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- Pourquoi mon samedi soir en boîte doit être gâché par cette fête ? geint Andrea. 

- Fais attention à ce que tu dis, réplique Victoria. 

- C'était une blague, ça va...

- Et ça n'a fait rire personne, je dis. 

Je ne les avait pas revu depuis quelques jours, enfin du moins pas depuis que je suis devenue la femme de Thaddeus. C'est aujourd'hui, la grande fête qu'il avait prévu, et nous attendons tous dans le salon qu'il descende pour partir et nous rendre au même immeuble que celui dans lequel lui et moi nous sommes unis. Andrea est habillé d'un costume clair, assez sobre, et cela change de ses tee-shirt noirs qu'il porte tout le temps, Victoria porte une robe vert d'eau qui va très bien avec sa couleur de cheveux, assez courte, en satin, et moi je porte une belle combinaison rouge bordeaux avec des sequins et une ceinture couleur or. Nous sommes bien sûr tous très bien habillés car c'est une soirée importante, pour eux comme pour moi, et bien que je me sois préparée ici parce que c'était le plus pratique, personne n'a remarqué l'alliance à mon doigt - et je prie pour que personne ne le fasse. Je garde d'ailleurs souvent ma main dans ma poche. Victoria se met à faire les cent pas dans la pièce, nerveuse, et je hausse un sourcil.

- Pourquoi t'es stressée ? demande Andrea. On dirait une gamine de quinze ans qui s'apprête à avoir son premier rendez-vous. 

Elle lui adresse le regard de la mort et moi, de mon côté, je fais très vite le lien ; si tous les amis et connaissances de Thaddeus seront là et que la jeune femme est aussi nerveuse, c'est parce qu'il y aura Oxan. Ne l'ayant pas vu depuis très longtemps, cette hypothèse me redonne un peu le sourire, surtout au vu des conditions. Ce n'est plus comme à Palerme, aujourd'hui, et cela veut aussi dire que je vais pouvoir profiter un peu plus même si tous les gens qui seront à la soirée restent des criminels extrêmement dangereux. 

- Vous voulez pas faire la paix ? soupire de nouveau Andrea en nous regardant à tour de rôle. 

Victoria ne dit rien. 

- Je suis en paix, merci, je lui souris. 

Même après autant de temps, je n'ai toujours pas accepté ce qu'elle m'a fait. Elle m'a trahi alors qu'elle savait pertinemment que ma vie était en jeu, que j'étais seule, faible et perdue. Elle m'a trahie alors que je n'avais rien d'autre qu'elle, elle m'a regardé dans les yeux, elle m'a prise dans ses bras tout en sachant qu'elle m'avait trahie. Je ne pourrais jamais lui pardonner ses actes, même si je le voulais. C'est trop grave, et il y a eu trop de conséquences pour que ce soit possible. 

- Tu devrais te trouver quelqu'un, Andrea, pour t'adoucir un peu, je décrète.

- Oh, mais il va ramener quelques putes ce soir et tout ira mieux, raille Victoria. 

Je ricane aussi, parce que je sais que ce n'est pas faux. On continue d'attendre en silence puis une porte se ferme à l'étage et nous entendons Thaddeus descendre l'escalier. Habillé d'un costume bleu marine très élégant, bien coiffé, la barbe taillée, il ajuste sa cravate en marchant vers nous. 

- Tout le monde est prêt ? 

- Oui, répond Victoria. 

- Vous prenez la Mercedes, indique Thaddeus. Je dois briefer Violence avant la soirée. 

Ils hochent la tête et on se donne rendez-vous à l'intérieur de la salle de réception ; quand la porte d'entrée s'est refermée derrière eux, l'homme aux yeux verts se tourne vers moi. 

- Vous êtes très belle, madame Caecina Di Casiraghi. 

- Vous êtes très beau aussi, monsieur Caecina Di Casiraghi.

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant