Aedan s'écarte de toi quand Liam, Tanya et Eren arrivent avec les bras chargés du déjeuner. Ton frère prend sa place habituelle, Liam s'assoit à côté de lui et Tanya en bout de table, là où réside Carlyle d'ordinaire. Eren et toi vous installez en face des garçons.
Quelques minutes plus tard, les assiettes sont servies et vous mangez en discutant. La conversation porte une nouvelle fois sur la soirée de la veille.
- Tu l'aurais vu ! s'esclaffe Aedan. Il s'est prit des râteaux toute la soirée tellement il était lourd !
- Ah bon ? Milo est mignon pourtant, rétorque Tanya.
- Peut-être mais là..., pouffe Liam en enfournant une bouchée de poulet. Vu comment il s'y prenait, il avait aucune chance.
Vous échangez un regard complice. Vous vous souvenez tous les deux de ce moment, la veille, quand vous vous moquiez de loin de Milo qui faisait gaffe sur gaffe avec la troisième fille de la soirée.
- Ça me rappelle vaguement quelqu'un d'ailleurs..., dis-tu l'air de rien, un sourire en coin.
Aedan relève la tête.
- Peut-être. Mais moi j'ai eu son numéro, dit-il tout fier. Et pas que d'ailleurs.
- Ouais, si j'avais pas été là c'est sa virginité que t'aurais eu, ajoute Liam.
Vous éclatez de rire tous les trois et tu entends Eren toussoter pour masquer son rire, par politesse. Tu lui jettes un coup d'oeil et vos regards se croisent, le sien pétille de gaieté.
- Ok, j'en ai assez entendu la, lance Tanya.
Vous riez de plus belle, Tanya souriant devant votre complicité.
- Alors Eren, tu as fais bonne route ? demande-t-elle en se servant de la salade. Il y a combien pour venir de Stohess ? Quatre heures ? Cinq heures ?
L'intéressé avale sa bouchée et s'essuie la bouche avec sa serviette de table avant de répondre.
- Cinq heures, sourit-il. Un peu long mais j'aime bien conduire donc ça a été.
Il n'approfondit pas le sujet et tu devines que, vu l'état d'esprit dans lequel il était en arrivant, le voyage n'avait pas dût être aussi plaisant qu'il ne le dit.
- Tu veux faire quoi aujourd'hui ? demandes-tu a Eren peu après.
- Oh, euh, je sais pas. Peu importe, ce que tu veux, répond-il en chargeant le lave-vaisselle.
Vous vous regardez et il hausse les épaules en t'adressant un sourire. Tu n'as pas la moindre idée de comment l'occuper durant son séjour. Tu jettes un coup d'oeil par la fenêtre au dessus de l'évier, qui donne vue sur le jardin. La luminosité de ce début de journée est quasi nulle, les nuages orageux obscurcissant la totalité du ciel. Des trombes d'eau déferlent, remués par les rafales de vent qui battent l'eau contre la vitre devant toi.
- Bon je pense qu'on va rester dedans cet après-midi hein..., dis-tu de manière distraite.
- C'est vrai que là, vous êtes mal tombé les enfants, répond ta mère en vous rejoignant dans la cuisine.
Vous entendez soudain des timbales s'agiter au dessus de vos têtes. Un coup, puis un autre, et enfin toute un tintamarre. Eren lève la tête vers le plafond.
- C'est bien la peine d'avoir une salle insonorisée si mon idiot de fils laisse la porte ouverte, soupire la mère de famille.
- Vous avez une salle de musique ? s'interroge Eren.
- Oui, tu lui réponds en souriant. On monte voir ?
Il te rend ton sourire et acquiesce, les yeux pétillants encore une fois. Tu ne l'avais jamais vu si... serein, enthousiaste, heureux ? Oui, il semble à l'aise et heureux dans cette maison familiale.
L'étage de la maison est composé d'un long couloir qui dessert différentes pièces comprenant : la chambre d'Aedan, la tienne juste en face, une grande salle de bain, deux chambres d'amis et une dernière porte qui donne sur une grande pièce. Cette pièce est la salle insonorisée qui fait office de salle de musique. Trois grandes fenêtres situées sur un pan de mur laissent entrer la lumière du jour. Juste en face, contre le mur opposé repose un piano à queue noir. Quelques peu poussiéreux, on devine sans mal qu'il est peu utilisé.
