Les voyages de Maximilien | L...

By chkemg

3.5K 286 283

Après avoir vécu toute sa vie sur une île où les habitants peuvent donner vie à leurs objets, un jeune homme... More

PETIT MOT DU DEBUT
1. ANIMA : Arche d'Artemis, Maîtresse des objets
1-2 : ANIMA
1-3 : ANIMA
1-4 : ANIMA
CARNET DE BORD
2. FLORE : Arche de Belisama, Maîtresse de la végétalité
2-2 : FLORE
2-3 : FLORE
CARNET DE BORD
3. AL-ONDALOUZE : Arche de Rê, maître de l'Empathie
3-2 : AL-ONDALOUZE
3-3 : AL-ONDALOUZE
3-4 : AL-ONDALOUZE
CARNET DE BORD
4. ZEPHYR : Arche d'Olympe, Maître des Vents
4-2 : ZEPHYR
4-3 : ZEPHYR
4-4 : ZEPHYR
CARNET DE BORD
5. SELENE : Arche de Morphée, maître de l'Onirisme
5-2 : SELENE
5-3 : SELENE
CARNET DE BORD
5-4 : SELENE
5-5 : SELENE
6. TOTEM : Arche de Vénus, maîtresse des animaux
6-2 : TOTEM
6-3 : TOTEM
6-4 : TOTEM
6-5 : TOTEM
6-6 : TOTEM
CARNET DE BORD
CARNETS DE BORD
ESCALE : LA SERENISSIME, Arche de Fama, Maîtresse de la divination
ESCALE : LE PÔLE, arche de Farouk, Maître des esprits
CARNET DE BORD
7. HÉLIOPOLIS : Arche de Lucifer, Maître de la foudre
7.2 : HÉLIOPOLIS
7.3 : HÉLIOPOLIS
7-4 : HÉLIOPOLIS
7-5 : HÉLIOPOLIS
7-6 : HÉLIOPOLIS
L'ÉTOILE : Arche neutre.
8-1 : ARC-EN-TERRE, Arche de Janus, Maître de l'espace
8-2 : ARC-EN-TERRE
8-3 : ARC-EN-TERRE
8-4 : ARC-EN-TERRE
PETIT MOT DE LA FIN

ESCALE : LE DÉSERT, Arche de Djinn, Maître du thermalisme

72 2 0
By chkemg


Maximilien s'essuya le front en soufflant comme une locomotive. L'oncle Augustus l'avait envoyé passer la serpillère sur le pont du navire. Il avait jeté l'éponge au bout de quelques minutes, et s'était abrité sous l'une des voiles dans l'espoir de ne pas rôtir vivant. La chaleur était infernale. Max croyait pourtant s'être déjà frotté à des températures extrêmes à Séléné... Mais même l'arche de l'onirisme n'était qu'un glaçon comparé au Désert. Au-delà du navire, il n'y avait que des dunes de sable à perte de vue. L'arche du thermalisme portait si mal son titre... Alors que Max s'éventait le visage, une corde lui gifla la jambe.

— Aïe ! C'est bon, je m'y remets !

Max recommença à nettoyer le pont, non sans jeter un regard aussi agacé que craintif à la grande voile. Le Noétilus était d'une humeur massacrante à cause des grains de sable qui s'infiltraient jusqu'entre ses lattes. Et ses deux habitants en faisaient les frais... Alors qu'il achevait sa tâche en quatrième vitesse, une corne de brume résonna au loin. Max se précipita au bastingage.

Là. Au milieu des dunes de sables. Un énorme groupe de voyageurs et de chameaux. Les deux explorateurs avaient déjà reçu la visite d'éclaireurs, mais cette caravane-ci comptait au bas mot plusieurs centaines de sourciers ! Peut-être même faisait-il face à une tawsit toute entière ! L'animiste abandonna sa serpillère pour aller prévenir son grand-oncle.


Une fois que ce fut fait, Max ressortit sur le pont pour suivre la scène de loin. La plus grande partie de la tawsit s'était immobilisée à une centaine de mètres du navire, et ils ne furent qu'une poignée à aller à leur rencontre. Max plissa des yeux en détaillant ces silhouettes drapées de bleu. Les visages et les corps étaient entièrement protégés du soleil par des chèches et des takakat indigos. L'oncle Augustus avait posé pied à terre. Il s'inclina respectueusement devant le chef. Après quelques échanges, l'explorateur invita le petit groupe à le suivre dans le Noétilus.

