NDA : (f/p) = fleur préférée
(t/p) travaillait en temps que baby-sitter après le lycée, c'était presque le seul travail rémunéré qu'on pouvait faire sans être majeur à Storybrook. Mais cela ne dérangeait pas la jeune fille, au contraire elle aimait cajoler les enfants et s'occuper d'eux lorsque leurs parents ne le pouvaient pas. Ce qu'elle préférait, c'était leur raconter des histoires. Leurs yeux émerveillés lui parlaient bien plus que ceux fermés des adultes, et elle-même était plus loquace avec des bébés qu'avec les "grands". Pas besoin de manières ni de faux semblants avec les enfants...
Dans la Forêt Enchantée, (t/p) avait été une fée en cours d'apprentissage, elle n'était pas une enfant, mais pas non plus encore assez sage pour devenir marraine. Une étudiante en somme. Elle travaillait avec ardeur et mettait du coeur à l'ouvrage pour satisfaire les demandes de la Fée Bleue à son égard, comme guider les feux follets, aider les fleurs magiques à s'épanouir, veiller de loin au bien-être des enfants... C'était tout un travail varié, mais dans son joli costume (c/p), (t/p) -qui portait à l'époque le doux nom de (f/p)- virevoltait sans relâche et accomplissait son devoir sans faute. Un jour, sa persévérance et sa loyauté finirent par payer : la Fée Bleue la nomma apte à devenir marraine. Malgré son tempérament calme, elle n'avait pu empêcher ses ailes de frétiller de bonheur, enfin ! Mais sa joie fut immédiatement refroidie en apprenant qui est-ce qu'elle devrait guider sur le droit chemin et rendre heureux... Peter Pan.
Peter Pan.
Peter Pan. Elle avait retenu un cri de protestation : après tous ses efforts ne pouvait-elle s'occuper d'un être pur, un nourrisson à peine né par exemple, pour le voir grandir et mûrir grâce à elle ? Pourquoi devait-elle être assignée à cet adolescent fourbe et parfois cruel, aux moeurs désapprouvées de tous ? Mais (t/p) avait simplement baissé les yeux, acquiescé et s'était rendue au Pays Imaginaire avec les recommandations de la Fée Bleue. Apparemment, elle avait été choisie pour son caractère pacifique et sa douceur, sa prévenance devaient contrer le caractère malin du jeune homme. Elle avait retenu un soupir en comprenant que sa tâche ne serait finie que lorsqu'il serait revenu sur la voie du Bien... car tous deux étaient immortels.
Mais -étonnement...- il s'était montré peu réceptif à l'aide qu'elle lui proposait. Il avait même été furieux d'apprendre qu'on lui avait assigné une fée marraine. Il avait voulu la tuer, se débarrasser d'elle et de sa présence gênante pour lui, cependant (t/p) avait été rapide et ingénieuse, d'autant plus que sa magie à elle était tout de même puissante -certes moins que la sienne mais bon. Au final, tous deux mécontents, ils avaient dû cohabiter de longues années durant. Malgré les efforts de la fée, Peter restait insensible au Bien et renâclait à l'écouter. Et malgré ses efforts à lui, elle ne renonçait pas à sa tâche. Bon gré mal gré, chacun avait fait des concessions : (t/p) avait admit à contrecoeur que la bonté ne pouvait pas tout régler, et Peter Pan s'était rendu compte que la violence ne parvenait pas à tout résoudre.
Il n'était qu'un enfant capricieux et acariâtre qu'elle ne parvenait à saisir. Elle n'était qu'une étincelle de pureté et de calme qu'il ne pouvait comprendre.
Ils avaient fini par s'entendre peu à peu, et elle avait pensé que les compromis permettraient à leurs propres pensées d'évoluer. Ils avaient une influence, une espèce d'emprise l'un sur l'autre depuis tout ce temps. Quand il maltraitait un enfant perdu trop durement, il sentait le regard colérique mais silencieux de la fée (c/p), et il finissait par s'arrêter. Quand elle voulait aider les pirates égarés dans l'île, il lui rappelait les vies qu'ils avaient prises et le tort qu'ils causaient aux enfants perdus, et elle finissait par abandonner. Leur drôle de vie commune n'était ni vraiment de l'amitié, ni véritablement une relation marraine-filleul. Mais ils avaient fini par s'y habituer, et peu à peu changer au contact l'un de l'autre. De temps en temps, (t/p) était rappelée dans sa terre natale pour donner des nouvelles de sa mission, et parfois Peter s'absentait dans un autre monde. Quand ils étaient séparés ainsi, ils maintenaient un lien magique ténu entre eux, comme pour se dire mutuellement : je vais bien, je reviens bientôt. Une promesse qu'ils avaient toujours tenu.
Mais la malédiction de la Reine Regina avait frappé la Forêt Enchantée lors d'un retour de (t/p), et elle avait malgré elle été emportée ici, à Storybrook. Dans un monde sans magie.