Dans son enfance, Aedan a eu une lubie : faire du piano. Il a insisté pendant tellement longtemps que vos parents ont fini par céder. Ils lui ont payé des cours et acheté un piano, pour que, quelques mois plus tard, ta teigne de petit frère délaisse ce magnifique instrument pour taper sur tout ce qui bougeait. Il a dût ramer des années et non des mois cette fois, pour que Carlyle et Tanya lui achète une batterie.
Au milieu, placé sur un tapis circulaire beige, se trouve la batterie. L'objet de ce vacarme qui réveillerait un mort. A peine sorti de table, Aedan se donne corps et âme, son casque sans fil noir lui couvrant les oreilles.
Eren et toi arrivez sur le pas de la porte. Le brun observe la pièce et s'arrête sur le blond qui n'a pas remarqué votre présence. Aedan joue, les yeux fermés, agitant la tête en rythme. Des gouttes de sueurs commencent à perler sur la peau hâlée de son torse, sa lèvre inférieure est emprisonnée entre ses dents, son nez est retroussé et ses sourcils froncés en signe de concentration. Tu ne reconnais pas la musique qu'il joue, mais Eren te donne l'impression que si.
La tête de ce dernier bouge également en rythme et tu vois ses lèvres s'agiter silencieusement. Il chante.
(Aedan joue la musique du média : You're gonna go far, kid - The Offspring)
Aedan finit par remarquer votre présence au bout de quelques minutes. Un grand sourire nait sur ses lèvres et il se stoppe net. Il enlève son casque qui retenait ses cheveux blonds en arrière, les libérant dans un mouvement, et respire à grande goulées, essoufflé.
- Hey ! lance-t-il en attrapant une bouteille d'eau posée par terre près de lui.
- Tu joues depuis longtemps ? demande Eren s'avançant dans la pièce.
- Non pas tellement, j'ai commencé vers quatorze ans je crois ?
Il tourne ses yeux dorés vers toi.
- Ouais l'année dernière du coup, dis-tu en riant.
- T'es vache, rit Aedan, lui aussi.
- T'es bon, ajoute Eren.
- Tu joues aussi ? demande le blond.
- Oui, depuis une dizaine d'années. Batterie, et piano depuis... genre deux ou trois ans.
- Terrible ! s'enthousiasme Aed.
Il se lève et tend les baguettes a Eren.
- Montre ce que tu sais faire, dit-il avec un sourire arrogant mais taquin.
Eren rit, te jette un coup d'oeil, semblant te demander la permission. Tu lui souris et il lui arrache les baguettes des mains. Il part s'installer derrière la batterie, règle la hauteur du tabouret qui était légèrement trop bas pour lui et défait son chignon. Il place l'élastique entre ses dents alors qu'il tire ses cheveux en arrière pour les rattacher plus proprement.
- Je peux ? demande-t-il en désignant le casque et le téléphone auquel il est relié.
- Vas y, vas y ! répond Aedan en attrapant une chaise.
Il place le dossier de la chaise en face de l'instrument et s'y assoit à califourchon. Aedan place ses avants bras sur le dossier et pose son menton dessus.
Eren met le casque sur ses oreilles, fait défiler les différentes musiques et en choisit une. La musique se lance dans le casque. Il fait tournoyer une baguette entre ses doigts en attendant que les premières percussions se fassent entendre. Tu vois déjà nettement qu'il est dans son élément. La baguette tournois à répétitions entre son pouce, son index et son majeur, puis il l'envoi dans les airs et la rattrape au moment où il tape le premier coup sur la caisse claire. Il frappe avec agilité les différentes timbales et caisses dans un rythme d'abord lent puis progressivement effréné.
- Excelleeeeent, lance Aedan en agitant la tête quand il reconnait la musique.
Les pieds de son frère tapent le sol et il remue sur sa chaise, appréciant le spectacle auquel il assiste.
Tu es subjuguée. Eren est parfaitement à l'aise. Il sait ce qu'il fait, il maitrise son instrument et prend un plaisir non dissimulé à jouer. Sa tête se balance d'avant en arrière en rythme, ses yeux sont fermés et plissés. Ses van's s'agitent sur la pédale de la grosse caisse alors qu'un sourire nait sur ses lèvres à mesure qu'il se déchaine.