Max les rejoignit à l'intérieur. Il découvrit ainsi qu'ils s'étaient installés dans la pièce à vivre. L'Amghar s'asseya à table et retira lentement son chèche, dévoilant un visage féminin et des yeux bleu azur. Max se rangea discrètement aux côtés de ses adjoints. Il ne put s'empêcher de leur jeter un œil à la dérobée. Il n'en retira pas grand-chose : leurs turbans les rendaient aussi insondables que des pierres. Impossible de se faire la moindre idée de leurs apparences ou de leurs intentions. 

Un verre d'eau vola jusqu'à la cheffe. Elle se désaltéra dans un remerciement, avant d'entamer les négociations. Augustus lui présenta les diverses marchandises qu'il avait à lui offrir, puis la transaction fut scellée par un nouvel échange de rafraichissements. L'échange n'eut rien d'inédit, au final. Augustus serra la main de son interlocutrice avec enthousiasme :

— Reste à régler la question du payement. Je pense qu'une vingtaine de jarres d'eau feront parfaitement l'affaire.

Ici plus que partout ailleurs, l'eau était symbole de vie et d'abondance. Cette ressource était tellement précieuse aux yeux des sourciers qu'elle leur servait même de monnaie. Si la cheffe resta impassible à l'annonce du montant, ses adjoints échangèrent des regards nerveux. Augustus sembla s'en rendre compte. Il jeta un coup d'œil éloquent à la foule amassée à proximité du navire.

— Je vois que votre tawsit est actuellement en déplacement.

— En effet. Nous avons traversé des mois difficiles : Les puits de notre ancienne oasis se sont asséchés du jour au lendemain. Vous savez à quel point l'eau peut être volatile sur le Désert...

— Et depuis combien de temps voyagez-vous ?

— Cela va faire 2 mois. Nous cherchons une nouvelle oasis où élire domicile. En dépit de tous leurs efforts, nos bénis sont peu nombreux. Ils n'ont toujours pas trouvé de nappe phréatique suffisamment grande pour subvenir durablement à nos besoins.

— Je vois.

Les sourciers étaient bien trop fiers pour mendier ouvertement, mais Max comprit que les réserves d'eau de la tawsit ne devaient pas être au meilleur de leur forme. Augustus hésita quelques instants supplémentaires.

— Il se trouve que vous n'êtes pas la première tribu à faire affaire avec moi. Et je suis bien embarrassé par les stocks d'eau que nous avons constitués. Voyez-vous, nous ne sommes que deux ici...

Augustus se baissa juste à temps pour éviter la salière qui lui fonça dans la figure.

— Je veux dire trois, rectifia-t-il avec un regard éloquent pour les murs du Noétilus. Nous avons bien trop de réserves pour notre propre consommation.

Les sourciers retinrent leur souffle en comprenant où l'explorateur voulait en venir. Maximilien observa son grand-oncle avec une fierté non dissimulée.

— En êtes-vous certain ?

— Absolument ! Vous nous rendriez un immense service en acceptant de nous alléger d'une partie de notre eau. Cet arrangement pourrait faire office de payement.

— Avec plaisir.

L'amghar s'inclina devant Augustus pour lui marquer toute sa reconnaissance. A ses côtés, ses seconds échangèrent des regards brillant d'émotion. Le don de l'explorateur venait sûrement de les mettre à l'abri du besoin pour plusieurs semaines. L'accord fut finalement scellé par une poignée de mains.

— Nous allons monter notre campement pour la nuit. Voudriez-vous joindre à nous pour la soirée ?

— Avec plaisir ! répondit Augustus avec un enthousiasme non dissimulé.


La nouvelle se répandit comme une trainée de poudre parmi la foule qui patientait dehors. Les tentes s'ouvrirent sur le sable comme des dizaines de fleurs bleues. Le coucher de soleil plongea le désert dans une lumière orangée. Les températures tombèrent jusqu'à devenir supportables. Lorsque le soleil eut finit par disparaître totalement de l'horizon, les deux animistes quittèrent leur navire. Augustus et Maximilien parcoururent rapidement les quelques centaines de mètres qui les séparaient du campement de la tawsit. Tout était plongé dans le calme. Les animaux domestiques avaient été rangés dans un enclos commun, et les sourciers avaient déjà commencé à dîner à l'entrée de leurs tentes. Ceux qu'ils rencontrèrent n'hésitèrent pas à montrer toute leur gratitude pour le don d'eau. Augustus répondit à leurs remerciements avec une modestie sincère, et ne rechigna pas à accepter les cadeaux de toute sortes qu'ils leur glissèrent dans les poches.

