Dimitri: Le baptême
Ca y est, c'est le jour J. Le jour que la famille de Dana a attendu avec impatience. Moi aussi, je l'attendais avec impatience mais plus pour d'autres raisons. Des raisons égoïstes. J'étais sorti du lit assez tôt ce matin. Peut-être vers 4 heures du mat? Je n'avais pas très bien dormi. Elle ne voulait pas me voir et même si je la comprends car je mérite son ignorance, ça me fait de la peine. J'aurai aimé juste discuter avec elle. J'aurai voulu essayer de présenter mes excuses pour m'être comporter comme un con. Au lieu de me réfugier dans l'alcool et la drogue comme mon père, j'aurai dû affronter mes peurs et passer plus de temps avec elle. J'aurai du lui expliquer plus calmement mon plan en ce qui concerne ma famille avant qu'elle parte.
Je suis arrivé dans la cuisine et j'ai faillis faire demi-tour quand j'ai vu le père de Dana. Il est intimidant ce gars! Il est grand, costaud et il a un regard qui fait vraiment flipper. Le même que sa fille, d'ailleurs. Sauf que elle, elle ne le sort pas à chaque fois. Si je n'avais pas mortellement besoin de café, j'aurai volontiers fait demi-tour. Mais j'étais tellement fatigué! Si je devais tenir toute cette foutue journée, il fallait que je fasse le plein. Je sens qu'il y a des rebondissements. Je sens que Dana va venir. Alors je me suis avancé en lui lançant un "kaliméra" polie. Je me suis servi et j'évitais de le regarder pendant que je buvais mon café, debout parce que je n'osais pas m'asseoir à coté de lui. Pourtant, dans quelques heures à peine, je vais me retrouver à la même table que lui. Enfin, pendant quelques minutes. Après, j'irai surement me cacher et fumer en paix. J'adore les fêtes d'habitude. Je suis toujours le premier à aller danser, le premier à boire et à discuter avec tout le monde. Le premier à danser avec un tas de nana pour le plaisir. Mais là, j'ai l'étrange impression que je ne vais pas être à ma place. Ce n'est pas ma famille même si ils pensent le contraire maintenant. Ils sont vraiment très gentilles avec moi et je ne les remercierai jamais assez de m'avoir recueillis et de s'être occupé de moi. Et puis, si elle n'est pas là, je ne voix pas trop pourquoi je devrais faire la fête. Je doute qu'elle vienne. J'espère vraiment. Une part de moi en est sure même! Mais qui s'est. Peut-être ne viendra-t-elle pas?
J'étais parti me doucher. J'avais besoin d'une bonne douche froide pour me réveiller. Je n'avais qu'une envie là, d'aller me recoucher. Mais je devais faire un effort rien que pour eux. Quand je suis sorti, j'ai trouvé un costume poser sur le lit que j'occupe depuis maintenant 1 mois. Un costume classe, élégant sans rose ni jaune. Il était noir, la chemise blanche et la cravate rouge. J'aime la simplicité et je remercie Valéria de m'avoir pris un costume pas trop tape à l'œil. Je ne me sentais pas de me choisir un costume. Je ne me sentais même pas du tout près à faire me déambuler dans les rues de Khalos pour me trouver un costume. C'est une chose que je déteste. Je mets mes fringues jusqu'à ce qu'ils soient tellement usés que je ne puisse plus les mettre. Là et seulement là, je vais m'acheter un autre pantalon pas chère. Je n'ai jamais acheté de la marque. J'ai enfilé le costume qui était à la bonne taille avant de me regarder dans le miroir. J'avais décidé de ne pas me raser. Normalement, je n'aime pas porter la barbe. Je veille toujours à me raser bien correctement et à retirer chaque poils de mon menton et de mes joues. Mon père porte la barbe et j'imagine que mon blocage vient de là. Mais là, j'avais envie de la porter. Peut-être est-ce aussi parce que maintenant je me fous de ressembler à un ours? Et puis, ça me donne un petit air de gros dur et j'en ai besoin. Je suis tellement rongé de l'intérieur, tellement perdu et en manque que me donner un air de gros dur de l'extérieur me fait du bien. Et cette barbe cache mes cicatrices. A cause de mon père, j'ai des cicatrices sur la face maintenant. J'en avais déjà pas mal avant mais elles ne se voyaient pas tellement. Elles étaient fines et discrètes. Par contre, la grosse cicatrice qui va de ma pommette à mon menton est tous simplement affreuse. Merci papa. Je me suis demandé aussi ce que j'allais faire de mes cheveux. Je ne les avais pas coupé depuis des mois et ils commençaient à boucler. Pour un ancien soldat, c'est bizarre d'avoir les cheveux longs. Je les ai attachés en arrière. C'est la première fois que je fais un petit chignon. Après m'être regardé et avoir pris la pose devant le miroir une trente de fois, j'ai décidé de me parfumer un peu avant de sortir de la chambre. Valéria avait donné rendez-vous à la famille dans le salon à 8h tapante, soit 1H30 avant le départ prévu. Je trouvais ça un peu excessif mais ne pas obéir à Valéria alors qu'elle était au comble du malaise tellement elle était excitée et stressée était du suicide. J'ai rejoint les autres dans le salon et ils m'ont tous dévisagés. Je déteste qu'on me regarde comme ça. J'allais dire quelques choses lorsque Valéria c'est approché de moi et qu'elle a pris mon visage entre ses mains.
