• Chapitre 44 •

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Adan 

Je boutonne ma chemise, zieutant Naomi qui remonte la fermeture de sa robe près du corps et enfonce les boutons de mes manchettes. Victoria et Chesters doivent déjà être en bas. J'aurais bien aimé être seul avec Naomi aujourd'hui mais malheureusement c'est impossible. C'est impossible depuis très longtemps...Je n'ai pas eu de nouvelle de Conrad concernant le piratage de l'entreprise de Clark, je crains qu'il ne trouve rien. Cette devinette à la con n'est pas non plus là pour nos aiguiller, elle n'a aucun sens !
Mon téléphone vibre sur la table de chevet et il s'agit de Chesters.
{— Nous vous attendons dans le hall d'entrée, monsieur.}
Je pianote vite ma réponse et appuie sur le mince bouton envoyer.
{— Bien, on arrive dans deux minutes.}
Le message envoyé et reçu, je range mon portable dans la poche de ma veste en laine et lève les yeux vers Naomi.
— Est-ce que tu es prête ?
— Oui, laisse-moi juste enfiler mes escarpins.
— Ce n'est pas un rendez-vous d'affaire, tu sais. Je souris, moqueur et Naomi roule des yeux en enfilant ses hauts talons.
— Je sais mais je tiens à faire bonne impression devant ce monsieur !
— Je doute que tu ne fasses pas bonne impression, Anderson. lancé-je, laissant courir mes yeux sur son corps. Diable que cette robe lui va bien !
Naomi sourit et se redresse, enfin prête. Deux minutes plus tard, nous voilà dans le hall. 
— Chesters et Victoria nous accompagnent ?
— Oui, c'est plus sûr. Merde, elle n'est pas censée savoir.
— Plus sûr ? Il s'est passé quelque chose ?
— Non, pas vraiment.
Je maintiens mon regard droit devant moi mais, Naomi glisse sa main sur mon bras, me demandant silencieusement d'ouvrir la bouche pour des explications que je ne souhaite pas fournir. 
— Est-ce qu'il s'agit du dossier sur Daniel Clark ? Il a bien déposé une plainte, non ?
— Oui mais, cette affaire est réglée, ne t'en fais pas.
Je m'en veux de lui mentir mais, je n'ai pas envie qu'elle se mêle de ça. Moins elle sait, mieux c'est.
— D'accord. fait-elle, une moue interrogatrice sur le visage.
Nous passons les portes vitrées et Chesters apparaît sous notre nez, plus rapide que l'éclair qui déchire le ciel.
— Bonjour monsieur, mademoiselle...Il alloue à Naomi un hochement poli de la tête et ajoute ; Monsieur, j'ai sorti la Audi pour...
— La Audi ? le coupé-je, surpris. Je croyais vous avoir dit que Naomi et moi prendrions l'Aston Martin ?
— Oui monsieur mais, j'ai pensé qu'il serait préférable que vous soyez avec nous dans une unique voiture.
Son regard agacé dénote de ses paroles polies, il est en train de me faire indirectement la leçon et je n'apprécie pas du tout ça. Naomi nous scrute tour à tour, interdite.
— Bien, lâché-je les mâchoires serrées l'une dans l'autre. Naomi, tu montes ?
La concernée laisse pendre sa bouche vers le sol, penaude.
— Naomi ? répète-je, plus fermement cette fois. Elle sursaute sur elle-même et délaisse une dizaine de oui avant d'entrer dans le véhicule. Je me retrouve donc seul avec Chesters qui soutient gravement mon regard.
— Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe désormais ?
Je demande, les bras croisés contre mon torse.
— Je trouve que vous prenez la situation avec bien trop de légèreté, vous omettez qu'il y a peu on a tenté de vous blesser !
— Cette affaire a été résolue.
— Je crains que non. Vous recevez des menaces, Adan.
Depuis que je suis entré au lycée, Chesters ne m'a presque plus jamais appelé par mon prénom. C'est étrange de l'entendre de sa bouche...
— Conrad est déjà sur le coup, ce n'est pas la première fois que je reçois de telles menaces, Chesters.
— Sauf qu'elles peuvent être liées à ce qu'il s'est passé il y a quelques semaines, n'oubliez pas cela ! Je ne fais que mon travail et mon travail consiste à vous protéger, vous et mademoiselle Anderson. Il a raison, je le sais, je le sais depuis un moment mais, je suis épuisé de toute ces pourritures...
— Je ne suis pas idiot, Chesters. Je le sais très bien mais, je veux que tu me préviennes avant de changer promptement les plans. Naomi n'est pas au courant et je souhaite que ça reste ainsi.
Je clos la discussion avec ténacité et contourne son large corps mais, Chesters pose une main sur mon épaule et me contrait à rester où je suis.
— Mademoiselle Anderson n'est pas au courant ? s'enquiert-il, les yeux écarquillés de stupéfaction.
— Non, elle ne l'est pas.
Je fixe la main qu'il a déposée sur mon épaule et fronce les sourcils.
— Il faut qu'elle soit au courant, c'est bien trop dangereux ! meugle-t-il, furieux.
— Non, je ne veux pas qu'elle soit effrayée et concernée.
— Mademoiselle est déjà concernée, elle est votre fiancée ! Il faut qu'elle en soit informée.
— Chesters, tu commences sérieusement à me taper sur les nerfs. croassé-je. Comme tu l'as dit, tu ne fais que ton travail et je doute que ton travail consiste à te mêler de ce que je souhaite dire ou non. Alors, reste en dehors de ça et fais simplement ton boulot. conclus-je, arrachant sa paume de mon épaule.
J'ouvre la porte de derrière et m'installe aux côtés de Naomi qui me défigure, soucieuse.
— Est-ce que ça va ?
— Oui, ça va. craché-je, les poings cloisonnés contre mes cuisses.
Chesters s'installe au volant sans dire un mot et un silence pesant prend place entre nous. Victoria a probablement tout entendu mais, elle ne dit rien, tout comme Naomi qui regarde le paysage courir d'un air offensé.
Il va falloir que je m'entretienne avec Conrad, cette situation a assez duré. Nous sommes tous à cran et j'ai bien peur que ma stupide contrariété foute tout en l'air. J'ai réagi comme un con.
Ne sachant pas comment m'excuser, je prends la main de Naomi dans la mienne et entrelace nos doigts ensemble. Elle dévie le regard de la vitre et s'accroche au mien d'un air chagriné. Ses doigts se referment autour des miens et sentir la peau douce et délicate de sa paume m'apaise plus qu'une dose d'anxiolytiques. Du bout des lèvres, je mime un désolé et elle esquisse une grimace rigolote. Qu'est-ce que je ferais sans elle, Seigneur...

