𝐒𝐔𝐏𝐄𝐑𝐍𝐎𝐕𝐀 - 𝐤𝐨𝐨𝐤𝐯

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟺 - 𝙲𝚊𝚗𝚌𝚎𝚛

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-Tu crois que je n'ai pas entendu ? reprit Soyeon à l'attention du grisé, visiblement très énervée. Tu as tué ton propre souverain et tu oses jouer l'innocent devant nous ? Devant mon frère ?!

L'argenté déglutit sous les rugissements de la jeune femme, essayant de se défaire de sa prise tout en lançant des regards incertains sur les alentours.

-C-Ce n'est pas tout à fait ça... bégaya Taehyung, tentant de se sortir de cette situation délicate, tandis que les autres s'approchaient, tous stupéfaits.

-Alors sois-digne et explique toi ! gronda-t-elle, appuyant toujours un peu plus fort sur son cou, qui commençait à piquer à cause de la lame lui transperçant sa fine peau.

Merde, il en avait marre à la fin, de se faire menacer par des épées. 

-Allons, calmez-vous, nous pouvons tout vous expliquer. tenta le docteur, montrant la paume de ses deux mains vers la femme. 

-Soyeon, lâche-le ! cria Yeji en s'approchant, quittant les chevaux, inquiète.

Derrière eux, les autres regardaient la scène, impuissants. Après tout, personne d'autre que l'argenté et le chef de la tribu ne savait la vérité. Il n'y avait pas d'alibi pour sortir Taehyung de cette situation. 

-Pas avant qu'il ne soit parfaitement honnête avec nous. rugit la blonde. Je savais que des citadins comme vous cachaient quelque chose. Plissant ses yeux, elle les menaçait tous du regard, un à un. 

-Soyeon. Ca suffit. fit une voix sortie tout droit des ténèbres, appartenant à nul autre que Jeongguk. Tu lui fais mal.

La blonde releva la tête à l'entente de la voix de son aîné, et desserra quelque peu son emprise sur l'argenté, juste assez pour qu'il puisse correctement respirer et reprendre ses esprits. 

Le noiraud était en effet revenu de sa ronde, une mine calme au visage, mais impliquée quant à la situation périlleuse dans laquelle se trouvait le grisé. 

-Ton petit chéri a tué quelqu'un Jeongguk, son propre chef qui plus est. Nous ne pouvons pas laisser passer ça. expliquait la cadette, cependant, le regard que lui rendit son frère la mettait soudainement dans un état confus. Tu-Tu le savais ?!

-Oui. affirma-t-il dans le plus grand des calmes. Et je sais aussi qu'il est accusé à tort et à travers. N'est-ce pas, Tae ?

Si l'argenté aurait eu le temps de rougir suite à ce surnom, il l'aurait fait. Cependant, le moment n'était pas propice.

Alors, baissant le regard, il répondit :

-O-Oui. se racla-t-il la gorge. J'ai tué quelqu'un, c'est vrai...Mais ce n'est pas Monsieur Park. Ce n'est pas mon souverain.

Non, V n'avait pas participé au meurtre du Président, il ne savait même pas qui il était ni ce qu'il représentait pour sa société jusqu'à ce qu'on le dénonce potentiellement coupable. Et savoir qu'on le pensait excessivement dangereux par rapport à ses camarades, le rendait encore plus triste, et en colère.

Lui, qui vivait depuis tout petit dans son trou à rats, pouvait faire un excellent suspect, hors il n'avait rien commit. 

Du moins, il n'avait pas tué cet homme-là.

Alors, tous, à l'entente de cette sonnante révélation, eurent des expressions abasourdies. 

Donc depuis tout ce temps, le prisonnier V gardait tout pour lui, acceptant son étiquette de meurtrier comme s'il la méritait ? 

-Taehyung, c'est vrai ?... demanda Seokjin, choqué au possible. 

Le jeune homme lui répondit alors par un regard triste mais honnête. 

Non, le détenu était loin de mentir, bien qu'il aurait préféré. 

-Tu restes un assassin, qui ne manquera pas une seule seconde faire un coup-bas envers notre peuple ! renchérit la blonde, ne le relâchant pas. D'ailleurs, vous, peuple du Ciel, qui êtes-vous réellement ? Qu'est-ce que vous nous cachez ? 

Se retournant vers les concernés, elle criait, Taehyung toujours dans ses bras, le cou tendu contre la lame brillante, grimaçant sous la peur et la douleur. 

Enervée, Soyeon l'était. 