Il est envoûtant, beau comme un dieu. Ses cheveux commencent à se rebeller et quelques mèches tombent dans sa nuque et devant ses yeux. Tu n'es pas insensible au charme que dégage cette scène. Eren dégage un charisme fou, soyons clairs.
Tu es appuyé, l'épaule contre un mur, non loin d'Aedan.
- Il est bon ! hurle ton frère dans ta direction pour couvrir le bruit. Vraiment bon !
Tu hausses les épaules, n'y connaissant rien et ne pouvant donc pas juger de son talent. Même s'il est plutôt flagrant qu'il s'en sort très bien. Tu ressens néanmoins une pointe de fierté lorsqu'Aedan te dit ça.
La musique se termine et Eren donne un dernier coup avec ses deux baguettes, en parfaite synchronisation. Essoufflé, il relève la tête, un sourire radieux fendant son visage. L'émeraude - clair cette fois - de ses yeux se pose en premier sur toi et il surprend le regard plein d'admiration que tu posais sur lui. Il te fait un petit sourire en coin et, rapidement, ses yeux se tourne vers Aedan.
- Vraiment sympa ton set, dit-il en enlevant son casque.
- Ouuuuf c'était vraiment cool de te voir jouer, mec ! lance Aed. Tu pourras me montrer comment tu fais ça ?
Il mime un mouvement et tous les deux se lancent dans une discussion sur comment faire tel ou tel mouvement, note ou tu ne sais quoi. Tu ne comprends pas un traitre mot de ce qu'ils racontent mais tu prends un réel plaisir à les voir échanger. Eren s'est rassit sur le tabouret et montre quelques techniques à ton petit frère avec une pédagogie évidente. Aed est concentré à l'écouter et essaie de reproduire ce qu'Eren lui montre, à son tour assit derrière la batterie. Un complicité évidente s'est installé entre eux en quelques minutes. Ils rient entre deux phrases, font des blagues mais reprennent leur sérieux rapidement après.
Toujours appuyée contre le mur, les bras croisés, tu les regardes en souriant, heureuse. Aedan commence à jouer, Eren à côté de lui observant ses mouvements. Les minutes passent et tu te demande où est passé Liam. Il n'est pas rare que chacun des deux amis mène sa vie séparément de l'autre dans la maison, Liam étant ici comme chez lui. Mais tu te questionnes quand même. Ton frère et Eren, toujours à fond, tu ne prends pas la peine de les prévenir que tu pars chercher Liam.
Tu refermes la porte derrière toi et descends au rez-de-chaussée. Ta mère travaille sur la table à manger, entourée de différents magazines de décoration.
- Tu sais pas où est Liam, maman ?
- Hum, non je l'ai pas vu depuis un moment. Il est monté à l'étage juste après vous tout à l'heure.
Tu fais demi-tour et retournes là haut, te doutant d'où peut bien être ton ami.
Comme prévu, tu le trouves allongé dans le lit d'Aedan, adossé à la tête de lit, un livre ouvert entre les mains et ses cheveux d'un noir de jais lui tombant devant les yeux. La chambre est ouverte et aérée, le lit est fait.
- C'est pas ta chambre, t'es pas obligé de faire ça, dis-tu en t'asseyant au bord du lit.
Il hausse les épaules sans détourner les yeux de son livre. « L'épopée des Croisades ». Plusieurs livres comme celui la trainent dans la chambre de ton frère, oublis volontaires de Liam pour des jours comme celui ci où il traine à la maison.
- Ça va ? demandes-tu. Pourquoi tu viens pas avec nous ?
- Nadea me casse la tête avec son instrument du démon, dit-il toujours le regard rivé sur le livre.
Tu ris et un silence s'installe.
- Pousses toi.
Tu grimpes sur le lit et pose ta tête sur son ventre, à la perpendiculaire de lui. Les yeux fixés au plafond.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demande-t-il.
- C'est plutôt à moi de te demander ça, non ?
Il daigne enfin lever les yeux de son livre et te regarder.
- Bah non, tout va bien.
- Hum.
