One Shot Lutteo & Ruggarol

Ruggarol : Voisins

- Par ici, cette constellation ressemble à un cerceau ! - S'exclama Karol allongée dans le trampoline à côté de son meilleur ami. Ils regardaient tous les deux les étoiles, ils aimaient bien faire ça. Ils avaient dix ans maintenant et avaient beaucoup d'imagination.

- Et là, c'est une pomme. - Dît Ruggero en dessinant les traits dans l'air. Les deux se concentraient sur les étoiles pour trouver d'autres dessins dans le ciel. Ils faisaient la même chose avec les nuages quand c'était le jour. - Tu ne devrais pas rentrer dormir chez toi ? - Lui demanda-t-il après quelques minutes de silence.

- Je devrais mais à cet instant je suis bien aise, je prendrai plaisir à rester ici encore un moment. - Dît-elle en posant sa tête sur l'épaule de son meilleur ami. Cela faisait quatre ans maintenant que Ruggero se faisait au vocabulaire très soutenu de Karol. Au début, il avait du mal avec sa façon de parler mais ensuite, il s'était habitué. Parfois, il lui demandait quelques définitions de mots mais ça ne le dérangeait plus.

- Reste autant que tu veux Koala. - Lui sourît-il. Karol était reconnaissante d'avoir un ami comme lui. Il était le seul ami qu'elle avait et passer du temps avec lui était la seule chose qui lui faisait oublier sa triste vie. Ruggero ne savait rien de sa souffrance tout comme Karol ignorait ce que vivait son meilleur ami à l'intérieur de sa maison. Ils ne se parlaient pas de ces choses là, ils se racontaient leurs rêves, ils se confiaient l'un à l'autre sur ce qu'ils aimeraient faire plus tard, ils se partageaient leur connaissance et leur savoir, mais ils ne se parlaient pas de leur vie ou de leur passé. En tout cas, pas pour le moment.

***

Un soir, vers l'âge de douze ans, Karol entendit un bruit de casse qui venait de l'extérieur. Elle sortit alors de sa chambre par son jardin et vit son meilleur ami allongé dans le trampoline à une heure tardive. Il n'avait pas l'air bien. Les bruits de casse continuaient de s'entendre à l'intérieur de sa maison. Sans réfléchir, Karol passa à travers le grillage et rejoint Ruggero dans le trampoline. Ce dernier était allongé sur le dos, il regardait le ciel et des larmes coulaient sur ses joues. Karol s'allongea à côté de lui et prit sa main. Le garçon de douze ans essuya rapidement ses larmes en voyant sa meilleure amie à côté de lui.

- Qu'est-ce que tu fais là Koala ? - Lui demanda-t-il normalement comme s'il ne pleurait pas.

- J'ai entendu un bruit qui venait de l'extérieur et qui m'a fortement préoccupée, alors je suis sortie pour découvrir ce qu'il se passait et je t'ai aperçu allongé dans ce trampoline. Pourquoi pleurais-tu ? - Lui demanda-t-elle d'une douce voix.

- Mes... mes parents n'arrêtent pas de se crier dessus en permanence. Ils se disputent sans arrêt. Ma maison est constamment remplie de cris qui m'empêchent de dormir et j'en ai marre. Je veux juste qu'ils arrêtent de crier une bonne fois pour toute, ça fait des années que ça dure. - Expliqua Ruggero en pleurs. Karol le regarda tristement et le prit dans ses bras. Elle lui caressa doucement les cheveux avec ses doigts et le laissa pleurer dans ses bras.

- J'en suis navrée Ruggi. Si tu ressens le désir d'une quelconque quiétude, je t'invite dans le jardin de ma demeure avec grâce. - Lui proposa-t-elle en le regardant dans les yeux. Ruggero lui adressa un regard confus, il n'avait pas compris un des mots de sa phrase.

- Karol, c'est quoi quiétude ? - Lui demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- Oh, cela signifie sérénité ou calme. - Lui répondît-elle. Ruggero lui sourit puis accepta sa proposition. Ils passèrent tous les deux par le grillage pour se rendre dans le jardin de Karol et s'asseoir dans la balancelle.