Depuis certains épisodes tragiques de sa vie, la jeune femme n'arrivait pas à donner sa confiance. Son grand-frère était tout pour elle, et la blonde ferait n'importe quoi pour le protéger. Elle s'était promis de toujours veiller sur lui, chose qu'elle n'avait pas réussi à faire avec le reste des membres de sa famille. 

Et en ce moment-même, la blonde sentait sa promesse être menacée. 

-Je suis un assassin aussi, 'Yeon, et pourtant, tu ne m'as jamais blâmé pour ça. Alors j'aimerais que tu fasses la même chose pour lui. lui demanda-t-il sereinement. 

Les spectateurs froncèrent tour à tour leurs sourcils suite à ces aveux pour le moins perturbants. 

-Mais toi tu es mon frère, Jeongguk. grogna-t-elle. Je te connais. Pas lui. 

-Taehyung est digne de confiance, comme toute autre personne ici. continua le noiraud, s'approchant de sa cadette. Tu peux me faire confiance, et à eux aussi. 

-C'est ce qu'ils te font tous croire. 

-Je t'en prie, ne m'enlève pas la seule personne qui partage ma situation. demanda-t-il, son regard quémandeur prouvant son passé douloureux et son envie de vivre enfin comme il le souhaitait. Je te le demande une dernière fois, Soyeon, relâche-le. Il planta ses orbes confiantes dans celles identiques de sa petite sœur, qui avait du mal à céder.

-Je ne peux pas Jeongguk. Je ne peux pas le laisser te faire du mal. 

Baissant les yeux, elle tremblait imperceptiblement, desserrant peu à peu sa prise avec toutefois une certaine retenue. 

 -C'est un ordre. De ton chef, pas simplement de ton frère. persévéra le Jeon, et la blonde obtempéra enfin, enlevant d'une vitesse fulgurante son épée de sous la gorge du jeune homme pour la ranger dans son étui.

Puis, dans un silence religieux, la jeune femme partit sans un regard en arrière, rentrant au village. 

C'était après quelques vérifications approfondies sur le cou de l'argenté, et quelques questionnements dévoilant une inquiétude évidente, que Jeongguk l'imita, entraînant derrière lui le reste des citoyens d'Eomma, et les deux gardiennes restantes, tous autant confus les uns que les autres. 

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-Sur la station, j-je vivais dans la crasse, l'humidité et le froid. Nous, des centaines d'enfants et adolescents, étions tous entassés dans une mince pièce, les uns sur les autres. Nous n'avions pas d'identité, pas de noms, pas de parents, pas de domicile fixe. Personne ne nous connaissait, et inversement. Nous étions invisibles et inconnus pour la société. commençait Taehyung, blottit contre le beau noiraud. 

À présent tous assis autour d'un grand feu de camp sur la place en terre battue du village, chacun tendait l'oreille, attentif au récit de l'argenté. 

Argenté qui semblait en avoir beaucoup vécu, et pourtant si peu raconté.  

Le détenu était posé aux côté de Jeongguk, qui le réchauffait en partageant sa peau de bête, la plaçant sur ses minces épaules. Frottant doucement son dos de son autre main, sa simple présence réussissait à calmer Taehyung, qui rassemblait tout son courage pour parler de son passé, en cette nuit assez fraîche. 

Es-tu bien sûr et certain de vouloir raconter ton histoire devant tout le monde ? avait demandé de nombreuses fois le chef de la tribu, inquiet pour l'état du beau jeune homme, ce à quoi Taehyung avait répondu positivement.

Il fallait bien qu'il dévoile son secret un jour, et même si ce soir, beaucoup de gens l'écouteraient, cela ne le dérangeait plus. 

S'il fallait passer par-là pour obtenir enfin un semblant de reconnaissance et de liberté, le grisé était prêt à le faire.

Et même si le Jeon aurait préféré qu'il lui en fasse part d'abord personnellement, il était aussi prêt à l'écouter attentivement, et à être présent pour lui, peu importe ce qu'il avait fait.

Jeongguk s'était beaucoup attaché à cet être descendu des cieux. 

-Beaucoup d'entre nous disaient que nous étions des enfants perdus, des orphelins, des rejetés de la société, et dans mon cas, des enfants de prostituées abandonnés au coin d'un district. récita-t-il, baissant le regard sur les braises enflammés du tas de bois.  

-C'est donc pour ça que ton dossier n'existait pas, à l'origine... comprenait enfin Seokjin, posant ses pupilles peinées sur celle de son patient. 

-La prostitution est interdite sur la station, puisque la plupart ne se protège pas et engendre des enfants à tout va. Et la population sur Eomma ne doit pas augmenter en vu du manque de provisions. expliquait le jeune. Alors, je ne sais pas exactement comme ça s'est passé, mais j'ai été rejeté par ma génitrice, avant d'être récupéré par la société qui s'occupait de tout ces enfants aux cas similaires au mien.  

