourquoi il l'a recruté. Mais comment se sont-ils connus ?
— Appelle-moi si tu as plus de nouvelles, salut.
Il raccroche et tourne le nez face à moi, une ride barrant ses sourcils.
— Tu n'es toujours pas rentrée à l'appartement ?
— Non, avoué-je, je voulais t'attendre. C'était Conrad ?
Je demande, la mine innocente, comme si je n'avais pas entendu Adan prononcer son nom.
— Oui.
— Est-ce qu'il y a un souci ?
Ma voix est timide, je crains de le contrarier.
— Non, Conrad travaille toujours pour moi. Il faut bien que je lui donne du boulot autre que dans ma vie privée.
Son léger sourire dénoue mes craintes et je soupire de soulagement, renversant la nuque en arrière. Adan range son téléphone et ferme son ordinateur portable.
— N'est-ce pas samedi que Flora et toi allez chez EriHouse ? Tu es sûre de vouloir l'avis de ma sœur pour le choix de la robe ?
Sa grimace soucieuse me fait pouffer de rire.
— Flora est une très bonne amie même si parfois, ses conseils laissent à désirer. Et puis, Jenna et Jeffrey seront là, eux aussi. Alors, tant que Flora ne m'oblige pas à porter une robe de mariée ultra sexy, je crois pouvoir m'en sortir.
— Jeffrey Williams ? Pourquoi a-t-il le droit d'assister à l'essayage de ta robe tandis que moi, non ? s'enquiert-il, boudeur.
— Parce que tu es le marié, Adan. Lancé-je, moqueuse.
— Aucun homme n'a le droit de voir la mariée avant le jour J, n'est-ce pas ça la tradition ?
— Ce que tu peux te montrer embêtant ! Rouspété-je, taquine.
Il glousse et contourne son grand bureau afin de se pencher au dessus de mon visage, abattu vers l'arrière.
— Qu'y a-t-il, monsieur Brown ?
— Je suis trop impatient. Je n'arrête pas d'y penser, de compter les jours, c'est insupportable...
Touchée, je tends les mains vers lui et câline ses joues avec un grand sourire attendrissant.
— Les préparatifs avancent vite, nous n'aurons même pas le temps de voir les jours passer à cette vitesse.
— Oui, mais ils sont tout de même longs ces préparatifs. bougonne-t-il, grincheux.
Il s'éloigne de plusieurs pas, fourrant ses mains dans ses poches de pantalon et je me redresse. La nuit tombe sur Manhattan et je reconnais que la vue sur la ville est sublime de là où nous sommes, les lumières ressemblent à de minuscules lanternes.
— Est-ce que tes affaires sont prêtes ?
— Tu ne termines pas ton travail ? m'interroge-je, surprise.
— Je le finirai demain matin, je veux rentrer et profiter de ta compagnie, pas de ton visage endormi sur le canapé.
Il est vrai que lorsque Adan rentre tard, je suis avachie et endormie sur le canapé du salon. Malgré mes rudes tentatives pour l'attendre et l'accueillir, je ne parviens jamais à garder l'œil ouvert et, c'est toujours Adan qui m'amène dans le lit. Ce soir, je compte bien profiter de l'avoir auprès de moi sans m'endormir.