Max profita de l'occasion pour découvrir enfin les visages de ses hommes et femmes du Désert, libérés de leurs chèches bleus. Il fut surpris de découvrir que les traits et les carnations de peaux étaient très variés ; la seule caractéristique commune qu'il leur trouva fut leurs yeux bleus. Sûrement un témoignage de leur lointaine filiation avec Djinn... Max jeta un regard à la ronde. En dehors du campement, le désert était plongé dans un calme total.

Djinn les observait peut-être en ce moment-même, caché derrière des mirages. Cet esprit de Famille n'aimait pas la compagnie. Il vivait en acète dans les dunes, même s'il lui arrivait de se joindre à une tawsit lorsque l'envie lui en prenait. Ces visites duraient rarement plus d'une nuit, Djinn prenant tout juste le temps "d'honorer" celles qui avaient attiré son attention... C'était du gagnant-gagnant : ces unions représentaient de véritables aubaines pour les sourciers. Les pouvoirs de Djinn étaient à l'image de leur possesseur : ils apparaissaient et disparaissaient comme bon leur en semblait. Malgré le fait qu'ils aient tous des liens de parentés avec l'esprit, seule une poignée des sourciers héritaient de ses dons familiaux. Les visites nocturnes de Djinn offraient au moins aux tribus la certitude de compter un enfant béni dans la génération à venir.


Plantée au centre du campement, rien ne différenciait la tente de la cheffe de celles du reste de la tribu. Elle les y accueillit avec le reste de sa famille, avec cette simplicité et cette convivialité propre à la vie nomade. L'odeur alléchante qui flottait dans l'air ambiant lui donna immédiatement l'eau à la bouche. Ils furent une dizaine à partager le même repas à la lueur des bougies. Assis sur un large tapis posé à même le sable, ils partagèrent une énorme galette de mil que chacun déchirait avec ses doigts avant de plonger ses morceaux dans une sauce épaisse à base de tomates et de viande. Le tout arrosé de lait de chamelle et de thé brûlant. Maximilien avala la moitié de la galette à lui tout seul.

Les températures devinrent assez fraîches - un vrai comble ! - pour que les sourciers aient besoin d'allumer un grand feu de camp. Au fur et à mesure que les repas se terminaient, une bonne partie de la tawsit se regroupa tout autour. Les deux étrangers s'y joignirent naturellement. Ce feu de camp fut le point de départ d'une soirée improvisée, où chacun fut libre de divertir le groupe comme bon lui en semblait. Entre deux chants, Max lui-même brava sa timidité naturelle pour faire démonstration de son animisme. Il eut beaucoup de succès. Lorsqu'il alla se rasseoir sous les applaudissements de ses spectateurs, il intercepta au passage le regard plein de fierté avec lequel l'oncle Augustus l'avait observé faire.

Un peu plus tard dans la soirée, trois nouveaux sourciers entrèrent en scène. Des chaînes d'argent étaient ostensiblement passées à leurs cous et à leurs bras : Max reconnut là le signe distinctif des bénis, sourciers nés avec des dons familiaux. La benjamine du trio s'assit en tailleurs devant une calebasse pleine d'eau. Elle saisit sa flûte après avoir salué son public. Une colonne d'eau prit forme à l'instant où les premières notes s'élevèrent dans l'air. Le serpent liquide ondula sensuellement au rythme de la musique. Fasciné, Maximilien fut incapable de détourner les yeux du numéro. L'eau retourna à son état initial dès que l'artiste cessa de jouer, et Max applaudit la charmeuse d'eau au point de s'en faire mal aux mains. Le second numéro fut tout aussi amusant à voir : un homme jongla habilement avec une dizaine de bulles d'eau liquide, qu'il transforma finalement en neige sous les exclamations extasiées de son public.

