Hello mes p'tits chous ! Après un retour en fanfare à Erebor, on attaque le cœur du Tome 5 avec ce nouveau chapitre.
Bonne lecture !
Une semaine s'était écoulée depuis les fiançailles officielles de Fili et Anna. Ils avaient déjà reçu de nombreux cadeaux, ce qui avait le don d'agacer Anna.
-C'est normal Amrâlimê, lui répéta Fili pour la trentième fois sans cesser de sourire. Les fiançailles du Prince héritier avec la plus belle femme du monde, c'est un peu l'événement de la décennie. Et puis c'est plutôt sympathique de recevoir plein de cadeaux, non ?
-Non, moi je ne trouve pas ça sympathique. Je ne connais pas ces gens ! J'apprécie beaucoup les petites cartes où ils nous écrivent leurs vœux de bonheur, mais tous leurs cadeaux je n'en veux pas. Je n'ai rien fait pour mériter tout ça.
-Rien fait ? Tu as aidé leur Roi à reprendre son royaume, leur terre ! Tu es morte dans une bataille qui n'était pas la tienne. Bon, et bonus, tu as ressuscité et tu es là à nouveau. Mais tu n'as pas rien fait. Tu as fait beaucoup. Pour eux, et aussi pour moi.
Anna oublia son agacement et tourna un sourire timide vers son fiancé.
-Et qu'est-ce que j'ai fait pour toi, dis-moi ?
-Tu veux dire, à part faire de moi un homme heureux ? Laisse-moi réfléchir... Oh je sais, tu m'as sauvé la vie. Et même si le geste est apprécié, j'ai cru mourir de chagrin alors ne refais plus jamais ça, d'accord ?
-Tant qu'une armée d'orcs menée par un psychopathe n'essaye pas de te tuer, d'accord.
Il lui colla un bref baiser et entreprit de continuer à ranger les cadeaux qu'ils avaient reçus. Ils les stockaient dans une pièce attenante à la chambre de Fili en attendant d'avoir leurs appartements communs, après le mariage.
Quelques coups furent frappés à la porte. Fili fit signe à Anna de continuer pendant qu'il allait ouvrir.
-Bofur ? Qu'est-ce qui t'amènes ?
-Thorin aimerait vous voir Anna et toi. Kili, Dwalin et Gloïn sont déjà là-bas.
-Très bien, merci. Nous arrivons.
Bofur s'inclina et repartit. Fili sourit et retourna dans la pièce de rangement, ceinturant Anna avant de lui faire un bisou dans le cou.
-Mon oncle veut nous voir tout de suite. Il faut qu'on y aille.
Il la relâcha et lui prit la main avant de l'entraîner à sa suite dans les couloirs.
-Qu'est-ce qu'il nous veut à ton avis ? demanda Anna.
-Je n'en ai aucune idée, mais je pense que ça a un rapport avec le mariage. Ou peut-être une simple affaire courante qu'il voudrait que je regarde. Il faisait parfois ça, pour me former à gérer le royaume.
Anna hocha la tête et ils continuèrent leur chemin, répondant d'un signe de tête respectueux à toutes les courbettes que les gens faisaient sur leur passage. Anna retint sa grimace face à toutes ces marques de déférence qu'elles jugeaient pour la plupart hypocrites et intéressées. Ils arrivèrent finalement à la salle de réunion privée du Roi, où Gloïn et Dwalin discutaient dans un coin tandis que Thorin parlait à Kili. Il se stoppa en les voyant arriver et leur sourit.
-Ah, mon neveu et sa fiancée ! Nous vous attendions.
Chacun prit place sur un siège.
-Bien, je vais aller droit au but. J'envoie demain une délégation diplomatique à Dale. Je souhaite modifier nos accords économiques, renforcer la surveillance à la frontière au Sud du lac, et également inviter le Seigneur de la ville au futur mariage. Voilà les documents pour les accords, annonça-t-il en tendant deux rouleaux de parchemin à Fili. J'aimerais que tous les trois, ajouta-t-il en désignant les trois plus jeunes, vous accompagniez Gloïn. Je vous donne les pleins pouvoirs pour cette affaire. Participez aux négociations, allez inspecter la frontière pour me faire un rapport détaillé, sans oublier d'inclure l'avis des humains. Avez-vous bien compris ?