- Tu es tellement beau! s'exclama-t-elle en ayant les larmes aux yeux.
C'est dingue comme je peux considérer cette femme comme une mère en si peu de temps. Elle avait l'air émue et heureuse de me voir devant elle. Moi, l'intru. Elle m'a sourit avant de me déposer un baiser sur le front. Puis c'est sa fille qui est venu me voir. Avec Iris, on avait pris l'habitude de se lancer des piques. C'était notre façon à nous de s'adresser la parole et de se dire " hey! enfaite t'es pas trop chiant!". Elle m'a alors donné un coup de poing dans l'épaule avant de rigoler.
- T'aurais pu te raser petite tête, me taquina-t-elle en me caressant la barbe. On dirait un homme des cavernes bien sapés.
J'ai levé les yeux au ciel. Pourquoi m'appelle-t-elle toujours petite tête? Elle sait que je fais trente centimètres de plus qu'elle? Niko est ensuite venu me serrer la main et Elena m'a pris dans ses bras. En les voyant, j'ai pensé à une chose égoïste. Bien évidement, je suis heureux de les voir si fou l'un de l'autre. Ils vont très bien ensemble ces deux-là. Pourtant, je les envie. Non. J'envie plutôt le fais qu'ils soient un couple solide et heureux. Ils sont ensemble, réunis et moi je suis seul comme un pauvre con. C'était les seuls personnes déjà présente qui sont venus me voir. Les autres me regardaient tous avec dégout et colère. Rien que pour les faire chier, j'aurai peut-être dû aller à leur rencontre. J'aurai du leur serrer la main, leur taper la causette et faire tous ce qui a de plus faux-cu. Mais je n'avais pas envie de faire d'effort. J'étais fatigué. Alors je me suis dirigé vers la cuisine. Il n'y avait personne alors j'en ai profité pour fumer une petite clope. Et dire qu'il y a à peine quelques mois, j'étais venu ici en cachette pour parler à Dana. Là, je suis l'invité et je fume ma clope. Si la mère de Dana me voyait, elle me tuerait. Elle déteste quand je fume. Elle m'engueule quand je le fais et me hurle " tu mourras plus vite Dimitri! C'est ça que tu veux?". Alors je me cache et je fume dehors. Heureusement, elle ne sait pas ce que je faisais avant...
- Tu te caches petite tête?
Je me suis retourné vers Iris.
- Je peux te tenir compagnie? me demanda-t-elle.
- Bien sur.
Elle s'est approchée et s'est installée en face de moi. Elle portait une robe orange à manche longue qui lui arrivait au genoux. Je ne lui poserai pas la question mais je suis pratiquement sûr qu'elle a mis une robe à manche longue à cause de son mari.
- Tu ne devrais pas être avec les autres? lui demandai-je en fronçant des sourcils. Tu ne devrais pas accueillir tes invités et faire bonne figure?
- Si, soupira-t-elle. Mais ma mère le fait très bien à ma place.
- Elle est très heureuse, dis-je en soufflant de la fumée. C'est le premier baptême qu'elle organise. Celui de son premier petit-fils.
- Si elle apprenait que tu fumes ici, elle te ferait la misère, ricana-t-elle en changeant de sujet. Alors, je vais t'accompagner par pure courtoisie.
Et avant que je l'en empêche, elle sortit une clope du paquet et l'alluma.
- Je n'ai pas fumé depuis des années, dit-elle en soufflant de la fumée.
- Pourquoi recommencer maintenant?
- Mon mari a invité la poufiasse qu'il se tape en secret depuis des mois au baptême de notre fils, m'apprit-elle. Il ne sait pas que je suis au courant.
J'écrasai ma clope dans le cendrier avec violence. Que pouvais-je dire? Rassurer avec les mots, je ne sais pas trop faire.
- Pourquoi tu ne le quittes pas? lui demandai-je. C'est une pourriture.
- Je sais, soupira-t-elle. Mais ce n'est pas si simple. On a un engagement commun et puis il y a Côme. Qu'est-ce que je lui dirai s'il me demande pourquoi on est plus ensemble? Et mon père sera dévasté.
- Tu lui diras la vérité, déclarai-je. Que tu n'étais pas heureuse et que pour ta sécurité, tu es parti. Vous méritez mieux que lui tout les deux. Et pour info, c'est pas ton père qui vit avec lui donc je te conseille d'en avoir rien à foutre de ce qu'il pense.
- Tu es incroyable, ricana-t-elle en essuyant une larme qui venait de l'échapper. Tu crois que tout est si simple? Tu crois que j'aurais la force de le combattre? Il me prendra Côme.
- Il est un père immonde, déclarai-je en reprenant une clope. La justice le sait. Comment veux tu qu'il ne te laisse pas ton fils après ce qu'il t'a fais?
- La justice est corrompue. Il saura en tiré avantage...
- Ah tu es là toi! s'exclama Théo en entrant dans la pièce. Je ne pensais pas que tu serais invité!
- C'est moi qui l'ai invité, déclara Irisen regardant par terre. Côme l'aime beaucoup.
- Je me demande bien pourquoi notre fils l'apprécie autant, dit-il en me fusillant du regard.
Il posa sa main sur la nuque de Iris et elle tressaillit. J'allais me lever pour intervenir mais elle me donna un coup de pied sous la table pour m'interpeller. Je l'ai regardé dans les yeux et elle me disait clairement qu'elle ne voulait pas que j'intervienne.
- Tu fumes? demanda-t-il en regardant la main d'Iris.
- C'est la mienne, mentis-je pour la défendre. Elle me l'a pris des mains juste avant que tu arrives. Je n'ai pas le droit de fumer ici normalement.
- Chérie, tu viens saluer les invités? dit-il comme si je n'avais rien dis.
Elle s'est levée lentement et elle l'a suivi. Ce type, je le hais. Je hais beaucoup de personne mais lui! Je le hais de toute mon âme. Il fait son tout gentil devant les parents de Dana mais moi, je sais très bien qui il est. D'où il vient. Même si la plupart des gens crois que c'est un bon gamin, moi je sais que c'est un fils de pute. Le fait que les parents de Dana ne se rendent pas compte que leur parfait petit gendre bat leur fille et la trompe me tue. Le pire, c'est son père. Il pense que c'est moi la brute épaisse, le salaud, le connard qui a conquis sa fille chérie ( là, c'est vrai). Pourtant, Théo est mille fois pire que moi. Je ne suis pas parfait mais, à coté de lui, on pourrait le croire. Achille Papopoulos a de la merde dans les yeux. Y a pas d'autre explication.
Quand c'est l'heure, c'est l'heure. A 9h30 pile, tout le monde étaient rassemblés devant la maison de Dana. On devait être une centaine. Qui sait? J'étais resté dans l'ombre quand les membres de la famille ont commencé à avancer en direction de l'église du village. J'ai vu Iris me chercher du regard et peut-être que j'aurai pu les rejoindre et marcher avec eux pour lui faire plaisir. J'aurai vraiment pu. Mais ce n'était pas normal. La famille marche devant. Je n'avais pas le droit de marcher avec eux. Je ne fais pas partis de leur famille. Je me suis mélangé à la foule de gens en tenant ma sœur par le main. Elle avait tellement insisté pour venir que ma mère a cédé et me la confié. Zara disait qu'elle avait aidé à préparer alors il était hors de question qu'elle n'y assiste pas. J'avais l'impression que pour elle, le baptême était comme une sorte de bal et qu'elle était une sorte de Cendrillon. Sauf qu'aucun prince ne l'approche ou je lui casse la gueule. Elle est trop jeune pour avoir un chéri. On a marché ensemble jusqu'à l'église à notre rythme. On était pas pressé après tous. Quand on est rentré dans l'église, j'avais repéré deux places dans le fond. Elles étaient parfaite pour nous. Alors quand je les ai montré à Zara en faisant un signe de tête, j'ai senti qu'on me tirait pas le coude.