Garé devant la fameuse boutique, je remarque quelque chose que je n'avais pas aperçu mais qui est plutôt flagrant. Elle est complètement vieillotte ! J'imagine que les travaux vont être plus importants que prévu.
Main dans la main, nous quittons l'Audi et je lorgne le profil ébahi de Naomi. Est-ce qu'elle aime ?
— Whaou, elle est...splendide.
Splendide ?
Vraiment ?
— Bien sûr, elle a un style légèrement baroque.
Ses prunelles bondées d'étoiles scintillantes m'enchaînent à la contemplation de son merveilleux visage. Je n'ai pas besoin de l'inviter à entrer qu'elle pousse la porte avant même de laisser Victoria s'en charger.
Je dépose un pied sur le carrelage brun et beige aux motifs entrelacés et embrasse la pièce du regard afin de mettre la main sur ma fiancée. Des drapés blancs tombent du plafond et donne un côté moyenâgeux à la pièce. L'extérieur est certes particulier mais l'intérieur est bien plus saugrenu.
Je soulève un tissu que je suppose être oriental et tombe sur Naomi en pleine discussion avec Dan, le gérant de la boutique. C'est un très vieil homme, il possède un accent français assez discret mais tout de même remarquable et son sourire de gentilhomme est agréable.
Résolu à les laisser converser quelques minutes de plus, j'observe la décoration avec minutie. Des frises du 18 siècles sont représentés sur les murs, ainsi que plusieurs tableaux de peintres connus à l'étranger comme Jacques Louis David. C'est remarquable.
Les revêtements muraux sont chargés mais étrangement, cela se marie très bien avec l'entièreté de la boutique. J'approche d'un meuble semblant s'être fait piéger dans des ronces dorées et attrape l'un des vinyles présents. Georg Friedrich Haendel ? Un compositeur du 18 ème ? Dan est vraiment intéressé par cette période on dirait...
Je repose le vinyle et décide de m'approcher de Naomi, toujours plongée dans sa conversation. Ma main se niche au bas de ses reins et elle sursaute comme un lapin pris dans les fards d'une voiture.
— Oh, tu es là !
— Oui je le suis, souris-je avec amusement.
— Dan, vous avez déjà dû parler à mon fiancé, Adan.
Je hoche le menton poliment et prends la main qu'il me tend avec fermeté.
— Nous nous sommes parlés au téléphone, enchanté.
— Enchanté, Adan. Votre compagne est tout à fait ravissante !
Sa voix, abîmée par la vieillesse est rocailleuse.
— Oh arrêtez ! glousse Naomi, euphorique.
Le vieil homme ricane gentiment et pivote vers moi.
— Souhaitez-vous visiter la boutique en entier ? Je suppose que vous avez flâné avant de me trouver mais, j'aimerais vous la présenter plus en détail.
— Aucun problème, nous sommes là pour ça après tout. réponds-je, enlaçant la taille de Naomi. Dan contourne le comptoir avec hâte et se présente face à nous.
— Bien, alors je souhaite avant tout vous présenter l'endroit d'écoute...

Nous sortons du bâtiment l'un contre l'autre et je suis content de savoir que Naomi est enjouée à l'idée de reprendre cet endroit et en faire sa tanière. Son sourire est un trésor que nulle ne peut molester à cet instant.
— Il est encore tôt, veux-tu qu'on se balade dans les boutiques ?
Eh bien, c'est la première fois que je demande une telle chose. Habituellement, je n'aime pas perdre mon temps à faire les boutiques.
— Tu es sûr que tu en as envie ?
— Pourquoi pas. C'est une première pour nous, je crois.
— Effectivement, c'est une première alors allons-y ! s'exclame-t-elle, guillerette.
Je jette un regard dans mon dos et me prends de plein fouet les iris colériques de Chesters. Qu'il aille se faire foutre...

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Mon faible savoir sur le 18 ème siècle :

•••Mon faible savoir sur le 18 ème siècle :

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À bientôt <3

Haut Niveau - Tome 2 -Where stories live. Discover now