Les trois hochèrent la tête.
-Nous sommes en très bons termes avec les hommes du lac, et nos deux pays sont florissants, aussi je n'ai aucun doute quant au succès de cette mission diplomatique, les rassura Thorin. Vous partirez demain matin, aussi je ne peux que vous conseiller d'aller préparer quelques affaires, et de bien vous reposer. Ce sera tout, et si vous voulez bien m'excuser, j'ai d'autres affaires à traiter.
Ils se levèrent et saluèrent le monarque avant de sortir de la salle. Dwalin s'excusa avant de repartir aux forges, et Gloïn houspilla les trois jeunes pour qu'ils se préparent, et surtout prennent connaissance des documents. Il s'excusa à son tour et partit en marmonnant. Les deux frères et Anna s'installèrent dans le salon des appartements de Fili.
-Lis les documents à voix haute men kurdu, j'écouterai en faisant les sacs.
Fili commença à lire les propositions de modification des accords économiques, comparant au fur et à mesure avec les termes des accords actuels. Anna rassembla des vêtements propres dans deux sacs, ainsi qu'une robe pour elle. Elle revint s'asseoir dans un fauteuil et se servit une coupe de vin qu'elle sirota paresseusement en attendant que Fili termine sa lecture.
-Bon, je n'ai rien compris à ce charabia, lâcha Anna. J'espère qu'au moins un de vous deux a compris de quoi il retourne.
-Bien sûr, répondit Fili en haussant les sourcils. Une réduction des taxes dans les deux sens sur les marchandises, une baisse des prix sur les tissus et...
-Je suis désolée men kurdu mais je n'y entends rien en matière d'économie, et j'ai peur de n'avoir pas le temps d'apprendre tout ça avant le départ de la délégation.
-Pourtant tu devras prendre part aux négociations, il faut bien que tu comprennes de quoi nous parlons afin d'intervenir judicieusement.
-J'ai une idée Fili, intervint Kili. Toi et Gloïn êtes infiniment capables de prendre en main les accords. Anna et moi en revanche avons plus de capacités sur les questions guerrières qu'économiques. Laisse-nous nous charger de la frontière Sud, nous saurons nous en occuper.
Fili prit quelques secondes pour y réfléchir.
-Bien, si cela te convient Anna, je suis d'accord.
Anna se contenta d'hocher la tête en finissant son verre.
-Alors c'est décidé. Mais mon frère, je compte sur toi pour veiller sur ma fiancée.
-Évidemment, mon frère.
-Amrâlimê, on sait tous les deux que c'est moi qui protégerai ton frère, plaisanta Anna en faisant un clin d'œil au brun.
Les deux Princes sourirent et se levèrent.
-Bien, j'aimerais tout de même que vous passiez par les forges ou l'armurerie pour vous équiper correctement. Quant à moi je dois aller voir Gloïn pour discuter de quelques points. A plus tard.
Il se leva et embrassa sa fiancée sur le front avant de sortir. Anna et Kili sortirent de la pièce quelques instants plus tard, se dirigeant vers l'armurerie. Kili avait fait un crochet par ses appartements pour récupérer ses armes. Il avait déjà son arc et son carquois, ainsi qu'une épée et une dague cachée dans sa botte. Anna n'avait que ses deux longues épées.
L'armurier était un vieux nain à la barbe grise, et aux muscles surdéveloppés. Aussi Anna ne put retenir un sursaut quand elle entendit sa voix fluette, bien plus aigüe que la sienne – il faut dire qu'Anna avait une voix assez grave, sans être masculine. Malgré son physique imposant, ses yeux étaient doux et son sourire, jovial. Il avait l'air d'un grand-père, un peu rude mais adorable.
-Kili, quel bon vent t'amène ? s'exclama-t-il. Oh, et si je ne m'abuse, toi tu es Anna !
Anna haussa les sourcils. Pas de courbettes, pas de salutations alambiquées, pas de vouvoiement. Par Mahal, qu'est-ce que ça faisait du bien de voir quelqu'un qui restait naturel !
-C'est bien elle, confirma Kili avec un sourire. Anna, je te présente Loki, fils de Floki. C'est lui qui a fait nos premières armes à Fili et moi, et qui nous a enseigné à forger.