La dernière démonstration, bien qu'impressionnante, le troubla beaucoup plus : le doyen du trio était un vieil homme aux lèvres peintes en noires. Il avait emmené deux poulets avec lui, qu'il déposa à ses pieds lorsque vint son tour. Les volatiles essayèrent de s'enfuir, mais il tendit négligemment les mains dans leur direction. Les poulets cessèrent de courir. Et lorsque la charmeuse d'eau entonna un nouvel air de flûte, ils se mirent carrément à danser sous les rires du public. Max ne partagea pas leur enthousiasme. La scène le mettait profondément mal à l'aise. Alors qu'elles s'agitaient au rythme dicté par les mains du marionnettiste, les pattes des pauvres poules étaient parcourues d'inquiétants spasmes musculaires. Ils devaient être très douloureux à subir... Le malaise de Max face ne fut qu'agrandi par le commentaire que son oncle lui glissa à l'oreille :

— Cet homme possède une variation rarissime des pouvoirs sourciers : une maîtrise de l'eau qui s'étend au sang. J'ai connu un autre détenteur de ce don familial. Crois-moi, ces gens-là peuvent être redoutables.

Le numéro prit fin lorsque, toujours prisonniers de l'emprise du maître du sang, les poulets se précipitèrent dans le feu de camp. Une troublante odeur de viande grillée s'éleva dans l'air ambiant. Sous les acclamations des sourciers, la vedette du numéro offrit finalement les deux carcasses aux invités d'honneur. Max saisit la sienne du bout des doigts. Allez, il fallait faire plaisir à leurs hôtes. Il mordit dans la viande. Le poulet était parfaitement grillé, mais il lui trouva un arrière-goût amer. Max se força à avaler avec un sourire crispé.


La veillée dura jusqu'au lever du jour. Les deux animistes quittèrent leurs hôtes pour retourner à leur navire. L'oncle Augustus observa la tawsit replier ses tentes pour se remettre en route en soupirant :

— J'espère qu'ils trouveront leur oasis.

Après une dernière claque dans le dos, son grand-oncle fila se coucher. Maximilien s'attarda plus longtemps sur le pont du navire. Il admira le lever du soleil. Le Désert s'avérait plus intéressant qu'il ne l'avait pensé... La couleur que prenait le sable dans le jour naissant lui fit penser à celle du fruit qu'Hildegarde lui avait repris sur Zéphyr. Cela faisait un an qu'elle ne l'avait plus contacté. Qu'est-ce-que l'arcadienne avait bien pu devenir ? Et dire qu'ils s'étaient disputés au sujet de l'oncle Augustus... Max aurait tant voulu qu'elle ait été là pour assister à son don à leurs visiteurs ! Cela l'aurait forcément fait changer d'avis sur son compte.

Sur quelle arche pouvait-elle se trouver en ce moment-même ? Voyageait-elle toujours dans l'espoir de fonder un monde meilleur ? Max soupira profondément. Hildegarde aurait-elle pu empêcher Awa de mourir aussi injustement, elle ? Max réentendit son rire, sentit de nouveau ses baisers s'échouer dans son cou... Et une grosse boule se forma au fond de sa gorge. Il était trop tard pour se poser cette question. Max repensa à la gratitude des sourciers après le don de l'oncle Augustus. Ils avaient agi à temps pour eux. Et il y en était encore beaucoup qu'ils pourraient aider...

Sous le soleil qui achevait de se lever, Max se fit alors une promesse. Il retrouverait la trace d'Hildegarde. Une fois que cela sera fait, il lui ferait ouvrir les yeux sur l'explorateur. Elle se rendrait compte qu'il était tout sauf mauvais, puis elle le convaincrait de rejoindre son organisation.


Max sourit pour lui-même tout en séchant les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Il le ferait pour elle. Et pour tous les autres.

Continue Reading

You'll Also Like

742 96 17
Petite Tache est un chaton qui a été retrouvé sur le territoire du Clan du Tonnerre. Peu après qu'elle ai été nommée apprentie, des meurtres se sont...
477K 17.2K 59
Emma James est une adolescente orpheline de 17 ans qui est trimballée de famille en famille. Entrainée dans des endroits peu recommandés à cause de s...
75.6K 1.9K 15
Jordan Bardella et Gabriel Attal, anciens amants et désormais rivaux politiques, se retrouvent lors de débats télévisés. Leur rupture douloureuse les...
171K 9.2K 173
Dans les rues animées de Los Angeles, où chaque appel d'urgence peut changer le cours d'une vie, une connexion unique brille entre deux hommes : Buck...