Dimitri a tout de suite réagis. Il s'est légèrement décalé pour qu'elle ne puisse pas me voir. Quand à moi, j'ai mis mes mains devant mon visage. Cette gosse a peut-être quoi, 10 ans? Alors dieu seul sait ce qu'elle pourrait répéter. Imaginez nous tous les deux fouettés sur le place publique! C'est un peu archaïque mais pourtant c'est ce qui nous arrivera. Alors pourquoi ai-je pris ce risque? Je suis stupide, stupide, stupide...
- Zara! hurla-t-il. Je t'ai interdis de rentrer dans ma chambre comme ça! Dégage!
- C'est qui elle?
- SORS!
Il était vraiment en colère. Je sentais ses poings serrés la couverture avec force, les veines de son cou devenaient un peu trop apparente... J'ai entendu la porte se refermer et je lui ai déposé un petit baiser sur les lèvres histoire de le calmer un peu.
- Ce n'est rien, soufflai-je en lui caressant les cheveux.
Il ferma les yeux quelques instants avant de se laisser tomber à coté de moi. On regardait tous les deux le plafond.
- Non, grogna-t-il.
Il se massa le visage avant de se lever d'un bond. Il faisait les cent pas dans la pièce. Et sans prévenir, il se stoppa et il donna un coup de poing dans le mur. J'ai sursauté.
- Dimitri...
- Ce n'est pas rien! hurla-t-il fou de rage. Elle pénètre dans mon intimité et elle a faillis te voir! Tu as pris trop de risque en venant ici... On aurait du se rejoindre quelques part. Tu aurais du me prévenir.
- Je voulais te faire une surprise, déclarai-je contrarié.
- On est pas comme tous les couples, Dana. On ne peut pas se permettre de faire des surprises de ce genre. Enfin si nous sommes un couple...
J'étais en colère parce qu'il avait raison. Depuis le début, je l'avertis sur le fait que notre histoire est compliquée. Mais pourtant, j'ai négligé un assez gros détail. J'ai pris des risques pour lui faire une surprise, chez lui. Je n'aurais pas du. Attendez... Il a dit "enfin si nous sommes un couple"?
- Je m'en vais, déclarai-je froidement.
Sur un coup de tête, j'ai ramassé mon tee-short et je me suis levée d'un bond. J'avais juste oublié que ma jupe était descendu jusqu'à mes mollets. Je me suis sentis basculer en avant et, sans que je comprenne, Dimitri me retenait déjà par la taille. Ma poitrine était collée à la sienne. Nos respirations étaient rapide et coordonnés. J'ai posé ma main sur son torse pour reculer quand il m'a serré dans ses bras.
- Ne t'en va pas, me souffla-t-il.
- Je ne veux pas te mettre plus en danger, ironisai-je.
Il m'embrassa sur le front puis il se baissa et chercha mes lèvres.
- Je suis désolé, marmonna-t-il. Je ne sais pas contrôler ma colère...
- Ce n'est rien, lui assurai-je.
- Non, elle n'aurait pas du entrer comme ça, marmonna-t-il la tête dans mes cheveux. Non seulement c'est pas poli mais...merde quoi! J'ai une vie privée aussi! J'ai 25 ans et j'ai pas envie qu'on me prenne au pieu avec une fille!
- Je comprends.
Et c'était repartit. Il s'est éloigné et il commença à prendre des trucs par terre et à les jeter sur le mur. Ca ne m'a pas impressionné. Non, non. Si vous avez vécu dans une famille nombreuse et en plus grecque, vous êtes habitués à toutes sortes de scénarios mélodramatiques. Je me suis levée puis j'ai posé ma main sur la sienne pour l'empêcher de lancer un objet de plus. Puis je me suis postée devant lui et je l'ai serré dans mes bras.
- Je sais que c'est dure, je suis passée par là aussi, lui chuchotai-je à l'oreille.
- J'ai hâte d'avoir assez d'argent et de pouvoir partir...
Je l'embrassai dans le cou en sentant ses mains se balader dans mon dos puis plus bas.
- J'ai une idée! Tu n'as qu'à... Oh Dimitri...
- Dimitri! Vient nous aider! hurla une voix d'homme très, très grave style Dark Vador.
- Merde!
