4 semaines plus tard:
- Nous sommes réunis, mes chères enfants, pour l'enterrement d'un fils de jésus..., commença le prêtre.
Je n'écoute pas le prêtre. J'en ai rien à foutre de ce qu'il dit. J'aimerai juste partir et retourner dans ma chambre. Je ne veux voir personne.
Je m'étais réveillée à l'hôpital deux jours après le baptême. Mon père m'a raconté qu'il c'était mis d'accord avec Adrian et Dimitri pour partir à ma rechercher. Il savait que j'étais avec les serpents noirs. Heureusement, mon père m'a sauvé. A deux reprises en même pas dix minutes. En premier, il m'a tiré des mains de Théo juste à temps. Je sais que ça lui a fais mal de lui tirer dessus. Pour lui, Théo était le gendre idéal. Une véritable perle. Un autre fils pour lui. Mais c'était un vrai salopard. Il était un chef de gang cruel sans aucun sens moral qui battait ma sœur. Il a mérité ce qu'il lui ait arrivé. Il faut avoir de la chance lorsqu'on saute des falaises. Ce jour-là, il est tombé après que je lui avais crevé l'œil. Mon père s'est occupé de nous en priorité. Quelques heures après, il a envoyé des collègues chercher les autres corps. On les a tous retrouvé. Ils restaient deux ou trois survivants qu'ils ont emmenés au commissariat pour les interroger. Mérès était de ses blessures. Théo a été retrouvé son corps planté sur un rocher. Il parait qu'il ressemblait à une morceau de banane sur un pique. Théo n'a jamais été une bonne personne et je pense que Dieu a été du même avis que moi car il ne l'a pas épargné. Théo a fait du mal. Il m'a fait du mal. Il a fait du mal aux gens que j'aime. Il a payé. Il est mort.
- Dana, me chuchota ma mère. C'est fini.
Je rouvre les yeux et la pénombre de l'église me fit froid dans le dos. Ma mère me tire par le bras pour s'assurer que je la suive. Ma famille a toujours été très stricts sur les principes. Même si c'était un salaud et que mon père l'a tué pour me sauver, nous sommes venus assister à son enterrement. On était au fond, bien sur. Si sa famille nous voyait... Se serait un carnage. Quand on est sortis de l'église, les rayons du soleil me réchauffaient. On a marché jusqu'à la maison dans le silence le plus total. Moi, ça m'allait. Je n'avais aucune envie de faire la conversation. Je pense que personne n'était vraiment d'humeur. Une fois chez nous,j'ai retiré mes chaussures et j'ai marché pieds-nu jusqu'à ma chambre. Je me suis changée, l'esprit embrumé et je suis à nouveau sortie. Je ne supporte plus d'être enfermé. J'ai marché pieds-nus jusqu'à la terrasse. Je me suis assise et j'ai fermé les yeux, la tête levé de façon à ce que les rayons du soleil puissent me donner un peu de couleur. Je voulais rester seule. Toute ma famille le sait. Dés qu'ils sont rentrés, ils sont partis faire quelques choses. Ma mère est parti à la cuisine, Niko a raccompagné Elena, Iris est partie chercher les dernières affaires qui sont restés chez elle et Côme faisait la sieste. Heureusement que ce petit bout de chou est trop jeune pour savoir et comprendre ce qui se passe. Heureusement, il ne connaitra jamais son connard de père. Ma famille est très compréhensive en ce moment. Il me foute la paix. Il ne chercher à me faire parler ou à me déranger. J'ai besoin de ça. J'ai besoin de laisser ma culpabilité m'étouffer pour éviter d'étouffer les autres. Je ne veux tout faire exploser sur mon chemin. Comme je le disais, tout le monde me fout la paix. Tous, sauf mon père. Etonnement, il a été le seul à vouloir rester avec moi. Pour citer ma mère: " il ne t'a pas quitté d'une semelle depuis que tu es rentré dans cet hôpital ma chérie!". Mon père est resté avec moi autant de temps et de fois qu'il le pouvait. Il ne parlait pas. Du moins, pas tous le temps. Il respectait mon silence mais pas ma solitude. Alors aujourd'hui, je ne fus pas étonnée qu'il reste avec moi sur la terrasse. Je l'ai entendu venir et je n'ai pas rouvert les yeux. Il devait avoir récupéré le journal du matin et je l'entendis tourner les pages. Quelques fois, il me partageait quelques informations.
- Tu savais qu'il y avait eut de la grêle à Athènes? me demanda-t-il.
Je ne lui répondais que par signe de tête ou avec de petit mot. Je n'avais pas très envie de causer ces temps-ci. Je regardais le plus souvent ailleurs, plongée dans mes pensées. Ca fait deux semaines que je ne fais que de réfléchir. Quelques fois, je dessine aussi. Toujours la même chose. La même personne. Je faisais de mon mieux pour dessiner avec une main étant donné que l'autre est dans un plâtre. J'entends un bruit et j'ouvre brusquement les yeux. Je me lève d'un bond comme mon père. Quelqu'un venait de sonner à la porte. Mon père me demande de me rasseoir avant de se lever pour aller ouvrir. Il était aussi perplexe que moi car habituellement, les gens ne sonnent pas. Ils rentrent comme s'ils étaient chez eux. J'ai entendu mon père rire. Qui le faisait rire? Je ne veux pas entendre de rire. Je ne veux pas rire. Laissez-moi culpabiliser en paix.
- Ca lui fera du bien de te voir! l'entendis-je s'exclamer.