(f/p) était alors devenue (t/p) et avait vécu dix ans sans jamais se remémorer l'existence de Peter. Elle était une lycéenne normale, sans histoire, qui gardait les petits comme Lizzie, l'enfant d'Ella, et se demandait parfois d'où provenaient ces yeux verts qui hantaient son sommeil. Lorsque la malédiction avait été brisée par la Sauveuse, la jeune fille avait crié se surprise en recouvrant ses souvenirs et était tombée à terre. Elle avait pleuré, la culpabilité était si forte... Elle avait oublié celui qu'elle devait guider, son filleul, son ami... Et elle n'avait pas recouvré ses pouvoirs ni sa baguette. La Fée Bleue n'avait pas pu lui venir en aide, elle-même bouleversée par la situation, il fallait tout réorganiser, d'autres avaient été séparés de leurs marraines, il fallait les rassembler... mais au vu de ses antécédents, Peter Pan n'était pas prioritaire pour cela, et depuis (t/p) vivait dans l'angoisse.
Que pouvait-il faire sans elle ? Etait-il redevenu l'adolescent machiavélique qu'elle avait rencontré ? Allait-il bien ? Comment vivait-il, le Pays Imaginaire existait-il toujours ? Est-ce que Peter avait besoin d'elle ? Est-ce qu'il... est-ce que lui aussi ressentait ce manque, ce trou béant en lui ?
Mais depuis le retour à la normale, les mois se succédaient sans aucune réponse à ses questions, et son angoisse croissante à propos de Peter ne lui permettait plus de vivre la vie sereine qu'elle menait avant. Ses yeux perçants continuaient de lui apparaître en rêve, parfois même quand elle était éveillée ! Et la culpabilité revenait aussitôt, tout comme la tristesse et le manque, lui coupant parfois la respiration. Et un jour, Henry, le fils de Regina, avait été enlevé. Sa famille, et même Monsieur Gold, était partie à sa recherche dans l'un des mondes magiques... et on murmurait qu'ils étaient au Pays Imaginaire, que Peter Pan était la cause de ce kidnapping.
(t/p) rongeait son frein, elle ne voulait pas y croire, et en même temps, elle savait cela parfaitement possible. Il était imprévisible, surtout lors de ses accès de colère, et s'il avait toujours sa magie alors envoyer des émissaires dans ce monde pour enlever un enfant ne lui était pas impossible. Mais la jolie (c/c) ressentait un sentiment de... de trahison en songeant à cette hypothèse. Car s'il avait pu capturer Henry dans ce monde sans magie, pourquoi n'était-il pas venu la chercher elle ?
Et un jour, alors qu'elle lisait L'île au trésor de Stevenson dans la bibliothèque municipale, elle aperçu du coin de l'oeil une tunique verte au dehors. Prise d'un pressentiment, (t/p) se leva brusquement et sorti en courant, son livre à la main et l'espoir plein les yeux. Il était venu...? Il était enfin là... !
Elle ne s'était pas trompée.
Au beau milieu de la rue, face à M. Gold, la Sauveuse et toute la petite famille de héros se tenait fièrement Peter Pan. Il portait son habit vert des bois, arborait son éternel rictus hautain et ses iris émeraude brillaient de détermination. En fait, il n'avait pas changé, et ce fait réchauffa le coeur de (t/p).
- Peter ! Peter ! cria-t-elle en courant vers lui.
Saisit d'un instant d'incompréhension, le jeune homme aux allures d'elfe pivota dans sa direction et écarquilla les yeux. Il en oublia la présence menaçante de ces héros, de Rumple, et oublia même qu'il était en danger face à tous ces mages. Il ne vit que cette silhouette familière et rassurante qui venait à lui sans hésiter, comme s'il ne s'étaient jamais quittés.
- Peter ! fit-elle en se jetant dans ses bras.
- Mais... comment... balbutia-t-il, perdu pour la première fois depuis longtemps.
- M-malédiction, sou-enirs... e-et ...as ma-gie ! sanglotait (t/p) en le serrant de toutes ses forces. P-pardon... Pardon !
Sous les yeux éberlués d'Emma, Gold, Régina, Crochet et tous les autres, le cruel Peter Pan plongea son visage dans les cheveux (c/c) et l'adolescente et l'enserra à son tour, la pressa contre lui en retenant un hoquet. Il le savait, bien sûr qu'il le savait...
- Ce vide... tout ce temps... c'était toi, murmura-t-il contre elle.
- Tu m'as man... manqué ! Peter... Oh Peter !
- Plus jamais... plus jamais tu ne me quittes.
Ce n'était pas un ordre, c'était presque une supplique. Il avait eut besoin d'elle, rester sans savoir où elle avait été envoyée ni même si elle était encore en vie l'avait détruit intérieurement. Sa dose de bonheur, de gentillesse, de tendresse... il en avait tant eut besoin... Et il ne se doutait pas qu'elle ressentait la même chose. Pour (t/p), son quotidien nécessitait désormais ce jeune homme ambitieux, joueur, irascible et elle ne voulait plus le laisser partir.
- Plus jamais... Jure-le moi (t/p). Plus jamais. répéta-t-il.
- Je te le promets Peter. Je resterai toujours avec toi.