• Chapitre 27 •

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Adan

J'ouvre la porte et enclenche la lumière qui vient se projeter dans le corridor. L'appartement de Connor est agréable, certes, coloré comme les plumes d'un paon mais agréable. Je dépose les clefs sur la console en verre trempé près de la porte et glisse une main dans le dos de Naomi qui se penche en avant pour déposer Gribouille sur le parquet feutré. Celui-ci gigote sur le sol, renifle un peu tout ce qu'il trouve et part s'allonger sur le canapé en cuir jaune moutarde.
— Est-ce que tu veux à manger ? Connor m'a dit qu'il y avait ce qu'il faut dans les placards.
— Non, je n'ai pas faim.
— Alors, à boire peut-être ?
— Okay.
J'ai besoin de m'occuper d'elle, pour me rendre encore un peu utile avec ce qu'il vient de se passer. La police m'a dit que l'homme était armé et complètement lucide, pas d'alcool ni de drogue dans le sang. Ce type savait ce qu'il faisait en pénétrant chez-nous ! La douleur que j'ai à la tête ne s'atténue pas, ça craint. Était-il là pour moi ou pour Naomi ? Je devrais avoir des nouvelles d'ici quelques heures mais, cela ne me rassure pas. Comment a-t-il pu entrer sans carte, ni code ? Conrad m'a assuré que ce système était sûr. Putain !
Je m'appuie sur le plan de travail, les veines saillantes et grogne comme une bête, captive dans une cage rouillée. Une main, puis deux bras et un corps chaud et tremblant se colle dans mon dos et je retiens ma respiration. Naomi...
— Est-ce que ça va ? susurre-t-elle, la joue plaquée contre mon omoplate.
— Et toi ?
— Je vais bien si tu vas bien, Adan.
— Finalement, commencé-je, je suis incapable de te protéger. Je te mens, je te laisse dans le flou et réagis comme un abruti, mais tout ça c'est que des conneries, je ne suis même pas foutu de le faire...
— Arrête, ne dis pas ça. Moi aussi, je suis une idiote à croire que je ne suis pas en danger. Je sais que tu as besoin de me protéger mais, c'est juste que parfois, c'est étouffant. Je n'ai pas encore l'habitude de tout ça.
— Pardonne-moi. sifflé-je, bourré de culpabilité.
Elle resserre sa prise autour de mon corps et je dépose la paume sur les siennes. Sa peau est douce, comme toujours.
— Que va-t-il se passer ?
— Nous devons attendre, encore et encore patienter pour avoir des réponses.
— Est-ce que ton père est au courant ? s'enquiert-elle, sereine.
— Tout New-York doit être au courant alors ça m'étonnerait qu'il ne le soit pas.
— Tu devrais l'appeler ? Peut-être qu'il a une idée de la personne derrière tout ça ?
— Non, ça ne mènerait à rien. Notre rendez-vous de ce matin s'est mal passé, je ne tiens pas à l'appeler maintenant.
— Oh et...que s'est-il passé ? demande-t-elle calmement.
— La même chose depuis toujours, des reproches et de la mauvaise foie. Il devient comme tous ces gens qui me font gerber, condescendants et lâches.
— Il a aussi peur pour toi, Adan.
— Ouais. aboie-je, amer.
Il me cache quelque chose, je le vois dans son regard et dans son attitude. Et cette fois, je n'ai pas l'impression qu'il s'agit d'une simple querelle passée. Bon sang, si j'avais su que reprendre l'entreprise familiale me pourrirait la vie ainsi, j'y aurais mis le feu bien avant.
— Tu devrais aller te reposer, il est tard.
— Je sais mais, je suis encore trop inquiète. Où sont Victoria et Chesters ?
— Ils vont surveiller l'appartement toute la nuit, au cas où. Demain, je chercherai un autre appartement, plus sécurisé.
— Quoi ? Un autre appartement ? Tu veux que l'on déménage ? s'offusque-t-elle.
— Il n'y a pas trop le choix, quelqu'un est entré chez-nous comme si c'était un abri de jardin. Je ne peux pas prendre le risque que ça se reproduise. Surtout que nous avons eu de la chance de ne pas être présents ce soir.
— Mais...
— Je sais, la coupé-je, ce n'est sûrement pas ce que tu imaginais pour un déménagement.
— Tu penses que ça risque de se reproduire ?
— Je pense que cet homme travaille pour quelqu'un. lancé-je, l'air grave.
— Et si ce n'était pas le cas ?
Je pivote sur moi-même et enfonce mes prunelles dans celles de Naomi. Et si ce n'était pas le cas ? Si ce n'était pas le cas, tout s'arrangerait...
— Il y a peu de chance que ce ne soit pas le cas.
Je ne veux pas lui faire peur mais, je crois qu'elle mérite de savoir la vérité. Je me rends compte que lui raconter des bobards pour la préserver n'avance à rien, autant qu'elle sache à quoi s'attendre dès le début.