Je sors de la voiture en vacillant sur mes talons et me rattrape de peu au bras d'Adan qui fouine dans ses poches, pour mettre la main sur les clefs de l'appartement. Depuis l'incident dans son ancien appartement, il préconise la sécurité alors durant les quelques jours qui nous séparent de notre déménagement, nous resterons chez Connor. Je suis tout de même contente, cet appartement est charmant et je m'y sens bien.
Une fois les clefs trouvées, il s'empare de ma main et me traîne dans l'ascenseur. Je n'aurais jamais imaginé que Connor vivrait dans un appartement comme celui-ci, il est bien plus petit que celui d'Adan ou de leur maison familiale.
— Où est Connor en ce moment ? Toujours à Mexico ?
Hébété, Adan me scrute un moment sans dire un mot et finit par lâcher :
— Oui, il y reste plus longtemps que prévu, c'est assez étonnant. Je me demande s'il n'a pas rencontré quelqu'un là-bas
— Connor aurait enfin le béguin pour une femme ?
— Difficile à croire, n'est-ce pas ?
— Ton frère est comment dire...un coureur de jupons ?
Adan s'esclaffe et je le rejoins, à mon tour amusée par cet euphémisme.
— Il a toujours été comme ça. Il n'a jamais eu de mal à coucher avec n'importe qui. Il est du genre à enfermer ses sentiments dans une cage à double tour, plus qu'une autre chose.
— Vous êtes si différents l'un de l'autre, constaté-je, pensive.
— Je suis d'accord.
Le seuil franchi, je retire mes chaussures et les range dans le petit meuble fait sur mesure. Quand vais-je avoir la chance de m'habituer à porter des talons, mince !
— Veux-tu quelque chose à boire ? De l'eau ?
Le nez plongé dans les placards, Adan pose un verre sur le plan de travail.
— Non merci, je vais aller pendre une douche, tu me rejoins ?
Il s'arrête et tourne la tête aussi vite qu'un escargot.
— Évidemment, miaule-t-il, détachant sa cravate d'un geste trop provocateur. Quel dragueur, lui aussi !
Dans la salle de bain, j'allume le robinet et défais lentement les boutons de mon chemisier. L'appel de l'eau chaude me rend trop impatiente. J'arrache ma jupe puis mes bas opaques et plonge sous le jet bouillant de la douche. Mes trapèzes sont douloureux et mes jambes presque engourdies. Je laisse l'eau mouiller mes cheveux et râle de plaisir en passant une main sur ma nuque meurtrie. La porte s'ouvre dans mon dos et malgré mes paupières closes, je devine aisément la silhouette d'Adan. Ne tardant pas à me rejoindre, il se cale contre mon dos et embrasse ma gorge, roulant son index sur la ligne de ma mâchoire.
— Tu n'es pas fatigué ? Je demande, attisée par son désir.
— Non, pas vraiment. Ronronne-t-il, contre ma peau déjà fiévreuse.
J'esquisse un sourire et renverse la tête sur son épaule, nouant mes doigts à ses cheveux déjà trempés.
— Je ne sais pas comment tu fais, tu travailles tôt et termines tard, pourtant, tu parviens à dormir seulement quelques heures par nuit. Ça m'impressionne...
— Je ne suis pas un gros dormeur, que veux-tu.
Ses paumes s'enroulent autour de ma taille et je soupire. J'aimerais rester comme ça toute la nuit, l'eau chaude qui apaise mes courbatures et Adan, qui guérit mon esprit embrumé par tant de fatigue.
— Tu veux que je te lave ?
— Je ne suis pas handicapée, Adan. Je peux le faire...
— Laisse-moi le faire à ta place, s'il te plaît.
— Tu veux juste me peloter, pervers.
— Je n'ai pas le droit ?
— Mh...fais-je, haussant les épaules.
— Tu ne veux pas me répondre ?
— Mh, le provoqué-je.
Un sourire badin naît sur ma bouche et je presse les lèvres d'Adan contre ma nuque. Ses doigts se détachent de ma taille et gagne ma poitrine. Je me retiens de geindre et tourne sur moi-même, encerclant son cou de mes bras.
— Ta barbe est piquante, constaté-je, prenant dans mes paumes ses joues mal rasées.
— Je n'ai pas eu le temps de me raser, ce matin.
— Tu veux que je le fasse ?
— Je ne suis pas handicapé, Anderson.
J'éclate de rire et plonge droit sur ses lèvres. L'eau clair de la douche se mêle à nos souffles déjà saccadés et je fonds sous l'intensité de la fièvre qui gambade dans mes veines. Je m'accroche à son cou comme à une bouée de sauvetage et Adan est contrait de presser ses mains contre le mur, dans mon dos pour ne pas basculer en arrière. Le bruit de nos bouches se joint à l'écoulement de l'eau et je sens une main chaude et humide toucher l'arrière de mes fesses, afin de soulever ma cuisse contre son flanc. J'enfonce mon talon dans sa peau et tire ses cheveux avec force. Adan lâche un râlement bestial et me soulève un peu plus haut pour s'enfoncer brusquement en moi. La fièvre qui jusqu'à là m'était supportable se transforme en boule de feu, prête à tout ravager sur son passage et, sans aucun répit. L'eau chaude frappe le dos d'Adan et m'éclabousse au passage, rendant la salle de bain irrespirable. Nos corps dégagent de la vapeur, du désir et de la passion. Ils se mouvent l'un contre l'autre, dansant la Bachata sans aucune honte, crachant leur amour dans la sueur et les fourmillements...

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Moi qui repars à la recherche de mes chapitres et de ma ponctualité accessoirement :

Moi qui repars à la recherche de mes chapitres et de ma ponctualité accessoirement :

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Haut Niveau - Tome 2 -Where stories live. Discover now