Il a un petit rire et referme son livre en le claquant. Il le pose à côté de lui et passe un bras derrière sa tête. Son autre main vient se poser sur la tienne et caresse tes cheveux distraitement.
- Tu sais c'est pas parce que tu sais maintenant, que tu dois interpréter le moindre de mes gestes, dit-il d'une voix douce.
- Je sais, soupires-tu. Mais j'ai de la peine pour toi.
- Il ne faut pas, je t'ai déjà dis que cette situation me convient.
- Tu ne comptes jamais lui en parler ?
- Ohhh que non, sourit-il en expirant. Jamais.
Tu soupires toi aussi, ne trouvant rien à répondre. Vous vous perdez dans la contemplation du plafond avec pour seul fond sonore le bruit étouffé de la batterie qui vous parvient, lointain.
- Qu'est-ce que t'as fais de ton punk ? Il est avec Aed ?
- « Mon punk » ? ris-tu.
- Bah quoi ? répond Liam en souriant. Il a pas un look passe partout.
- Tu l'aimes pas, hein ?
- Je le connais pas, je peux pas dire ça. Mais niveau première impression... on repassera.
Vous riez de nouveau à l'unisson.
- C'était un malentendu, il est pas si... sauvage, normalement. Enfin... si, mais il l'aurait pas été s'il avait su qui vous étiez pour moi. Je crois.
- Tu me racontes ?
Tu soupires en fermant les yeux.
- Dans les grandes lignes alors.
- Si tu veux. T'es pas obligé de m'en parler si t'en as pas envie.
- Je l'ai rencontré y'a quoi... trois-quatre mois ? Quelque chose comme ça.
Tu lui racontes tout, ou presque. Sans rentrer dans les détails parce que ce serait trop long. Tu commences par votre rencontre, à laquelle Liam ne manque pas de rire, tu passes ensuite aux différentes rencontres au fil des mois, vos disputent, votre première nuit ensemble que tu qualifie de « magique », puis votre dispute à la soirée de Reiner, et enfin la discussion téléphonique de la veille et votre conversation du matin même. Tu lui parles également de Jean qu'il connaissait déjà de nom. Il t'écoute sans t'interrompre, en acquiesçant par moment ou en émettant de petit « hum... », « ah ! », « ouais, je vois ». Liam à quasiment le même comportement qu'Aedan quand tu lui a raconté. Sa main est toujours posé sur ta tête et te caresse les cheveux, accentuant ses caresses dans les moments où ta voix tremble.
- Bon, je comprend mieux son comportement de ce matin, dit Liam lorsque tu as terminé. Nadea est vraiment un gros débile sérieux. C'est lui qui envoie ta position et il se doute pas de qui peut être le gars qui toque à notre porte à huit heure du mat ? Quel con.
Tu ris nerveusement.
- Faut pas trop lui en demander, tu sais bien.
- Ouais, sourit-il.
Tu tends l'oreille mais n'entends plus le son étouffé de la batterie. Tu te dis que tu ferais mieux de retourner voir ce qu'ils fabriquent. Tu te redresse mais Liam attrape ton bras et te tire contre lui. Il fait en sorte que ta tête s'appuie contre le creux de son épaule et passe un bras dessous. Tu te raidis.
- C'est bon, tu peux bien les laisser deux minutes. Tu comptes faire quoi ?
Tu te détends et avales une grande goulée d'air. Le bout des doigts de Liam retrouve ton cuir chevelu.
- Par rapport à ?
- A ton avis nunuche.
- Hé ! Bah... j'en sais rien.
Tu marques une pause, dans tes pensées. Liam ne les interrompt pas.
- Je l'aime, c'est un fait. Mais... c'est pas aussi simple.
- Ça devrait l'être. Mais je suis bien placé pour savoir que c'est malheureusement vrai.
Vous soupirez à l'unisson.
- Tu aimes Jean ? demande Liam en chuchotant, comme si c'était tabou.
Tu mets quelques secondes à répondre, suffisamment longtemps pour que ton ventre se tende à l'évocation de ce prénom.
- Je crois oui.
- De la même manière qu'Eren ?
- Non. Eren c'est... plus. Bien plus que tout ce que j'ai connu. J'ai jamais ressenti ça pour personne, pas même pour Pokko. Mais je ne veux pas, je ne peux pas dire adieu a Jean.
- Je comprend, mais...