-Une société ? Je n'ai pas eu vent d'une société qui récupérait les orphelins... réfléchissait le médecin, remontant ses lunettes alors qu'il fronçait ses sourcils, puisant dans ses souvenirs. 

-C'est normal, Jin-hyung. À cette appellation, le cœur du châtain se réchauffait, car voilà qu'enfin que le grisé montrait qu'il lui faisait un tant soit peu confiance. Cette société agissait seule, dans la pénombre et le silence le plus complet. Le gouvernement n'était, apparemment, pas au courant. 

-Et elle était dirigée par qui ? demanda Sana, chauffant son morceau de viande sur le feu. 

-Nous étions sous la garde d'une équipe de médecins dirigé par le Sauveur, comme il se faisait appeler. Le plus grands du plus grands des scientifiques, disaient-ils... soupira-t-il. Nous devions tous l'adorer, l'aduler, le vénérer, sans aucune exception. Ils nous faisaient croire qu'il était quelqu'un de bon, de formidable et d'honorable, qui nous donnerait à tous une vie de rêve. Evidemment, ce n'était pas le cas. Ca ne l'avait jamais été. Serrant son poing, le regard de Taehyung se noircissait de rage. 

Suite à ses paroles, Seokjin fronça encore plus ses sourcils épais. 

Lui qui avait vécu toute sa vie dans le monde de la médecine -ses parents étant eux aussi de grands scientifiques réputés- il n'avait jamais entendu parler d'un très grand homme tel que ce Sauveur. 

Et puis, qui était assez égocentrique pour se faire nommer de la sorte ? 

-Nous avions tous un matricule pour se faire reconnaître, le mien était V. reprit le grisé. Nous servions d'expérience pour ces médecins qui cherchaient à améliorer nos métabolismes afin de faire de nous des supers-humains, capables de vivre plus longtemps et de survivre au milieu des climats les plus hostiles. Leur but était, à la base, de faire perdurer l'espère humaine, et nous envoyer si possible sur Terre, même si elle restait invivable. 

☾

-Tends ton bras. 

L'enfant aux cheveux argentés obéit, tendant son petit bras qui tremblotait, se demandant ce qu'il lui arrivait. 

Il n'aimait pas les piqûres, et pourtant, elles se faisaient de plus en plus récurrentes, à son plus grand malheur.  

-Ouvre la bouche. ordonna ce même docteur en blouse blanche, la mine fermée. 

V continuait de faire ce qu'on lui demandait, avec un peu de réticence. Il n'avait pas l'impression de devenir un super-héros comme on lui avait promis. 

Non, il avait juste l'impression de tourner en rond, et de se diriger vers un avenir tout à fait contraire à ce qu'on lui avait décrit. 

-C'est fini pour aujourd'hui. Et coiffe tes cheveux, le Sauveur ne t'aimeras pas si tu restes négligé, on te l'a déjà dit. 

Le médecin s'approcha de lui pour le coiffer rudement, plaquant dans des gestes secs sa touffe grise derrière ses petites oreilles. 

Mais V n'aimait pas. Il n'aimait pas qu'on le traite comme une petite chose incapable. Il n'aimait pas qu'on l'apprête de la sorte. 

Il n'aimait personne, de toute façon. 

Alors il les redécoiffait une fois que ce médecin avait le dos tourné. 

-Tu sais, tu es très joli, mais si tu n'en fais qu'à ta tête, le Sauveur se lassera de toi. L'adulte reprit en voyant sa chevelure de nouveau en désordre. Tu devrais soigner un peu plus ton apparence si tu veux toujours autant lui plaire, plus tard. Il s'approcha à nouveau, dans le but de le recoiffer. 

-'veux pas lui plaire, gros con. 

V avait prononcé du haut de ses neuf ans, tout en rejetant brusquement la main qui s'approchait de sa tête. 

☽

-L'objectif de cette société paraissait être une merveilleuse idée sur le papier, mais hélas, leurs expériences devenaient chaque jours de pires en pires. compta l'argenté. Quand j'étais caché au milieu de tuyaux, et donc quand j'arrivais à échapper aux évaluations quotidiennes, j'entendais des cris. lâcha-t-il. Trop de cris. Des cris de pure douleur. Puis, après de longues minutes de souffrance, je n'entendais plus rien. Ca se déroulait toujours de cette manière. Et le lendemain, étrangement, le Sauveur venait nous annoncer le décès tragique d'un de nos camarades.

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ce chap et les suivants vont constituer l'épisode révélations, tenez vous prêts hehe