18.

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Les mots me frappent avec la même intensité que la balle qu'il m'a tiré il y a deux mois de cela. Les mains tremblantes, j'ai chaud, je sens que je suis trop détendue pour être en pleine conscience, pour avoir toutes mes facultés intellectuelles et je suis sûre qu'il en joue. Il sait exactement où viser pour m'atteindre... Et rien que pour ça, je le déteste.  

- Je ne ressens rien pour toi, à part peut-être une vague envie de te tuer de mes propres mains. 

Il fait un pas vers moi, puis un autre, et nous nous retrouvons un peu trop proches. Cette distance qui s'est drastiquement réduite entre nous me met en tension, prête à réagir, et je sens soudainement ses doigts sur le dos de ma main. Ils remontent légèrement sur mon poignet puis sur l'intérieur de mon bras. Le contact est volatile, ferme mais faible, et je reste plantée là sans comprendre. 

- Rien ? 

- Rien, je souffle. 

Ses doigts s'enlèvent de ma peau et il se recule avant d'inspirer profondément. En silence, nous nous toisons de longues secondes avant que je lui demande à nouveau de partir de mon appartement car je ne peux plus supporter sa présence ici dans mon espace personnel. Comme je l'avais mentalement prédit, cela n'a aucun effet puisqu'il ne bouge pas de là où il est. En retour à ce que je viens de dire il plisse simplement les yeux, et me demande : 

- C'est ça, la vie dont tu rêvais ? 

Je me tais, blessée. 

- Tu est tellement ivre que tu ne peux même plus voir les pavés par terre. Tu n'attend que d'aller au bar, tu n'attends que le prochain verre, tu dors sur le sol parce que tu n'a pas la force d'aller te coucher. 

Ses mots s'enfoncent dans mon âme comme des couteaux acérés. 

- Je ne te connais pas mais je n'aurais jamais cru que tu tomberais si bas, Violence. 

- Si je suis si pitoyable, pourquoi est-ce que tu ne partirais pas ? je propose. La porte est grande ouverte. 

- Quand est-ce que tu comprendras que je ne te laisserais pas dans cet état ? 

Il a un sourire ironique et glisse ses mains dans ses poches. 

- Je t'ai observée, tu sais ? Je t'ai vu. Un verre au bar, puis deux, puis plusieurs jours d'affilés jusqu'a ne plus t'arrêter. Je t'ai vu, le jour où tu as vomi dans le hall. 

Je me souviens de ce jour, c'était il y trois semaines il me semble. J'avais bu avant d'aller à la Nothern Tavern et j'avais pris le verre de trop : il a suffit d'un trajet en voiture avec un conducteur pas très habile dans les virages pour que je sorte de la voiture, titube à l'intérieur de l'immeuble et vomisse le contenu de mon estomac dans un coin du hall. J'en aurais presque oublié ce soir-là. Et en attendant, je ne suis même pas surprise qu'il me dise cela. J'aurais dû m'en douter. Mais je faisais en sorte d'avoir le cerveau toujours pris, toujours occupé par quelque chose pour repousser tout ce qui concernait l'organisation, alors je n'y ai pas pensé une seule seconde. Maintenant, je m'en veux, et je lui en veux à lui aussi. Comme toujours, en fait. 

- Tu peux dire que je suis le pire d'entre nous, que je fais des choses affreuses... Mais tu ne fais pas mieux. 

Il fais un pas vers moi. 

- Te noyer dans l'alcool ? Vraiment ? 

Je m'avance vers lui, la haine entre les lèvres. 

- Tu n'a aucun droit de me dire quoi faire de ma vie et encore moins quand tu est le responsable de cette situation. 

Silence de sa part, et je continue. 

- Tout ça c'est de ta faute. Si tu ne m'avais pas tiré dessus, aujourd'hui tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes... Si... Si... 

ULTRAVIOLENCE • T2Where stories live. Discover now