— Naomi, soufflé-je d'une voix tendre, tu l'as dit toi-même. Tout va s'arranger, on est ensemble et on se protège mutuellement.
— Oui, je sais, j'ai juste peur pour toi.
— Je comprends mais, je compte bien en finir avec tout ça le plus rapidement possible et t'épouser.
Son visage s'illumine et de légères gouttes translucides perlent aux bords de ses paupières. Je les essuie d'un mouvement de pouce et embrasse ses lèvres.
— Nous avons bientôt rendez-vous avec le wedding planer, tu sais. (Je souris et caresse ses épaules de haut en bas) Est-ce que tu es prête ?
— Je le suis depuis plusieurs semaines déjà, je n'attends que ça...chantonne-t-elle, une lueur amoureuse dans les yeux.
Je glousse.
— Allons dormir, tu dois être fatiguée.
— Mh. grommelle-t-elle, les paupières lourdes.
— Approche, je t'embarque. fais-je, me penchant vers l'avant afin d'attraper le dessous de ses genoux. Je la hisse dans mes bras et elle s'accroche à ma nuque. Son souffle chaud embrasse ma gorge et je me délecte de ce contact réconfortant.
Après une petite visite de l'appartement, je tombe enfin sur une chambre avec, au centre un grand lit à baldaquin. Je l'ai remarqué depuis un moment déjà, Connor adore les lits à baldaquin. Espérons que ce soit juste pour l'esthétique et non pour autre chose de bien plus...charnel. Je dépose ma belle aux creux des draps frais et embrasse son front. Une fine piqûre me pince le crâne et je grimace. Ma migraine ne part pas, elle s'agite en continu et semble vouloir perforer mes tympans.
Je quitte la chambre à petits pas et gagne le salon. De grandes fenêtres longent les murs et je prends quelques secondes pour contempler la vue sur l'East River. J'avais oublié la beauté de cet endroit, Connor a bien choisi.
Je me demande comment ça se passe à Mexico. Je crois qu'il m'avait parlé d'un job en tant que garde du corps pour un célèbre groupe d'armurerie. Ils sont chanceux. Je n'ai jamais vu quelqu'un se battre aussi bien que Connor. Il est agile et rapide, comme un félin ou une ombre dans la nuit. Je ne comprends décidément pas cette passion pour les arts martiaux, même si apprendre à manier un bon crochet du droit ne me pose pas de soucis. Jacob peut certainement en témoigner. Oh, il faudrait peut-être que j'appelle Flora. Si jamais elle songe à passer à l'appartement.
Je sors mon téléphone portable et étouffe un juron dans ma barbe, je n'ai que 10% de batterie. Merde.
Lorsque son numéro s'affiche brusquement, je m'empresse de presser le doigt dessus.
— Adan ? bougonne-t-elle mâchant ses mots. Quel con de l'appeler au beau milieu de la nuit !
— Hey, désolé de t'appeler si tard, je n'ai pas fait attention à l'heure.
— C'est vrai qu'il est un peu tard, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Il y a un un incident à l'appartement, je voulais juste te dire de ne pas t'y rendre pour le moment.
— Quoi ? Quel genre d'incident ? s'excite-t-elle, cette fois bien réveillée.
— Un homme est entré, armé.
— Oh mon Dieu, est-ce que ça va ?
— Oui, nous n'étions pas là. Plus de peur que de mal, nous sommes chez Connor pour le moment mais il serait préférable que tu ne nous rendes pas visite. Il faut que je règle ça avant que ça ne vous atteigne.
— Bon sang...souffle-t-elle.
— Où es-tu ?
— Chez Annie, ma collègue et amie.
— Très bien, tu...te rends toujours au travail ? m'enquiers-je, inquiet.
— Oui Adan, je travaille encore et je n'arrêterai pas. Je ne le croise pas tant que ça...
Okay, ça ne sert à rien de la contredire. Nous avons déjà parlé de ça une dizaine de fois.
— Bien, je vais te laisser, sœurette. Bonne nuit.
— Bonne nuit, je t'aime Adan. Oh.
Ce n'est pas la première fois qu'elle me le dit mais, ça me surprend toujours.
— Je t'aime aussi.
Je mets fin à l'appel et constate que mon mal de crâne est parti. En revanche, le sommeil n'a pas l'air de se montrer. Bon, quitte à rester debout toute la nuit autant faire quelque chose d'utile. Je m'installe sur le sofa, seulement éclairé d'une lampe de chevet et commence à éplucher mes mails, désabusé.

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Connor pendant ce temps là au Mexique :

Connor pendant ce temps là au Mexique :

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Haut Niveau - Tome 2 -Where stories live. Discover now