J'allais me lever et partir. Je ne voulais voir personne. Je voulais me cacher. Je veux qu'on me laisse en paix. Je commençais à m'éloigner lorsque mon père m'appela. Prise au piège, j'étais obligé de saluer le visiteur. Alors j'ai pivoté et quand je l'ai vu, j'ai porté ma main à ma bouche. J'ai étouffé un petit cris avant de courir jusqu'à lui pour me blottir dans ses bras. J'ai cru qu'on allait tomber. Il me sera fort puis il m'embrassa sur le front avant de reculer.
- Viens, l'invitais-je en lui montrant la terrasse.
Mon père s'éclipsa lorsque Adrian vint s'installer en face de moi, se tenant sur sa canne qui l'aidait à marcher. Je ne l'ai pas revu depuis... ce fameux jour. Mes parents me donnaient des nouvelles de lui quelques fois. Je n'avais pas eu le courage d'aller le voir dans sa chambre. Même si je lui dois la vie, j'avais trop honte et peur. A cause des balles qu'ils avaient reçut dans la jambe, il ne pourra plus jamais marcher correctement. Il est obligé de marcher avec une canne et à chaque fois que je la vois, je me sens horriblement coupable. C'est à cause de moi
- Comment vas-tu? me demanda-t-il en étendant ses jambes devant lui.
- Bien, mentis-je. Et toi? Tes séances?
- Je m'en sors bien, m'apprit-il en souriant. Je crois même que ma kiné me fait beaucoup de bien.
Je l'ai regardé en fronçant des sourcils.
- Je crois que je suis entrain de tomber amoureux d'elle.
Il a dit sa timidement, comme s'il ne voulait pas me froisser. Pourtant, je suis heureuse pour lui. Je suis heureuse qu'il soit passé à autre chose, qu'il se reconstruise. Que cet évènement ne le hante pas comme il me hante.
- C'est vraiment génial! m'exclamai-je en souriant du mieux que je pouvais.
Il m'a pris la main ce qui m'a détendu un peu. Ca m'a donné un sentiment de sécurité. J'ai baissé les yeux et j'ai regardé sa jambe. Je suis resté un petit moment bloqué sur elle avant de le regarder à nouveau.
- Arrête de me regarder comme ça, soupira-t-il.
- Je te regarde normalement.
- Non, me contredit-il en fronçant des sourcils. Tu me regardes avec pitié et culpabilité. Ecoute Dana, il faut que tu arrêtes de te rendre malade pour ça. Il faut que tu arrêtes de te dire que c'est ta faute. C'est la faute de Théo et on le sait tous. C'était un salopard et c'est lui qui a tiré, pas toi.
- Si je m'étais mêlée de ce qui me regardait, rien ne se serrait passé.
Alors que je croyais avoir épuisé tous mon stock de larme, une seule est venue couler le long de ma joue. Adrian l'a remarqué et il m'a serré fort la main pour me montrer qu'il compatissait.
- Comment va-t-il? me demanda-t-il.
- Il est encore à l'hôpital, soupirai-je.
- Qu'est-ce que les médecins disent?
- De nous trois, c'est lui qui a été le plus blessé, l'informai-je. Deux organes ont été perforés et le fait qu'il est perdu beaucoup de sang n'a pas vraiment aidé. Ils disent qu'il va s'en sortir. Il faut seulement attendre qu'il se réveille.
- Tu sais, je le respecte, déclara Adrian. Il a été vraiment courageux. Tu l'aurais vu! Ca faisait à peine quelques minutes que tu avais disparu et il devenait déjà fou. Il a tout de suite compris ce qu'il se passait. Il n'a pas hésité une seule seconde à venir te retrouver.
Je regardais par terre, incapable de dire quoi que se soit. Il me manque terriblement et chaque jour, j'attends. J'attends que l'hôpital nous appelle et nous annonce qu'il s'est réveillé. Chaque jour qui passe, je meurs un peu plus. Je trouve ça injuste qu'il soit dans le coma et si je pouvais échanger nos places, je le ferai sans hésiter.
- Je le connais depuis longtemps, continua-t-il. Plus longtemps que toi, probablement.
J'esquisse un petit sourire en me disant que je connais Dimitri depuis le berceau.
- J'ai vu la façon dont il te regarde, dont il te protège... Jamais il n'aurait fait ça pour une de ses putes avec qui il trainait avant de te connaitre. Je suis probablement sure que dés qu'il sortira du coma, il dira ton prénom. Dés qu'il sortira de l'hôpital, il te retrouvera. Il est assez fou pour te demander en mariage le soir même de sa sortie. Et je suppose qu'il t'enlèvera toute la nuit pour que tu restes avec lui. Je ne serai pas étonné qu'après il te suive en France, que tu donnes naissance à une dizaine de mini-vous...
Je me suis raidis.
- Je ne pense pas que ça se passera exactement comme ça.
Il fronça des sourcils et je le laissais dans l'incompréhension. Je ne voulais pas parler de ça.
- Ca va aller, le rassurai-je. Je veux juste... un miracle.
Il allait dire autre chose lorsque ma mère arriva en courant. On aurait dit qu'elle était complétement hystérique avec la farine dans ses cheveux et son rouleau à tapisserie dans sa main droite. Elle le brandissait vers le ciel telle une épée.
- IL EST REVEILLE!!! hurla-t-elle en levant les mains vers le ciel.
J'ai dévisagé avant de regarder Adrian et de regarder à nouveau ma mère.
- Bougez-vous! nous pressa-t-elle. On va tout de suite à l'hôpital! MAINTENANT!