Il se détacha de moi pour me demander de me cacher sous le lit. A contre cœur, j'ai obéis. Oui, sa chambre est vraiment en bordel et généralement, c'est sous le lit que c'est encore plus le bordel! Mais j'ai du le faire avec une grimace de dégout. Je me suis faufilée et j'étais coincée entre un slip, des chaussettes et un tee-shirt sales ainsi qu'une part de pita verte qui devait être là depuis plusieurs semaines. J'ai du me retenir pour ne pas vomir. L'odeur était infecte. Dimitri me promit de revenir le plus vite possible jusqu'à ce que quelqu'un entre en trombe dans sa chambre, envoyant claquer la porte sur le mur. Il avait eu juste le temps de se relever. J'ai vu des chaussures noirs rentrés et j'ai écouté la dispute sans pourvoir rien faire.
- Quand ta mère te dit de venir nous aider, tu viens! cria-t-il. Et c'est quoi cette histoire? Une femme dans ton lit? T'as pensé à ta sœur?
- C'étais rien papa et elle a 15 ans, tout le monde parle de sexe à son âge! Et ne fais pas comme si tu en avais quelques choses à faire d'elle. Tu te mens à toi même.
- Qu'est-ce que tu racontes! Elle est jeune, innocente et bien élevée. Alors que toi, tu n'es qu'un petit con. Un bon à rien qui préfère coucher avec des filles stupides qui acceptent volontiers que d'aider sa mère.
- Un bon à rien ne subvient pas aux besoins de sa famille, dit-il calmement. Mais je suppose que tu le sais papa? Tu sais pourquoi je fais tous ça...
- Tu veux quitter le pays c'est pour ça que tu bosses, conclua-t-il froidement. Ne me prends pas pour un con! Tu veux quitter ta famille et ton pays sinon tu resterais ici à glander. Tu es égoïstes. Et où est cette fille? Je veux la rencontrer, voir qui va t'épouser pour lui dire que tu es qu'une merde.
- Telle père telle fils non?
J'ai entendu un bruit de coup avant de voir Dimitri à terre, me fixant les dents serrés, une marque rouge apparaissant à l'endroit où surement il avait été frappé. J'ai étouffé mon cri en plaquant ma main sur ma bouche. Comment peut-il être si horrible? Un père ne peut traiter son fils de merde, surtout quand c'est faux. Dimitri c'est relevé et il est partis suivis de prés part son père. Je suis restée une vingtaine de minutes avant qu'il ne revienne. Une minutes de plus et je vomissais à coté du morceau de pita.
- Tu devrais faire un peu le ménage, déclarai-je lorsqu'il m'aida à sortir.
- Disons que ce n'est pas vraiment ma priorité, dit-il en tamponnant sa blessure avec un mouchoir.
- Oui, pardon. Ca va?
- Oui. Tu devrais rentrer maintenant.
- Tu es sure? Tu ne veux pas que je reste un peu avec toi? Que je nettoie ta plaie...
Il serra la mâchoire et saisit mon sac avant de me le donner.
- S'il-te plait, dit-il les dents serrés. T'en as assez vu.
- Je suis désolé, m'excusai-je à nouveau en effleurant sa joue de ma main avant de prendre mes affaires.
Il me sourit tristement. Le voir si triste me déchire le cœur.
- Etant donné que mes parents sont là, tu vas devoir passer par la fenêtre, soupira-t-il. Ca va aller?
- Oui, j'ai fait ça toute ma vie!
Et c'étais vrai. Le nombre de fois où j'ai séché l'heure du dodo pour partir en soirée. J'étais une petite rebelle et je crois que je le suis toujours. J'allais sortir quand il m'a retenu par le bras.
- N'aie pas pitié de moi, soupira-t-il.
- Pourquoi j'aurais pitié de toi?
- Je te connais Dana. Tu n'aimes pas quand les gens souffrent.
- Ecoute Dimitri, je n'aurai jamais pitié de toi. Tu m'entends? Bien sur, je suis triste pour toi. Ta situation n'est clairement pas la meilleure...
- Si seulement tout étais plus facile, soupira-t-il.
J'ai vu rouge. Je ne fais que de lui répéter ça depuis qu'on se connait alors que lui dit que tout va bien!
- Pardon? m'exclamai-je.
- Si seulement nos parents n'étaient pas nos parents .
- J'avais compris ça...
- Si on pouvait seulement prouver l'innocence de mon arrière grand oncle! Parce que je peux te le jurer sur ma vie que ce n'est pas lui.
- Alors c'est qui? demandai-je. Et ne jure pas sur ta vieeeeeeee!
J'étais tombée de sa fenêtre en plein sur mes fesses. Ca fait un mal de chien.
- Ca va?
- Oui, oui ne t'inquiète pas. Tu es sur de ce que tu avances là?
- Puisque je te le dis!
- D'accord. Alors il faudrait que l'on fasses des recherches car si on veut afficher notre amour un jour... Pourquoi tu me regardes comme ça?