Elle sourit en entendant le nom du nain, le même qu'un dieu scandinave. Elle lui tendit la main qu'il serra avec franchise.
-Qu'est-ce qui vous amène les petiots ? Une nouvelle commande royale ?
-Pas vraiment. J'ai encore perdu mes armes et Anna n'a plus que deux épées. On part en mission diplomatique demain, et il nous faudrait un peu d'équipement. Qu'est-ce que tu as à nous proposer ? J'ai de quoi payer tout ce qu'il faut.
-Bah, garde ton argent, gamin ! Cadeau de fiançailles pour la demoiselle. Si elle s'est battue dans la Bataille des Cinq Armées, c'est qu'elle sait manier une lame correctement. Les vrais bons combattants se font rares de nos jours.
-Que veux-tu dire ? s'inquiéta le brun.
-Notre armée n'est plus ce qu'elle était, expliqua Loki. Trop vieux ou trop jeunes pour la plupart. Et surtout les jeunes ont une forte tendance à se rebeller, à ce qu'on m'a dit. Ils prétendent savoir se battre mais ce n'est selon moi qu'un ramassis de fillettes pleurnicheuses.
-J'étais une fillette pleurnicheuse, rappela Anna. Et maintenant je suis une combattante plutôt correcte je crois.
-Correcte ? répéta Loki. Je t'ai vue te battre contre Dwalin, tu es une excellente combattante, la meilleure femme c'est certain, et même par rapport aux hommes tu es parmi les meilleurs. Qui t'a entraînée ?
-Dwalin lui-même. Mais Thorin m'a demandé d'aider Dwalin à entraîner les soldats, après notre mission. Je verrai ce que je peux faire.
-Bien, bien. Mais vous êtes venus pour des armes alors suivez-moi. J'ai quelques merveilles dans le fond, quelque chose que je ne céderai pas au premier venu. Venez par là.
Les deux jeunes le suivirent avec curiosité. Loki souleva d'abord un arc, aussi noir que l'ébène, immense et à la courbure peu marquée. Des runes dorées étaient gravées tout le long du côté intérieur. Il le tendit, ainsi qu'un carquois plein de flèches, à Anna.
-Il est superbe ! Mais je croyais que l'ébène n'était pas un bois adapté pour les armes ?
-En effet mais c'est du noisetier, enduit d'une peinture noire spéciale qui l'empêchera de prendre feu. Mais attends ici, je sais ce qu'il te faut.
Le vieil armurier disparut un instant et revint avec un paquet de cuir brun tanné. Il le déposa sur une table et déplia le tissu avec déférence. Il découvrit ainsi deux magnifiques coutelas à la lame d'acier bleuté, dont le côté tranchant paraissait aussi fin qu'un fil. Elles faisaient trente centimètres de long. Les manches semblaient taillés pour ses mains. Faits d'acier mélangé à de l'argent, ils étaient simples, et une petite pique de quatre centimètres ornait chaque pommeau. Le long de chaque lame, un dessin floral avait été gravé. Sur une lame, une rose, et sur l'autre, un chrysanthème.
-Le chrysanthème est la fleur des morts, car ces dagues ne sont pas faites pour décorer. La rose représente l'élégance couverte d'épines. Quelque chose qui, de ce que je sais, te sied fort bien.
Il présenta les deux armes à Anna, qui les prit avec respect.
-Elles sont magnifiques, merci beaucoup. Mais j'insiste pour les payer, elles ont dû demander trop de travail et de bons matériaux pour être gratuites.
-Et moi j'insiste pour que tu les prennes. Sers t'en avec honneur, et je les considérerai comme payées. Maintenant, trêve de sentiments, il faut donner à ce gamin de quoi se défendre, je ne peux quand même pas le laisser aller au-devant du danger complètement à poil !
Il fouilla un moment dans ses coffres et en sortit quelques armes.
-Tiens, une deuxième épée, et deux dagues. Je ne t'en donne pas de plus jolies parce que je sais que tu les perdras ou les casseras de toute façon. Mais ne t'en fais pas, elles sont tout aussi efficaces. Maintenant ouste, j'ai du travail.
Le vieux nain les poussa gentiment vers la porte. Kili raccompagna Anna à sa propre chambre pour déposer ses armes avec ses affaires, avant de l'accompagner chez Marie.
