19.

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Des frissons remontent le long de ma colonne vertébrale. J'ai froid, un froid indistinct et vague, presque comme si j'avais une climatisation en face de moi. J'ai la bouche sèche, les yeux qui n'arrivent pas à s'ouvrir, et surtout j'ai sommeil. Sentant que ça m'emporte, je me laisse bercer parce cette étrange sensation, somnole un peu jusqu'a ce que je sois en position d'ouvrir enfin les paupières. La première chose que je vois est la pénombre. Il fait presque noir et je regarde devant moi ; une route, ou plutôt, l'autoroute sur laquelle nous roulons. Je comprends immédiatement que je me trouve sur le siège passager d'une voiture, et qu'il fait nuit, mais je n'ai aucune idée d'où je suis ni de pourquoi je suis dans cette voiture.

- Détends-toi, tu va retrouver tes esprits.

Le coeur battant, je tourne la tête sur le côté, ahurie. 

- Marco ? 

Il est assis au volant, les deux mains sur celui-ci, calme et souriant comme d'habitude. La question est : pourquoi suis-je dans sa voiture sur l'autoroute en pleine nuit ? Mon dernier souvenir est une vision de moi, dans ma cuisine, avec Thaddeus. 

- Ça revient ? demande t-il. 

- Oui, je souffle. 

Oui, et en même temps si je suis dans cette voiture c'est bien qu'il m'a enlevée pour la deuxième fois. Les images reviennent peu à peu, la dispute, ce que j'ai essayé de lui dire, la douleur dans mon bras et la seringue... Et maintenant, je suis avec Marco vers une destination inconnue. Je passe ma main sur mon visage, ankylosée, me demandant comment je vais me sortir de cette situation - pour la deuxième fois de ma vie. 

- J'ai dormi combien de temps ? 

- Vingt-quatre heures, je dirais. 

- C'est une plaisanterie ? je m'exclame. On va où, là ? On roule depuis combien de temps ? 

- On roule depuis deux heures trente mais tu as pris l'avion juste avant, m'indique t-il. On va à Netherton. 

- Putain...

Je regarde autour de moi. L'autoroute est vide, il n'y a pas de voitures autour de nous mais en sens inverse oui. Je devine donc qu'on s'éloigne d'une ville plus ou moins grande, sûrement Londres. Il doit rester au moins trois heures de trajet et je dois absolument trouver le moyen de me sortir de là car je ne vais supporter de revoir Thaddeus là-bas après ce qu'il s'est passé à Atlanta, chez moi. Je me penche pour découvrir dans le compartiment qui orne la portière de la Mercedes un poignard - pour une fois que l'une de leurs armes va m'être utile. Ça ne m'étonne d'ailleurs même pas d'en trouver une dans cette voiture... Discrètement, je glisse ma main dans le compartiment et me saisit du couteau avant de me tourner vers Marco qui est toujours en train de conduire le plus tranquillement du monde.

- Désolé, je souffle. 

Je lui glisse l'arme sous la gorge. 

-  Tu prends la prochaine sortie, bambino, parce que moi, je rentre chez moi et c'est non-négociable. 

- Violence... 

J'appuie plus profondément et il lève les mains comme pour se rendre avant de les repositionner sur le volant Il se penche pour regarder dans les rétroviseurs, se rabat sur la bonne voie et dix minutes plus tard il s'engage dans la première sortie. Je le fais se garer à la première place qu'on trouve, l'éjecte de la voiture et m'installe au volant avant de verrouiller très vite les portière, puis je démarre en trombe sous les cris de Marco et fais demi-tour au rond-point pour prendre l'autoroute en sens inverse. C'est presque étrange que j'ai réussi à faire ce que je viens de faire, qu'il se soit laissé attraper par une novice, mais je ne vais pas m'en plaindre ; pour une fois que quelque chose est simple... Je prends la direction de Londres en suivant les panneaux, c'est là où je pourrais me cacher le plus facilement en attendant de prendre un billet pour Atlanta, et roule à toute vitesse pour mettre le plus de distance possible entre eux et moi. Je dévie de ma trajectoire pour emprunter une route de campagne, plus discrète que l'autoroute selon moi, et je vois un barrage de police en plein milieu. Les gyrophares bleus et rouges sont allumés, je réalise ma situation en quelques secondes, merde, merde, merde. Le stress est instantané. J'ai un couteau posé sur le siège passager, pas les papiers du véhicule, ni les miens d'ailleurs, et c'est sûrement une voiture volée ou non-homologuée. Je sens que je vais me prendre une amende phénoménale. Des barrières entourent les voitures qui sont arrêtées, et je m'aperçois soudainement en regardant les soi-disant véhicules des forces de l'ordre que ce n'est pas un barrage de police, mais d'autres gens. Des Jeeps et une Mercedes, notamment. Mon esprit ne fait qu'un tour. Sûrement un coup de Di Casiraghi. Je m'arrête derrière la dernière voiture qui patiente, et d'un seul coup, coupe la route pour repartir en sens inverse. Il y a des détonations derrière moi et je crois que ce sont des armes automatiques, dont l'une des balles atteint ma carrosserie. C'était en effet pour moi, ils sont en train de me tirer dessus. J'appuie sur l'accélérateur mais je me fais peur avec la vitesse, et je suis obligée de ralentir. Malheureusement, très vite, deux voitures me suivent et j'appuie à nouveau sur la pédale pour les semer.

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant