Dimitri:
Cette famille est plus oppressante qu'une mamie grec qui vous couvre de bisous à Pacques. Je ne peux même pas espionner les gens tranquille. Dés qu'Iris m'a vu, elle m'a renvoyé dans ma chambre en me criant dessus et en me tapant. N'étais-je pas assez en mauvaise état? Elle n'a aucune pitié. En entrant dans la chambre, elle m'a pratiquement poussé sur le lit en m'hurlant toujours dessus. Elle ne sait pas parler autrement qu'en gueulant? Elle me borda. Je la soupçonne de me coincer dans ce lit. Une fois qu'elle s'était assurée que je ne pouvais plus bouger, elle prit une chaise pour s'asseoir à coté de moi. Elle me foudroyait du regard en gardant les bras croisés.
- J'ai pas besoin d'une baby-sitter, marmonnai-je en la foudroyant du regard à mon tour.
- Tu crois que je te surveille par plaisir? dit-elle en plissant les yeux. Tu crois que j'en ai envie? Je te rassure, pas du tout.
- Alors pourquoi? insistai-je.
- Parce que tu es incapable de rester tranquille! hurla-t-elle. On dirait que tu attires comme un aimant les embrouilles...
- Trop gentille de ta part, déclarai-je en levant les yeux au ciel.
- Et parce que ma crétine de sœur est tombée amoureuse de toi et que si il t'arrive malheur, elle souffrira.
Je tournais la tête pour qu'elle ne voit pas la douleur que j'éprouve lorsqu'on l'évoque.
- Je ne suis pas comme ma mère. Je ne vais pas te rendre la vie facile comme elle, s'énerva-t-elle. Je te signale que je ne t'aime pas...
- J'avais remarqué, la coupai-je.
- Pour une raison qui me dépasse, la plupart de ma famille t'apprécie suffisamment pour t'aider.
- J'avoue que ça me dépasse aussi. Ne suis-je pas une pourriture?
- Si, approuva-t-elle. Dana aurait du aller avec Adrian...
- Quoi? m'exclamai-je surpris qu'elle ose dire une connerie pareil.
- T'as bien entendu. Il est gentil, riche, compatissant et clean. Il parait que tu as été dealer? Que tu es accro à l'alcool? Ma sœur n'a pas besoin de ça, je te l'assure. Elle n'a pas besoin de quelqu'un qui la tire vers le bas.
- Je ne la tire pas vers le bas! m'exclamai-je. Peu importe avec qui elle est, elle ne change jamais. Elle est et elle restera toujours la même. Elle me tire vers le haut.
Je marqua une pause pour la regarder droit dans les yeux.
- Et il est pas plu clean que moi.
- Bien sur! s'exclama-t-elle en levant ses yeux bleus au ciel. Ma sœur est stupide sur ce coup. Elle n'a choisi un minable.
Là, j'ai vu rouge. Me critiquer moi, c'est une chose. La critiquer elle? S'en est une autre.
- Tu sais quoi? Je me fous de ce que tu penses Iris, soupirai-je. Mais à un point! T'es pas la première à me critiquer et tu ne seras certainement pas la dernière. Mais j'ai un chose à te dire. Ta sœur est mille fois plus intelligente que toi vu qu'elle a vu le bien en moi malgré tous ce qu'on raconte sur ma gueule. Ouais, j'ai été dealer un temps. Je suis le fils d'une pourriture, j'ai déjà bu bien trop et je suis... ça m'arrive de m'emporter. Mais je ne suis pas que ça. Ce n'est pas parce que mon père n'est pas riche et que je n'ai pas toujours fait les bons choix que je suis quelqu'un qui est pourri jusqu'à la moelle. Donc occupes-toi de ton cu et de ton petit mari chéri.
- Tu laisses Théo, dit-elle les dents serrés. Il est beaucoup mieux que toi.
- Tu crois? Très bien. Si tu penses qu'il est mieux que moi... Mais tu te trompes. Il est pire que moi. Tu ferais mieux de te poser des questions.
- Espèce de connard.
Et elle s'est approchée pour me foutre une baffe avant de sortir en claquant la porte. Ok, je l'ai mérité. J'ai été très loin. Mais elle aussi. Elle croit que je suis une ordure ( bon elle a peut-être raison) mais son mari? Il est mille fois pire que moi. Tout le monde le croit irréprochable. Tout le monde le croit parfait. Mais lui, c'est une pourriture et une vraie. Il a aussi travaillé pour la famille d'Adrian en même temps que moi. Si moi j'étais connu pour être diplomate, lui c'était tous le contraire. Il se défoulait pas le plaisir. Il était aussi mystérieux que violent. Quand je lui posais des questions sur sa famille, il me rembarrait direct. Ca m'a toujours semblé étrange qu'on ne connaisse que si peu de chose sur lui. Je me suis redressé péniblement en poussant un grognement. Fichu côte de merde. J'ai sursauté lorsque la porte s'est ouverte en grand. Une Iris en larme est venu se poster devant moi.
- Qu'est-ce que tu voulais dire par " il est pire que moi"? me demanda-t-elle en larme.
- Ca ne te plairait pas, soupirai-je. Et tu ne me croirais pas de toutes façons.
- Causes toujours, dit-elle en reniflant en me faisant un signe de tête pour me donner le parole.
- T'es vraiment sure?
- Vas-y putain! s'exclama-t-elle.
Dana est mille fois plus douce que sa sœur. Parole d'homme.
- Il était avec moi dans le gang à l'époque, soupirai-je en passant ma main dans mes cheveux. On était coéquipier en quelques sortes. On devait se rendre chez ceux qui devaient une dette au "Padre". J'essayais toujours de jouer la carte diplomatie en premier du mieux que je pouvais pour éviter de jouer la carte force. On était autorisé à utiliser la force pour donner un avertissement ou pour faire peur...
Je me suis arrêté quelques instants pour me redresser un peu plus. Le simple fait de rester le dos droit me fait atrocement souffrir et me fatigue. Si mon lieutenant de l'armée me voyait comme ça, il me traiterait de chochotte et il me donnerait un bon coup de pied au cu. Je n'aime pas raconter mes souvenirs... surtout de l'époque ou je vendais de la weed. C'est une partie de mon passé qui n'est pas très glorieuse et dont je ne suis vraiment pas fière. Moi même, j'étais accro à la weed du père d'Adrian. Ca m'y arrive quelques fois...
- Continue, m'encouragea Iris d'une voix beaucoup plus calme qu'avant.
- On allait chez toutes sortes de gens, déclarai-je en fronçant des sourcils. Chez des jeunes, des femmes, des vieux aussi... Beaucoup de personnes étaient accro à cette weed. Le petit soucis, c'est que beaucoup de personne avait du mal à payer. On était envoyé pour ça. Pour réclamer l'argent. Je te l'ai dis, j'essayais toujours que les choses se passent au mieux. Quelques fois, seulement pour faire peur, je cassais un truc ou deux mais jamais je ne frappais. Théo ne se gênait pas, lui. Dés que j'avais le dos tourné, il en profitait pour taper. Une fois, il a tapé une vieille dame alors qu'elle allait nous donner l'argent. Il était incontrôlable parce qu'il ne cherchait qu'à taper. J'en ai parlé au big boss et il l'a congédié, histoire de calmer les choses.
Iris pleurait à chaude larme à coté de moi. Pourtant, ce n'est pas ce qu'il a fait de pire...Même si je ne l'apprécie pas particulièrement, j'ai posé ma main sur son épaule. Les muscles de mon bras me tiraient férocement. Je n'aime pas voir les femmes pleurer. Ca doit être à cause de ma mère. Je crois que je l'ai plus souvent vu pleurer que sourire.
- Tu n'y peux rien, lui murmurai-je.
- Pourquoi...
Et elle a éclaté en sanglot. Elle a du rester une quinzaine de minutes la tête posé sur le lit avant de se relever. Elle a commencé à enlever son tee-shirt mais je l'ai arrêté d'un signe de main.
- Iris! m'exclamai-je en fermant les yeux. J'aime ta sœur putain!
- Je veux juste te montrer quelque chose, dit-elle calmement. Je ne vais pas me foutre à poil pour profiter de toi, si c'est ce que tu penses.
J'ai donc rouvert les yeux et j'ai observé le dos d'Iris qui était zébrée de trait. J'ai observé son dos en ne pouvant m'empêcher de faire la comparaison avec le mien. Il y avait les mêmes marques et les mêmes bleus.