Lorsqu'ils arrivèrent, des cris déchirants les firent accélérer. Anna ouvrit rapidement la porte et courut à l'intérieur. Marie essayait de calmer Maëlia qui pleurait mais la petite continuait à hurler en se débattant. Kili se précipita et la prit fermement dans ses bras, la serrant sans l'étouffer pour l'empêcher de bouger, et cala sa petite tête dans le creux de son cou. Il commença à fredonner une douce mélodie en khuzdul en la berçant doucement. Rapidement les pleurs et les hurlements de la petite s'espacèrent et ses hoquets furent moins violents. Elle finit par s'endormir et Kili la recoucha dans son berceau avant de la couvrir.
Anna avait rassuré Marie qui semblait épuisée.
-Qu'est-ce qu'elle a ? interrogea Kili.
-Je ne sais pas, elle a fait un accès de fièvre qui est passé, puis elle a commencé à s'agiter en pleurant et ça a empiré. Je n'arrivais pas à la calmer. Merci Kili.
-De rien, c'est normal, répondit ce dernier en balayant ses remerciements de la main.
-Et sinon, qu'est-ce qui vous amène ?
-Nous partons, annonça Anna. Fili, Kili et moi partons demain en mission diplomatique, probablement pour quelques jours, mais pas très longtemps. On passait simplement te prévenir.
-Oh. Merci d'être passés alors.
Kili triturait quelque chose dans ses mains.
-Je vous laisse, j'ai quelque chose à terminer, s'excusa Anna avec un sourire entendu.
Elle ressortit de la pièce et retourna dans sa chambre. Elle passa son ceinturon avec ses deux épées, prit son arc et ses flèches et vérifia à nouveau ses affaires avant de sortir. Elle se dirigea vers les salles d'entraînement et trouva une cible. Elle vérifia la corde de son arc et assouplit un peu ses bras avant d'encocher. Elle visa, expira lentement et tira. Plein centre. Apparemment son don de précision faisait toujours des merveilles. Elle tira encore quelques flèches pour s'habituer à son nouvel arc avant de récupérer ses munitions et ranger son arc dans sa chambre.
Elle commença ensuite à se promener dans les couloirs au hasard, et déboucha sur le petit chemin de ronde au-dessus de la grande porte. Elle fronça les sourcils en ne voyant aucun soldat monter la garde. Elle était sûre qu'au moins trois soldats étaient supposés être là en permanence, même la nuit. Les paroles de Loki lui revinrent en mémoire et elle soupira. Elle traversa le chemin et trouva la cabane des gardes. Deux jouaient aux dés et un ronflait sur la table.
-Non mais c'est du foutage de gueule ?! s'exclama-t-elle. Levez vos fesses de feignasses et allez monter la garde ! On ne vous paye pas pour jouer aux dés !
Les trois soldats sursautèrent et se mirent au garde à vous.
-Au cas où vous n'êtes pas au courant, moi, c'est Anna. Alors si vous ne voulez pas vous faire jeter dehors par le Roi lui-même, retournez bosser et n'abandonnez plus jamais votre poste ! Et passez le mot aux autres ! Allez, bougez-vous !
Ils se précipitèrent sur le chemin de ronde sans souffler un mot et Anna continua son chemin, refrénant son tempérament explosif autant que possible. Elle n'allait pas faire d'esclandre mais elle était énervée. Beaucoup trop énervée par rapport à ce petit incident. Elle retourna dans sa chambre et rangea ses épées dans son sac avant de prendre un drap de bain et de se diriger vers les thermes publics, puisqu'elle n'avait pas de salle de bain personnelle. Elle aurait pu utiliser celle de Fili, mais cela faisait une semaine qu'ils n'avaient pas passé de temps ensemble en amoureux, et elle se sentait trop fatiguée pour cela.
L'eau chaude la détendit un peu, et elle ressortit beaucoup plus calme. Elle passa aux cuisines récupérer de quoi dîner et remonta dans sa chambre. Elle prit son repas en vitesse et se laissa tomber sur son lit en soupirant. Quelque chose n'allait pas. Elle ne savait pas quoi mais quelque chose n'allait pas. Cette mission tombait bien, un peu d'air frais lui ferait sûrement du bien. Pourtant, elle avait un mauvais pressentiment.
Et voilà !
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