Anthologie de la fin

By DonnySeanTea

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Hélène écrit ce qu'elle se rappelle d'une apocalypse de zombie. (fanfiction TWD) More

La faim
Dimanche
Bonjour, mon petit cochon
Maison
Chris
Casse-croûte
Fièvre
Elle frappe à ta porte
Si je ne suis pas morte, c'est donc que je suis vivante
Cadavre
La dent creuse
Problème de foie
La deuxième histoire
Entre-deux
Papier
Cochon pendu
Deux jambes, deux bras
Merde
Sans tête
Fil de pêche
Sésame, ouvre-moi
Linceul
Fleur de soufre
Rugbyman de porcelaine
Coquelicots
Infirmière en carton
Incendie
Bouts de ficelle
Course contre la montre
Roue brisée
Poids mort
Le chat de Schrödinger
Tous cousins
Beth, Maggie et moi
Deux chemins
La meilleure des amis
Les joies du nucléaire
Tu n'es plus la seule
Dernier sacrement
Petite grippette
Pré tendre
Fenêtre ouverte
Perdre la tête
Loué soit-il
Deuxième mère
Fin de l'histoire
Sang et lait
Bons baisers
Amen
Attrape-rêve
Notes de l'auteur

Main à la pâte

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By DonnySeanTea

- Si tout est bon, je vais vous laisser, conclut Tyreese.

- Ouais, c'est ça, grommelle Ginny. On a pas besoin de plus de bras ici. Va donc t'rendre utile ailleurs, mon gros lard !

Elle abat d'un coup sec son couperet sur la cuisse du cerf et une giclée de sang m'asperge le visage. Du bout de son arme, elle me pointe moi puis les ustensiles soigneusement placés sur le plan de travail.

- Apporte-moi la scie.

- Tu es sûre que ça va aller ? me demande Tyreese, se pliant presque en deux pour être à ma hauteur. Ginny est... Enfin, tout ce sang, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.

- Le chef a dit qu'elle devait trimmer avec moi. Elle trimera avec moi. Maintenant, je vais pas te le dire deux fois, mon gros lard... Sors de ma cuisine !

- Je vais voir ce que je peux faire, promet Tyreese.

Il me presse l'épaule et disparaît.

- La scie.

Il y a plusieurs scies. Trois petites, deux crantées et une grosse. Elles sont propres et aiguisées. Les lames sont neuves, brillantes. Je jette un coup d'œil à Ginny qui s'affaire, déchirant la chair. D'une main, je lui tends la plus grosse scie.

- Viens plus près. Je ne vais pas faire cinquante aller-retours.

Je pose la scie sur mes genoux et avance le fauteuil de quelques centimètres.

- Tu vois bien que je suis entrain de la désosser ! s'agace Ginny et elle s'arrête de gigoter, le couperet en l'air ; des morceaux de tendons encore accrochés aux dents. Prends quelque chose de plus petit !

Les tendons pendouillent comme des guirlandes. Ils tressautent à chaque mouvement. Le sang s'écoule lentement sur le billot ; d'abord rouge puis très noir. C'est comme une pâte à pancake : les grumeaux à l'intérieur, c'est juste des bouts de cervelles. L'odeur de rouille me prend à la gorge. C'est comme si j'en avais dans la bouche.

Les yeux à demi-clos, je fais volte-face, attrape toutes les scies par leurs larmes et les jette sur le billot. Elles glissent sur le cerf comme des rubans de fers. L'une se fige dans le sol. Le bruit se répercute dans la pièce en ondes de choc. L'odeur s'intensifie. Le sang se déverse sur les pavés.

Ginny ouvre la fenêtre.

Elle revient lentement derrière le billot. Ses talons claquent sur le parvis.

- Tu bousilles le matériel ? demande t-elle en tirant sur la scie.

Elle doit s'y prendre à deux reprises. Je fixe ses chaussures.

Des claquettes, noires et blanches, soigneusement cirées.

- J'ai jamais... demandé à travailler, je réponds entre deux inspirations. Je cherche pas les problèmes alors... Tu ferais mieux de faire pareil.

- Tu vas gagner ton pain comme tout le monde, mon cochon.

- M'appelle pas comme ça.

Elle décoche la scie de sa cible et la repose sur le billot.

- Touché, on dirait... Va nettoyer ton bordel maintenant, ajoute t-elle en me désignant l'évier dans un coin de la pièce. Allez, fais-le.

Mes mains sont calleuses et dures, comme celles de Ginny. Elle sait sans me regarder que je ne suis pas blessée. C'est que les lames ne cisaillent plus la peau comme autrefois...

- Vous êtes la seule à avoir accepter, pas vrai ? Personne ne voulait m'approcher.

Pliée en deux sur mon fauteuil, mes doigts effleurent à peine le manche d'une scie. Dans sa chute, elle a glissé sous le billot. Je tends le bras. Mon dos gémit. J'ai les os qui grincent. Mes doigts repoussent la scie plus loin.

- Vous n'avez pas peur ?

Je me penche davantage, les mains à plats dans le sang.

Le fauteuil a un mouvement de recul.

Je garde mon équilibre.

- J'ai entendu des cris plus effrayants, répond Ginny en reprenant sa tâche.

