L'hiver allait bientôt pointer le bout de son nez, les arbres quasiment tous dévêtus de leurs feuilles le présageaient. Pourtant j'avais envie de sortir prendre l'air, cela me ferait assurément le plus grand bien après cet entraînement avec Derek. J'attrape une veste à la volée sur le portemanteau à l'entrée et sors de la bâtisse. La brise du vent me fouette avec insistance le visage m'obligeant à remonter les pans de ma veste afin de m'y blottir.
En marchant dans la demeure, je pouvais observer les feuilles orangées voltiger dans les airs avant de se poser délicatement sur l'eau de l'étang. Un banc en pierre fait face à ce magnifique spectacle, là où je ne tarde pas à m'asseoir. Je ne sais pas exactement combien de minutes je suis restée assise sur ce banc à penser à tout et a rien, mais mes mains à présent frigorifier me certifier que cela devait faire un moment maintenant.
— Ton entraînement s'est bien passé ?
Je tourne la tête pour voir Max arriver, le sourire aux lèvres.
— Disons que je suis vivante, c'est plutôt positif.
Max sourit à ma réflexion et s'assoit à côté de moi. Il observe lui aussi l'environnement, un silence reposant s'installe autour de nous. Contrairement à son défunt frère, Max avait une tenue vestimentaire plutôt décontractée et paraissait aux premiers abords, moins sévères.
— Tu sais, rien ne sera simple dorénavant pour toi, mais je ferais tout mon possible pour que tu te sentes comme chez toi ici.
Il a une voix si calme et son regard bleu et profondément ancré dans l'eau de l'étang. C'est curieux, mais derrière sa prévoyance à mon égard je sentais qu'il avait peur de quelque chose ou peut-être de quelqu'un.
— Je n'ai pas eu l'occasion de te présenter mes condoléances pour ton frère...
— Il aurait tout fait pour aider l'institut ne te sent pas responsable pour ce qu'il lui est arrivé.
— Il m'a sauvé la vie, je... j'aurais voulu en faire autant pour lui.
Je baisse mon visage pour observer mes mains, si je savais contrôler mes dons j'aurais pu le sauver, il ne serait pas mort sous mes yeux. Une main se pose sur mon épaule ce qui me fait lever le visage.
— Charlie tu n'y es pour rien, nous combattrons les responsables.
— Pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir choisie moi ?
Il se lève en croisant ses mains, pendant quelques secondes il ne dit rien me laissant sous-entendre que quelque chose se cachait derrière mon admission ici. Puis il me sourit en me regardant à nouveau.
— Sache qu'avec moi rien n'est fait au hasard.
Je fronce les sourcils en essayant de comprendre ce qu'il pouvait sous-entendre dans ça. Mais lorsque je le vois repartir, je me lève moi aussi en lui retenant le bras.
— Une dernière chose, j'aimerais savoir pourquoi il n'a que très peu de personnes qui vivent ici ? Combien d'êtres surnaturels comme nous existent ?
Face à ces questions, son visage s'assombrit. Je sentais de la froideur dans son regard. Il tourne alors le visage vers la bâtisse.
— Lors des missions antérieures, certains de nos camarades sont morts et d'autres ont inexplicablement disparu.
— Disparus ? Comment ?
— C'est compliqué à dire pour le moment... désolé, je dois retourner au travail.
Il sourit avant de me laisser pour se diriger vers la cabane au bord du Lac. En le regardant s'engouffrer dans cet endroit qui me semblait si mystérieux, je me demandais ce qu'il pouvait y avoir là-dedans ? J'en saurais mieux plus tard, j'imagine.
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De vives pressions contre ma joue me font froncer les sourcils. Je sentais peu à peu mon corps se mettre en éveil. En entrouvrant les yeux, je constate un lapin en peluche près de mon visage, je ferme les yeux en me disant que j'étais sûrement encore dans un rêve, mais en les ouvrants de nouveau je le voyais toujours là. Je sursaute d'un coup avant de me redresser, je tourne le visage un peu dans toutes les directions lorsque je remarque que j'étais dans le salon, j'avais dû m'assoupir. Lorsque je repose sur le lapin je me souviens du don de Freya, il lui appartenait.
— Tu es Poppy un ami de Freya c'est ça ?
Poppy me fait un signe de tête pour confirmer mes dires puis descend du canapé. Je secoue mes longs cheveux bruns et me lève pour suivre cette petite peluche d'un pas intrigué. Nous marchons quelques pas jusqu'au fond du salon où se trouvait une porte.
Je ramène mes mains contre mes épaules en les frictionnant légèrement, un simple débardeur ne suffisait pas à me protéger des courants d'air frais. Après une brève expiration, j'actionne la poignet de la porte et laisse d'abord Poppy y entrer avant de le rejoindre. Je souris en le voyant faire, une vraie scène à la Alice aux pays des Merveilles. Où est-ce que ce lapin comptait-il m'emmener ?