- On vous a gardé deux places prés de nous, nous informa Niko.
- C'est gentil mais on va plutôt se mettre...
- On ne verra rien Dimitri! s'exclama ma sœur. Toi, va là-bas si tu veux mais moi, je vais avec eux. Je ne veux rien louper!
Et elle avança. J'adore ma sœur mais quelques fois, elle me tape sur les nerfs. Surtout quand elle fait ses petits caprices bien casse bonbon.
- Allez! dit Niko en me donnant une tape dans le dos. Tu ne veux quand même pas contrarier ma mère et ma sœur, non? Je te préviens, elles seront moins sympa que moi quand elles viendront te chercher par la peau du cul.
J'avais envie de protester, bien évidement. Mais il y avait énormément de monde et on ne s'entendais pas. Il fallait que Niko me parle près de mon oreille pour que je l'entende. Alors j'ai capitulé et j'ai grogné en le suivant. Que ce soit clair, je fais ça pour ne pas contrarier la famille de Dana et pour ne pas laisser ma sœur toute seule. Je me suis faufilé dans une rangée pour me mettre au bout. Là, c'était sur que je n'allais pas perdre une miette de la cérémonie.
On a attendu une dizaine de minute avant qu'une musique interrompe les discutions. Ca commençait. Le pope, installé sur son estrade, dit quelques mots en direction du public avant de s'adresser aux deux parents. Iris tenait le petit Côme fermement dans ses bras. Elle était entourée par son frère et son mari. Normalement, il y aurait du avoir Dana à leurs cotés. Je pensais vraiment qu'elle allait venir. Je dois admettre que son choix me déçoit. Pas pour moi mais rien que pour sa famille. Rien que pour le petit Côme. Je m'étais trompé. Je me trompe souvent. Elle ne viendrait pas. Le pope a parlé longtemps. Beaucoup trop longtemps à mon gout. Je sais que ce pope peut-être vraiment barbant quand il s'y met. Quand j'étais petit, ma mère insistait toujours pour qu'on assiste aux messes du dimanche. Je détestais ça. A chaque fois, je m'endormais avant la fin. Quand je fus suffisamment grand, j'ai arrêté d'y aller. Il était déjà là à l'époque celui-là et je peux vous dire qu'il m'endort toujours autant. J'allais vraiment m'endormir quand Zara me donna un coup de coude. Il allait être baptisé. Ca y est. Après des dizaines de jours à entendre parler de son baptême, l'évènement du siècle on aurait pu croire, ça allait enfin se produire. C'est la première fois que j'assiste à un baptême d'ailleurs. Bravo Dimitri, 26 ans et pas foutu d'avoir assister à un baptême avant. J'entendis le pope demander où la marraine se trouvait à Iris et j'ai vu ses yeux se remplir de larmes. Ca me faisait de la peine pour elle. Elle allait lui expliquer qu'elle ne serait pas présente quand on a tous entendu un bruit. Quelqu'un venait d'ouvrir la porte de l'église. Tout le monde était silencieux dans le public et on regardait tous l'allée de l'église. Une grande femme, aux cheveux bruns relevés en chignons, aux yeux bleus qui toisaient tous le monde, avec des talons haut noire et une robe rouge, marchait en direction d'Iris comme si elle était sur un podium et qu'elle défilait pour une grande marque. Elle était plaine d'assurance. Je ne pouvais m'empêcher de la dévorer des yeux tellement elle était belle. Déterminée, elle a monté les marches et elle s'est postée à coté de son frère. Elle gardait les yeux rivés sur le pope, ne jetant pas un seul regard en direction de ses proches qui la regardaient les yeux ronds.
- La marraine est présente, dit Dana au pope.