Je redresse la tête vers la fenêtre qu'elle a ouverte. L'odeur est moins suffocante ; le bruit de déchirement, de sussions, comme couverts par le rire des enfants. La pièce est plongée dans une lueur crue, alors qu'on a pourtant passé l'heure du déjeuner depuis longtemps.

Ma main rampe sous le billot, l'autre maintient les accoudoirs du fauteuil qui recule en arrière à mesure que je m'abaisse. Enfin, mon doigt tâte le contour d'une lame. Les roues glissent sur le sang. Et je m'effondre.

- C'est pas un travail facile mais c'est gratifiant et ça calme les mauvaises pensées, ça moule les mauvaises têtes, lâche enfin Ginny. Soit tu finis par aimer, soit tu finis par vomir ton déjeuner... Travaille bien, travaille vite et on aura du steak de cerf ce soir. C'est tout ce que j'ai à te dire.

J'ai le visage peinturluré de rouge. Mes bras n'ont pas la force de me relever.

Elle m'agrippe par le col et me colle dans mon fauteuil.

J'aurais pu me noyer.

Elle a ce regard des gens qui me connaissent bien.

- Comment vous faites ?

Je pose mes doigts sur mes joues, sur mon front, sur mon cou, mais il n'y a que du sang.

- On raconte que tu voulais sortir, dit-elle sans pouvoir s'en empêcher. Il faisait un sale temps, ce soir-là.

Elle ramasse les scies et les pose sur mes genoux.

- On dit aussi que tu cherches quelqu'un. Quelqu'un que tu aurais perdu.

Elle enroule ma main autour du manche, pousse mon fauteuil jusqu'au billot,

Et tire vers moi une pièce de chair rouge et luisante.

- Coupe-moi ça en morceaux.

Le couteau est beaucoup trop lourd. Mes mains glissent sur la chair.

J'aurais préféré me charger d'enlever la peau.

J'ai l'impression de tenir mes propres boyaux.

Mes doigts se resserrent autour de la prise. La lame glisse en sifflant.

Ça fait longtemps que je n'ai pris le temps de découper la viande.

Je la tiens dans ma main. L'odeur me traverse.

Et ça ne me fait plus rien.

- Ginny. C'est ton vrai nom ?

- Les gens m'appellent plutôt la tarée.

- Je me disais bien. Toi aussi... Tu lis, Ginny ?

- J'ai une cuisine à faire tourner, elle grommelle. On a pas tous été nourrie-logée gratis.

- C'est plutôt une boucherie. Ça, c'est plutôt une boucherie, je répète en arrachant un tendon un peu trop résistant. Y'a rien d'autres que de la bidoche ici.

- La chasse a été très bonne, se justifie Ginny.

De ce que j'ai vu sous les éclairs, il y a toute une cour, des grilles et des miradors. Derrière s'étend la forêt et le brouillard. Je n'ai pas vu de route ; comme si on avait coupé cet endroit du reste du monde. Les arbres se prolongent jusqu'à l'horizon et sous leurs cimes, il y a sans doute Chris.

- Je suis une bonne chasseuse. J'ai vécu dehors longtemps.

- Haha, ironise Ginny. J'en doute pas. Mais en attendant, tu t'affoles pour deux giclées de sang. T'es pas... Mais qu'est-ce que tu fous ?! aboie t-elle en me rejoignant, faisant claquer ses chaussures sur le parvis. J'ai dit des morceaux, pas de la bouillie !!

Elle tente de m'arracher la scie des mains mais d'un geste, je recule mon fauteuil.

- Montrez-moi. Qu'on est un steak de cerf ce soir.

Ses claquettes pataugent dans le sang.

Et les rires des enfants nous explosent aux tympans.

- La viande ne t'a rien fait. Traite la bien, m'intime Ginny. Je ne veux pas voir tes doigts tripotés la nourriture. Et, en fait, on est pas dans un café littéraire ici, alors c'est fini la conversation... On se concentre, siffle t-elle et je rapproche mon fauteuil. Tiens, prends-le. Appuie. Plus fort, c'est de la bidoche, pas du beurre ! Voilà et d'un mouvement sec, tu sectionnes. Sec, le mouvement. N'hésite pas. Tranche-moi ça. C'est bien, ça se voit que t'es du genre à avoir trancher des gorges toi ! Ah euh pardon. On retourne à ses moutons. T'as compris haha... C'est la fin de la discussion.

Mon couteau effiloche une pièce de cerf.

- T'en a déjà tranché toi ?

Elle se retourne et me pointe moi et le plan de travail.

- Allez ! elle s'impatiente. Au bou...

- Si t'en avais déjà tranché, tu saurais que c'est compliqué ! je promets. C'est qu'une seule chance, qu'un seul instant et si tu rates... Si tu rates, les bras se referment sur toi. Bah, Ginny, je croyais que t'avais pas peur de moi ?

Elle ne me regarde pas.

- J'ai déjà vu des choses plus effrayantes que toi.

- C'est ça...

Mon couteau s'abat. Le sang qui s'écoule du billot a déjà repeint trop de mes souvenirs.

Et je ne sais plus si je l'ai déjà fait.

- Hé, Hélène.

Je relève les yeux vers elle.

- Hannibal Lecter.

Elle tient la tête du cerf entre ses bras.

- On peut dire que c'était mon livre préféré.

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