- Je sais, le coupes-tu. Je peux pas rester dans cet entre deux indéfiniment.
Liam se tait un instant et tu l'imite.
- Tu veux que je te donne mon avis ?
Tu acquiesces en tournant ton visage vers lui. Il regarde le plafond.
- Donnes toi du temps avec Eren. Il t'a dit qu'il voulait te prouver des choses, qu'il voulait te montrer qu'il pouvait être... quoi ? Quelqu'un de bien, c'est ça ?
Il tourne son regard interrogateur vers toi. Vos visages sont très proches mais ça ne gêne aucun de vous deux. Il plante son regard bleu électrique dans le tien.
- Attends de voir. Attends de voir s'il arrive à être sérieux plus de deux minutes. Avant de prendre une décision, fais le galérer un peu. Il a pas arriver ici avec ses beaux discours et que tout lui tombe tout cuit dans le bec, tu vois ?
Tu acquiesce encore, silencieusement. Tes grands yeux sondant les siens, très attentives aux paroles qu'il t'adresse.
- T'as pas à souffrir et à lui pardonner tous ses écarts, tu l'as déjà fais pleins de fois d'après ce que j'ai compris. Je te dis pas de pas lui donner une dernière chance, mais... assures toi qu'il soit sincère et sérieux, que ce sera la dernière. Et qu'il te refera pas le même coup dans deux mois.
Il embrasse ton front tendrement.
- Pour ce qui est de Jean... c'est une autre histoire. Il faut que tu mettes au clair tes sentiment pour lui. Que tu arrives à savoir si c'est de l'amitié, ou... plus. A mon avis c'est un mélange des deux.
- J'ai peur de le perdre, chuchotes-tu la voix rauque.
- Je sais, répond Liam en te serrant plus fort contre lui. Il faut que vous ayez une discussion. Ça sera pas facile, mais c'est nécéssaire.
La gorge nouée par l'émotion de cette situation, tu enfouie ta tête dans le creux de son cou.
- Merci, souffles-tu.
- Merci à toi, répond-il de la même façon.
Tu relèves la tête, dans l'incompréhension. Il te sourit affectueusement.
- De ne pas me juger, de ne pas poser de questions, de juste être là pour moi. Je te l'ai déjà dis hier mais, tu sais pas à quel point ça m'a fait du bien de t'en parler.
Vous vous souriez et Liam resserre son étreinte, tu passes un bras autour de sa taille et le sers contre toi, ton coeur débordant d'amour pour cet être merveilleux, mais si malheureux. Vous restez comme ça un moment, quand soudain la porte s'ouvre à la volée.
- Ah bah ils sont là ! s'exclame Aedan. On vous a cherché partout.
Tu tentes de t'écarter vivement de Liam mais il ne desserre pas les bras, t'emprisonnant. Tu lui jettes un regard peu amène et il lève les yeux au ciel. Alors qu'Aedan s'affale sur le lit, Liam te chuchote :
- Ca vaaaa, ça lui fait pas de mal de douter un peu, non ?
Il te fait son demi sourire et tu lève les yeux au ciel en souriant. Tu t'écartes quand même et t'assoit sur le lit. Tu oses enfin lever les yeux vers Eren. Il est sur le pas de la porte, les bras croisés, une épaule appuyé contre le cadrant de la porte.
- Qu'est-ce que vous faisiez tous les deux ? demande ton frère en feuilletant le livre de Liam.
Tu ne lui répond pas, trop occupée à sonder l'expression d'Eren. La flamme de la jalousie qui agite ses prunelles inonde les tiennes et tu ne donnes pas cher de ta peau lorsque vous vous retrouverez seuls. Mâchoires crispées, il tente de feindre l'indifférence par politesse mais il ne te dupe pas. Il ne dupe personne d'ailleurs parce que les deux garçons ont vu nettement sa réaction lorsqu'il vous a aperçut, Liam et toi, dans les bras l'un de l'autre.
- Rien, rien, répond Liam à Aedan. Et vous ? C'était cool ?
Il tourne son regard bleu vers Eren, le gratifiant même d'un sourire. Tu te demandes bien à quoi il joue, s'il veut s'attirer les foudres du brun, il est en bonne voie.
