24.

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Ma tête est posée contre la cuvette des toilettes. Je suis réveillée depuis quelques heures déjà, et je n'ai même pas eu la force de descendre au rez-de-chaussée voir si il y avait quelqu'un dans le manoir ; non, à la place de ça, je vomis sans m'arrêter et prie pour que ça ne dure pas. Bordel de merde. J'en ai marre de tout ça. J'ai du mal à me rappeler de tout ce qu'il s'est passé après que Thaddeus se soit assis dans la voiture à côté de moi pour me ramener au manoir, et je n'ai aucun souvenir précis, seulement des bribes floues. J'avale une gorgée d'eau pour me réhydrater, et quand enfin la crise est passée, je décide de descendre pour découvrir si il y a quelqu'un. Descendre les marches me rappelle la mort de Hank à laquelle je décide de ne pas penser pour ne pas me mettre dans une situation plus dure encore que celle dans laquelle je suis actuellement, et je traverse le couloir. Personne dans la grande pièce, j'en profite pour aérer un peu en ouvrant grand toutes les fenêtres et cherche un nouveau livre à lire dans la bibliothèque ; dès que je suis en compagnie de l'organisation, j'ai l'impression que c'est mon seul échappatoire et que je me refais une culture littéraire, alors finalement ce n'est pas plus mal. Je remonte dans ma chambre, mais je m'ennuie très vite. Les heures les plus dures sont passées je crois, et je décide de monter l'escalier jusqu'à l'étage suivant - peut-être y'aura t-il quelqu'un, qui sait ? Je frappe à la porte du bureau de Thaddeus, une fois, deux fois, trois fois, et rien du tout. Après m'être dirigée vers sa chambre, je répète l'opération mais pas de réponse non plus. La troisième porte, une pièce que je n'ai jamais vue, est fermée également. J'essaye de forcer la poignée en ignorant la petite voix dans ma tête qui me dit que c'est de l'irrespect, mais elle ne s'ouvre pas de toute façon. 

- Si tu veux entrer, il suffit de demander. 

En sursautant, je me retourne. 

- Tu m'a fait peur !

Di Casiraghi est appuyé contre la rambarde du pallier, bras croisés à me fixer. Depuis quand est-il là, en train de me regarder essayer de forcer la porte de son étage ? Il s'avance, sort ses clés de sa poche et enfonce l'une d'entre elles dans la serrure, ouvre la porte qui grince et je contemple ce que j'ai devant moi. C'est une pièce vide. Totalement, vraiment, entièrement vide. Un ange pass et je ne comprends pas pourquoi cette pièce n'est pas aménagée, plus étrange pourquoi est-ce qu'elle est verrouillée, et pire encore, à quoi sert-elle. Il attrape la poignée et referme la porte lentement avant de la vérouiller à clé à nouveau.

- Ça, c'est une partie de moi, dit-il. 

- Quoi ? je dis. Comment ça, c'est une partie de toi ? C'est une pièce vide, ça veut dire quoi ? 

- A toi de voir. 

Je le regarde, il me regarde, quelques instants passent puis il descend à nouveau les escaliers. Je le suis sans trop savoir pourquoi, peut-être parce je suis curieuse et entêtée, peut-être parce que je m'ennuie, peut-être aussi parce qu'après autant de temps passé a être seule ici je n'ai plus envie de l'être. 

- Tu étais où ces derniers jours ? 

- Quelque part. Et je repars dans une demi-heure.

Il se retourne dans l'escalier et je m'arrête net pour essayer d'intégrer ses paroles : il repart ? Où ? Pour combien de temps ? Quel est mon but, ici ? Je croyais qu'il voulait continuer l'apprentissage mais il me laisse des jours entiers seule, que suis-je censée apprendre si il continue de faire ça ? Je sais que ses affaires sont très prenantes, que ce sera toujours sa priorité, mais si je suis revenue c'est pour ce qu'il m'avait dit. Parce que soi-disant, il voulait me donner une corde pour gravir la montagne. 

- Je pars avec Marco et Andrea, Victoria arrive tout à l'heure. 

Je lève les yeux au ciel. 

- Sérieusement, Thaddeus ? J'ai pas cinq ans, je siffle. 

ULTRAVIOLENCE • T2Where stories live. Discover now