En y entrant, nul doute qu'il s'agissait d'une bibliothèque, et elle était gigantesque. Plusieurs étagères entouraient les quatre coins des murs, quant aux livres présents il devait y en avoir des milliers. D'un regard analyste j'observais en détail cet endroit tout en me déplaçant dans l'allée principale. 4 grands murs de livres se trouvaient à ma droite et à ma gauche une très longue table où je pouvais voir Cody en train de lire un livre. Tout comme sa soeur il avait un goût prononcé par la lecture.
— Cody ?
Il relève aussitôt la tête en ma direction tout en fermant son livre. Je l'observe un instant en me demandant pourquoi est-ce que Poppy m'avait-il conduit ici ? L'homme aux cheveux blonds se redresse et s'ébouriffe un instant sa chevelure, cela devait faire plusieurs heures qu'il était plongé dans sa lecture, il semblait encore avoir l'esprit distrait.
— Désolée je ne voulais pas te déranger...
— Tu ne me déranges pas, j'ai fait demander à Freya de t'envoyer Poppy pour que tu puisses avoir ta première leçon.
J'en viens à regarder mes habits et lorsque je vois que je suis encore en tenue de sport, je suis un peu gênée de me présenter ainsi devant lui.
— J'ignorais que j'avais une leçon aujourd'hui je ne me suis pas apprêté...
Cody m'analyse du regard, suffisamment pour me mettre mal à l'aise. Il devait avoir remarqué mes tremblements par le froid puisqu'il enlève sa veste pour venir me la placer sur les épaules. Instinctivement je me blottis dedans, elle sentait bon et elle était chaude.
— Merci...
— Désolé de ne pas t'avoir prévenue, je t'ai aperçue dans le salon et j'ai vu que tu dormais, je n'ai pas voulu te réveiller.
J'arque un sourcil à ce qu'il vient de me dire. Il m'a vu dormir ? Étrangement je me sentais encore un peu plus mal à l'aise, sentant mon coeur entreprendre une douce mélodie.
— Je...
— Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.
— Non... ne tant fais pas, bon en quoi va consister cette leçon ? Je demande en m'écartant de lui pour me pencher sur les livres présents sur la table.
Freya arrive timidement dans la pièce, lorsqu'elle me voit elle fait un faible sourire puis attrape son lapin en peluche. La blondinette fait ensuite une rapide accolade à son frère me regarde subtilement puis sort de la pièce aussi vite qu'elle n'était rentrée.
— Ta sœur ne m'aime pas beaucoup...
J'avais dit cela d'un air déçu avant de m'asseoir lourdement sur une chaise. Mes yeux analysent rapidement sur les livres et suis étonnée de voir que le thème principal était l'astronomie.
— Elle est juste timide, et pour ton premier cours j'ai pensé à l'astronomie je pense que cela pourrait te plaire.
— Je ne veux pas paraître mal polie, mais en quoi avoir des cours ici est-il important ?
Cody sourit et s'assoit en face de moi, il relève son visage en ma direction d'un air sérieux.
— Nous tenons dans cet institut à ce que chaque membre ne soit pas conditionné uniquement sur le combat, mais aussi à se trouver un domaine de culture pour son ouverture d'esprit. Évidemment il y a plein de domaines comme la peinture, la musique, mais aussi l'écriture.
J'écoutais attentivement ce qu'il me disait. J'aimais le fait de définir cet endroit en n'étant pas qu'un centre de combat, mais également un foyer, où chaque membre pouvait se retrouver.
C'était facile de lui parler, c'était comme être avec un vieil ami. J'espérais que les autres membres ici, étaient aussi ouverts, car même si je venais tout juste d'arriver, je ne me sentais pas du tout à ma place et si loin de leur univers.
— Je devrais rester ici toute ma vie ?
— Non, enfin on n'oblige pas les personnes à rester, en revanche si elles le souhaitent évidemment elles sont les bienvenues.
— Je ne sais pas vraiment encore quelle est ma place ici, me retrouver dans un endroit pareil pour combattre des personnes n'est pas une chose que j'avais prévue dans ma vie...
— Charlie, personne ici n'a souhaité avoir les dons que nous avons, mais le fait est que nous sommes ainsi et les utilisons pour aider les autres, certaines organisations ont de très mauvaises intentions.
— Avoir du pouvoir est effrayant, alors imaginer des organisations les utiliser pour faire du mal...
Il me prend les mains pour me stopper net et me regarde sérieusement.
— Nous les utilisons nous à bon escient, protéger les êtres qui nous sont chers, mais également la population humaine, tout dépend comme tu viens de le dire, de l'usage de nos dons...
Il a entièrement raison, c'était à moi de choisir mes propres choix et mes futurs actes.