- Oui, très sympa, dit Eren d'un ton calme, ne trahissant pas son état de nervosité. Aedan joue vraiment bien.
- C'est toi qui parle ! répond ce dernier. Il est super doué, genre vraiment, dit-il à Liam.
Ce dernier hoche la tête, feignant d'être intéressé.
- Il a même accordé le piano, et tout !
Eren se frotte la nuque, gêné.
- C'est rien du tout, arrêtes.
- Bon ça va aller ? marmonne Liam, agacé.
Aed ne relève pas, déjà en train de discuter musique avec Eren. Tu tournes ton regard en direction de Liam et tentes de contenir un sourire. Sa jalousie est évidente, alors qu'il sait qu'elle n'a aucun fondement. Il esquisse un petit sourire aussi, conscient d'être ridicule. Votre complicité n'échappe pas a Eren qui, en même temps qu'il discute avec ton frère, ne cesse de vous jeter des coups d'oeil.
Quelques minutes plus tard tu proposes à Eren de lui faire faire le tour de la maison, qu'il n'a pas encore visitée. Diversion ayant pour but de quitter cette ambiance lourde dont seul Aedan n'a pas conscience. La perspicacité n'étant sont fort qu'en de rares occasions.
Tu refermes la porte derrière toi.
- Qu'est-ce que tu voulais me montrer ? J'ai déjà presque tout vu.
- Oh, euh, oui c'est vrai, mais je t'ai pas montré toute la maison, dis-tu en t'avançant dans le couloir.
Il ne relève pas et te suit silencieusement.
- Ah, oui, en fait à cet étage y a que la deuxième chambre d'amis que t'as pas vu, dis-tu en ouvrant la porte de ladite chambre.
Eren s'avance à l'intérieur, observe la pièce très classique et identique à la sienne, puis se retourne vers toi. Il arbore son sourire arrogant en coin que tu ne lui avais pas vu depuis longtemps. Il est planté au milieu de la pièce, les mains dans les poches.
- Avoues le, dit-il, son sourire grandissant de plus en plus.
- Dire quoi ? réponds-tu, dans l'incompréhension mais ne pouvant retenir ton sourire en voyant le sien.
Il fait quelques pas vers toi, se tenant à environ un mètre de toi maintenant.
- Cette « visite »... c'était juste un prétexte.
- Hein ? continues-tu en rigolant maintenant.
Il s'avance encore un peu plus, baissant la tête pour pouvoir te regarder. Il lève une main et tu frémis avant même qu'il ne te touche. Il attrape une mèche de tes cheveux qu'il emprisonne entre son index et son pouce. Il l'enroule autour de son index, sans te lâcher des yeux. Ton coeur bat dans tes oreilles alors que tu lèves légèrement la tête pour plonger dans l'émeraude de ses yeux.
Il est si près que tu sens son souffle chaud sur ton visage. Ses doigts amène ta mèche de cheveux derrière ton oreille et ils restent à caresser ton lobe doucement, de façon sensuelle et délicate. Son regard est brûlant de désir. Tu ne pensais pas avoir droit à ce genre de scène, tu pensais au contraire avoir droit à une énième dispute sur la nature de ton rapprochement avec Liam. Tu es agréablement surprise qu'il ne te mette pas au pied du mur. Parce que tu n'es pas sûre de pouvoir lui prouver qu'il n'y a rien entre Liam et toi, sans parler des sentiments de ce dernier. Secret que tu ne comptes pas éventer.
- Un prétexte..., continue-t-il de sa voix langoureuse.
Son expression change brutalement. Ses yeux brûlent toujours de désir mais son visage s'est refermé.
-... pour détourner mon attention de toi... avec ce mec.
Tes épaules s'affaissent tout à coup. Tu as surestimé la force des efforts qu'il déploie. Tu soupires en détournant les yeux.
- Il s'appelle Liam, Eren.
- Qu'est-ce que ça change.
Il lâche ton lobe mais ne rompt pas le contact physique de vos deux peaux. Ses doigts glissent jusque sur ta joue qu'il se met à caresser du dos de ses phalanges.
- Est-ce qu'il y a quelque chose entre vous ?
- Tu comptes être jaloux de tous les mecs que je fréquente ?
Ta voix est quelque peu agacée et tu ne le regarde toujours pas.
