L'enfant du Mal

33- Une bonne journée

Quand je me réveille le lendemain matin sous le coup des rayons du soleil qui passent par la fenêtre, Loki est parti depuis longtemps. Je profite de ce grand lit vide pour m'étaler, les yeux fermés encore un instant. C'est assez bizarre de l'avouer, rien qu'à moi-même, mais ce matin j'ai l'impression de me sentir bien. Attention, je ne parle pas de bonheur ou de quoi que ce soit de ce genre, non. C'est plus comme si j'étais... oui, bien. Dans le sens où étrangement et pour la première fois depuis des décennies, je ne me sens pas mal. Il n'y a pas de poids dans le creux de mon ventre, ni de mauvaises pensées dans mon vif esprit. Je rouvre donc les yeux, et profite de ce moment de solitude pour esquisser un sourire sans que personne ne le remarque.

- Je crois qu'aujourd'hui, dis-je pour moi-même, je vais passer une bonne journée.

Une fois bien réveillée et prête pour une nouvelle journée dans la Nouvelle Asgard, je sors de ma chambre le pas léger. Apparemment, tout le monde est déjà là.

- Eh bien, dis-je d'une voix presque réjouissante, vous êtes tous très matinaux dites-moi !

- Thania... commence Thor.

- Oh, quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

La tête baissée vers l'eau chaude de la bouilloire dans la cuisine, je ne réalise pas tout de suite que personne ne me répond. Et alors que je lève la tête je prends conscience de tout autre chose : Valkyrie est là.

Si j'étais de bonne humeur en me réveillant ce matin, ce n'est plus le cas. Car je ne suis certainement pas du genre optimiste et quand je vois la tête que font tous ces gens autour de moi, je comprends que quelque chose ne va pas. Et si Valkyrie est là, mais que Rocket et Nébula, non...

- Qu'est-ce qui se passe.

Alors que je peux voir Loki s'apprêter à parler, Valkyrie prend les devants en avançant jusqu'à moi la mine dure. Là, elle croise les bras et se pince les lèvres un instant avant de parler.

- C'est Ronan.

Même si je ne suis pas du genre à m'offusquer, il me faut un instant pour accuser le coup. Une seconde, peut-être deux. Ensuite, je suis à nouveau opérationnelle.

- Explique moi tout.

- Il nous est tombé dessus quand on revenait de Xandar, après notre mission. Tout s'était bien passé et on devait arriver quelques heures plus tard, alors... On a pris un peu de bon temps. C'est de ma faute, je leur ai proposé de...

- Valkyrie, la coupe-je d'un coup sec. Abrège.

- OK, s'excuse-t-elle en secouant la tête, OK. Bon, en gros... Ils nous ont pris par surprise. Le vaisseau aurait dû les détecter quand ils sont montés à bord, mais quelque chose a merdé, je sais pas quoi exactement. Quoi qu'il en soit en quelques minutes c'était fini. Ronan a eu Rocket et Nébula. Il m'a laissée revenir pour te faire passer un message.

- Évidemment... Bon, vas-y. Passe le foutu message.

Valkyrie lève la tête vers les autres, dont Thor qui hoche la tête d'un air sérieux. Je n'aime pas trop ça.

- Il gardera Rocket et Nébula en otage jusqu'à ce que tu te rendes. Il a dit : "Pas de négociations. C'est elle, ou c'est eux.".

Une fois de plus, je prends quelques instants pour accuser le coup. Cette fois-ci cependant, deux secondes ne me suffisent pas. Je me sens vaciller légèrement et suis forcée de me tenir au bar de la cuisine, à côté de moi. J'ai l'impression d'entendre mon coeur battre sans mes tempes, c'est insupportable. Mais finalement, après moins d'une minute durant laquelle je n'entends ni ne vois rien autour de moi, je secoue brièvement la tête et pars rejoindre ma chambre.

Alors que je récupère mes deux poignards sous mon oreiller, je peux entendre les autres me parler depuis le salon.

- Thania ? demande Quill. Tu fais quoi, là ? Reviens ! Tu... Oh, te voilà. Bordel, mais qu'est-ce que tu fais ?

- À ton avis, le génie ? Je pars rejoindre Ronan.

Alors que je commence à traverser le salon, la voix de Thor raisonne derrière moi et une fois de plus, j'ai envie de lui mettre mon poing dans la figure.

- Ça m'étonne, dit-il alors, de voir que la fille de Thanos, la femme sans coeur est capable d'un acte aussi altruiste.

Dans d'autres circonstances, j'aurais pris le temps de m'arrêter et de lui sauter à la gorge jusqu'à ce qu'il comprenne sa douleur. Mais là, j'ai d'autres chats à fouetter. Cependant, je ne peux pas m'en empêcher : je lève les yeux vers lui le regard dur, et suis satisfaite quand je le vois frissonner.

- C'est ma soeur, espèce d'abruti.