- Regarde, sanglota-t-elle.
Elle m'a montré son ventre où une dizaine d'hématome était installé.
- Comment...
- C'est lui qui m'a fait ça, soupira-t-elle en essuyant ses larmes. Je pensais que c'était ma faute. A chaque fois qu'il me frappait, c'était parce que je faisais une bêtise. Soit je cassais un verre sans faire exprès, soit je faisais un peu trop griller son diner...
- C'est pas ta faute Iris! grondais-je. Uniquement de la sienne!
- Je sais. Je voulais juste... Je ne pouvais pas en parler. Personne de ne m'aurait cru...
- Dana t'aurait cru comme je te crois. C'est une pourriture.
- Oui.
Elle a soupiré et elle s'est rhabillée avant de s'asseoir à coté de moi.
- J'étais enceinte, m'avoua-t-elle. Je l'ai appris il y a deux semaines. J'allais lui dire quand il m'a...
Elle étouffa un sanglot et elle me prit la main. Ca m'a surpris mais je me suis laissé faire. Elle avait besoin qu'on la soutienne et je pense que le fait de tenir ma main, l'a rassuré. Mais pourquoi elle me le dit à moi? Elle m'a dit qu'elle me détestait et pourtant...
- Est-ce que tu as...
- Je l'ai perdu, me coupa-t-elle en reniflant. Oui. Et je ne l'ai dit à personne parce qu'ils ne me croiraient... S'il apprend que j'en ai parlé...
- Iris, la coupai-je en la regardant droit de les yeux. Je ne dirai rien. Tu n'es pas seul. Je te crois et Dana aussi.
- Dana? renifla-t-elle surprise
- Ouais. Elle l'a vu avec quelqu'un d'autre. Elle pensait aussi que c'était à cause de lui qu'elle a été en prison, résumai-je.
- Oh.
- Ta famille te soutiendra. Elle a soutenu Dana même si elle s'est disputée avec vous à cause de moi. Crois-moi. Et ton père est flic, non? Avec les preuves qu'on a contre lui, nos témoignages... Et je sais aussi ce qu'il trafique en dehors de son travail. On a suffisamment de preuve pour le foutre en taule pour t'assurer un avenir paisible ainsi qu'à ton gosse.
- Mon père est flic? dit-elle bouche bée.
- Euhhh, tu en parleras avec ta mère, marmonnai-je mal à l'aise.
Dimitri, roi de la gaffe.
- Il faut qu'on attende, dit-elle en se massant la tête. Théo a beau être une ordure, je veux qu'il participe au baptême de son fils.
- Très bien alors on attendra. D'ailleurs, je ne suis pas en bonne état pour le moment. Mais Iris, je te comprends plus que tu ne le penses. Moi aussi, je me faisais battre. J'ai vu ma mère se faire battre. Il ne faut pas que tu restes les bras croisés.
Elle m'a sourie. Elle m'a réellement surpris en déposant un baiser sur mon front avant de sortir. Est-elle bipolaire? Il y a quelques minutes elle me dit qu'elle me déteste et maintenant elle m'embrasse sur le front. J'ai étiré mes jambes quand je l'ai entendu revenir sur ses pas. Elle s'est appuyé sur le bord de la porte, les bras croisés.
- Oui?
- Je me suis trompé, soupira-t-elle. Tu n'es peut-être pas aussi mauvais que je ne le pensais.
- Merci bien! m'exclamai-je en levant les yeux au ciel.
- Laisse-moi finir abruti!
Elle me foudroya du regard et, pour une fois, j'ai écouté.
- Je voulais te dire que je suis heureuse que ma sœur est trouvée quelqu'un comme toi. Même si t'es con, tu as du caractère. Tu comprends ce que veulent les filles. Elle reviendra, j'en suis certaine. Merci aussi de m'avoir écouter. Mais si tu en parles à quelqu'un, je t'étripes!
- Parler de quoi? déclarai-je en lui souriant.
Elle m'a souri avant de vraiment partir. Je me suis installé confortablement dans le lit et pile au moment où j'allais m'endormir, mon ventre a gargouillé. Je mourrai de faim.
- IRIS! hurlai-je. Tu peux me préparer à manger s'il-te-plait?
Si je dois rester ici et qu'elle doit me surveiller pour Dana, autant en profiter un petit peu. Non?