- Peut-être. Ou peut-être pas. Ça dépend de toi.
Tu soupires mais ne répond pas. Quelques secondes passent.
- Regardes moi, murmure-t-il.
Tu relèves les yeux vers lui. Son expression a encore changé, il ne dégage plus de froideur ou d'animosité.
Il se penche vers toi et dépose ses lèvres le long de ta mâchoire. Elles ne t'embrassent pas, se contentant de t'effleurer. C'est une sensation agréable, elles sont douces et pleines de prévenance. Il glisse sur l'arête de ta mâchoire et tes yeux se mettent à papillonner, ton ventre à se nouer, une sensation que tu connais bien en sa présence. Il est le seul à te faire ressentir ce genre de choses. Il t'envoûte, avec quelques gestes, quelques paroles, soigneusement choisies il te fait perdre toute résistance.
Sa bouche se colle à ton oreille et tu entends sa respiration. Elle te fait vibrer de l'intérieur. Son souffle très légèrement haché par le désir.
- Dis moi qu'il n'y a rien entre vous, susurre-t-il.
Son timbre résonne dans ton corps entier. Sa voix est grave, rauque et suppliante.
- Dis le moi, et je ne poserais pas de questions.
Ta bouche s'entrouvre, tu penches la tête sur le côté, appuyant contre ses lèvres, dans un geste tendre et quémandeur.
- Eren..., murmures-tu.
Sa langue vient effleurer ton lobe et sentir cette simple chose te fait fermer les yeux. Tu te laisses envahir par le désir. Tu serais prête à lui dire n'importe quoi pour qu'il ne s'éloigne jamais de toi.
- Non, il n'y a rien entre Liam et moi, chuchotes-tu les yeux fermés.
Tu sens ses lèvres s'étirer en un sourire, dévoilant ses dents contre ton oreille. Sa bouche trace le chemin jusqu'à ton cou, qu'il n'embrasse pas non plus. Il descend jusque sur tes trapèzes. Sa main gauche caresse ta taille, sans s'aventurer trop bas. Sa main droite vient prendre ta main, il enroule ses doigts autour des tiens, geste qu'il a prit l'habitude de faire ces derniers temps.
Ta respiration s'accélère à mesure que la chaleur grimpe dans ton corps. Il sait faire naitre le désir en toi comme personne. Il ne t'a pas embrassé une seule fois, il ne t'a quasiment pas touchée, mais tu es déjà prête à l'accueillir.
- Tu me manques, chuchote-t-il contre ta peau. Putain, qu'est-ce que tu me manques.
Tu soupires de satisfaction, toujours figée dans ton état de désir incandescent.
- Mais...
Son visage remonte vers le tien, ses lèvres à quelques millimètres des tiennes. Sans jamais les toucher. Tu rouvres les yeux et tombe en adoration devant les siens, comme toujours. Il sourit, ses yeux sont plissés par le doux sourire qu'il t'adresse.
- C'est pas que je te baise mieux que personne, que je veux te prouver...
Son sourie s'agrandît alors qu'il se rapproche un peu plus. Tu sens à peine la peau de ses lèvres charnues sur les tiennes. « Effleurer » est encore un mot trop grand pour décrire ce toucher. Il est imperceptible. Tu sens plus son souffle contre ta bouche, que ses lèvres contre les tiennes.
- Ça tu le sais déjà, dit-il de manière à peine audible.
Ses mots animent la chair de ses lèvres et tu frémis en les sentant un peu plus. Tu es paralysée par l'attente, par la flamme ardente qui brûle en toi. Contre toute attente, il se recule sans terminer son geste. Il rit presque devant ton visage rouge et ton expression d'attente. Il se redresse et dépose un lent, approfondit et tendre baiser sur ton front. C'est la deuxième fois qu'il fait ce geste lourd de sens. Mais tu ne comprends pas pourquoi ne pas t'avoir embrassé alors que tu te donnais ouvertement à lui.
Il tire sur vos mains entrelacées et pose ses lèvres sur tes doigts. Sans s'en décoller, il plonge dans tes yeux, très sérieux.
-... c'est autre chose.
Puis il te lâche, en t'adressant un sourire triomphant, enfantin, même. Il passe à côté de toi et te lance :
- Bon alors, on la continue cette visite ?