- Tu as dis "notre amour". Alors tu m'aimes?
- Je dis seulement que cela serrait plus facile et... oh tu as vu l'heure! Il faut que j'y aille!
Et j'ai traversé le jardin en rampant comme une limace. Vraiment pas glamour.
- Tu pourras pas toujours te défiler mon amour, dit-il en riant.
Ah la la! J'ai toujours eu du mal à dire je t'aime. Une fois ça m'a pris un an et demi pour que je le dise! Ca n'a rien avoir avec être sur de mes sentiments c'est juste que je n'ai pas l'habitude d'étaler les miens. Je ne dis pas "je t'aime" à tous le monde. Je le dis même jamais. Et le fait qu'il le prenne à la rigolade me rassure. J'avais peur qu'il le prenne mal.
Je me suis éclipsée discrètement et j'ai couru jusqu'au centre du village. Je m'inquiète énormément pour lui. Que feriez-vous à ma place si vous saviez que votre compagnon se fait battre par son père? Je n'aurais jamais pensé une seule seconde qu'il pouvait se faire maltraiter. Dimitri parait si fort que ça parait inimaginable de le voir comme un enfant battu. Sans oublier qu'il ne s'est jamais plein de ça et qu'il reste discret sur le sujet. Lorsque je retournais chez moi, je suis tombée sur Elena et Niko. Même si ça me fait mal de l'admettre (parce que c'est quand même mon frère et ma meilleure amie), ils font un beau couple. Et je les envie beaucoup. J'aimerai tellement ne plus me cacher. J'aimerai pouvoir me promener avec Dimitri sans qu'on nous crache dessus. Je les salue de loin avant de rentrer à la maison. Elena m'a fait un grand soupir tandis que mon frère m'a ignoré. Je suis montée jusqu'à ma chambre pour sauter sur mon lit et m'étaler comme une crêpe. Je fixais le plafond en me demandant ce que je pourrais faire pour l'aider. Je ne vais pas rester les bras croisés alors que je sais qu'il n'est pas heureux. Je dois mettre la main à la pate à pita! Premièrement, je dois essayer de prouver que l'accusé est innocent ( pas facile) car Dimitri y croit dur comme fer et que je crois Dimitri. Deuxièmement, je dois parler à mon frère ( pas facile non plus). Troisièmement, je dois revoir Dimitri et l'aider à avoir de meilleure rapport avec sa famille.
- Maman! hurlai-je.
- Quoi? répondit-elle sur le même ton que moi ( c'est de famille).
- Est-ce que tu sais où sont les cahiers de Rosalie?
- Pourquoi tu voudrais les cahiers de Rosalie?
- Je m'ennuie à mourir et j'ai besoin de lecture!
- Dans le grenier.
Je me levais, pris le manche pour ouvrir la trappe qui conduit au grenier et montais les escaliers poussiéreux. Pourquoi n'ai-je pas pensé à mettre des chaussons? Le grenier est immense car ma famille est très conservatrice. Elle ne jette rien mais elle entasse tous. Et le pire c'est que personne n'y monte jamais donc tout ce que l'on garde ne nous sert plus à rien. Il y a des tonnes de poussières mais par contre c'est très bien rangé, tous est à sa place ce qui est beaucoup plus pratique pour rechercher ce dont on a besoin. Je parcourrai des yeux les piles d'affaires jusqu'à chercher celle que je cherchais c'est à dire la boite de Rosalie. Rosalie était tellement discrète sur ces sentiments que sa mère, inquiète de ne pas l'entendre critiquer ou donner simplement son avis, décida de lui donner un carnet ou elle écrirait vraiment ce qu'elle pense. Mon arrière-grand-mère se préta au jeux et elle écrivit dans quatre cahiers jusqu'à la fin de sa vie. Une fois, j'étais tombé sur ce carton, qui était à l'époque, rangé dans sa chambre et elle m'avait grondé. Elle n'aimait pas qu'on fouille dans ses affaires. J'avais trouvé ses journaux intimes ainsi que ceux d'une autre personne, une certaine Agnès. Une cousine éloignée d'après ce que j'ai compris. J'avais 10 ans à l'époque et je ne savais pas qu'il s'agissait de la femme morte en question. Je jetais le couvercle loin de moi en créant un nuage de poussière avant de me plonger dans mes recherches.
- Rosalie, Rosalie, Rosalie, parlai-je à voix hautes. Ah! Agnès.
Je sortis le cahier en son nom. Un seul petit cahier vichy. Mais pas ici. J'ai dévalé les escaliers en manquant presque de tomber jusqu'à sauter à nouveau sur mon lit pour me plonger dans ma lecture.