C'est un chapitre de transition, du coup il est très court et il n'y a que très peu d'action. J'espère qu'il vous plaira quand même !
J'en profite pour vous remercier encore une fois ! +60k c'est juste taré, j'ai du mal à y croire. Merci pour vos messages de soutien, d'encouragements, merci d'aimer mon histoire autant que moi, juste... Merci.
Les yeux de gonflés et la gorge en feu, tu te réveilles difficilement. En plus de ta gueule de bois, tu as l'impression de t'être fait roulé dessus par un camion. Tes membres sont lourds, courbaturés, ta tête est sur le point d'exploser et le simple fait de déglutir te fait un mal de chien.
Avec un gémissement de douleur, tu remues et te mets sur le dos. Tu te rends compte rapidement que tu es encore habillée, couverte d'un plaid et une écharpe réchauffant le haut de ton corps. Tu soulèves le tissu et réalises que c'est ton écharpe. Hors, tu n'as aucun souvenir d'en avoir été vêtue la veille. C'est l'écharpe que tu pensais perdue depuis des mois, celle sur laquelle tu n'arrivais pas à remettre la main. Puis soudain ça te frappe. Tu l'avais oublié un jour à l'ombre d'un arbre à la fac. Ce même jour où tu avais échangé des baisers torrides avec Eren. Il l'avait donc gardée ? Mais... ce fait te confirme que ce qui s'est passé la veille n'était pas un rêve. La déclaration de Jean, le moment passé avec Eren dans sa voiture et le flou qui accompagna ton réveil alors que tu étais dans ses bras et qu'il te déposait doucement sur le lit sur lequel tu te trouves à présent.
Tu refermes les yeux, tentant de ravaler l'émotion qui te submerge. Tout ceci s'est bien produit. Le chaos de ta vie n'avait pas été un cauchemar. Tu soupires, plaçant tes paumes contre tes yeux. Ce soupire t'arrache une grimace et tu te racle bruyamment la gorge. C'est alors que tu entends un gémissement endormi provenant d'à côté de toi. Tu écarquilles les yeux et mets quelques secondes à te retourner.
Il était là. Etendu près de toi, à une distance raisonnable. Il dormait paisiblement, le visage néanmoins tendu et exprimant la contrariété. Ses sourcils étaient froncés et sa bouche entrouverte émit quelques gémissement suppliants. Tu le regardes quelques instants, les yeux toujours agrandis de surprise, puis te reprends et bascule sur le côté, ton coude posé sur le matelas et ta tête reposant dans ta paume.
Il semble épuisé. De grandes cernes creusent son regard, ses traits sont tirés, il n'a pas dû beaucoup dormir. Ta main se tendit d'elle même, sans que tu ne l'ai prémédité. Tu viens caresser sa joue, dégageant les nombreuses mèches qui couvrent son front. Il soupire d'aise et le fantôme d'un sourire nait sur ses lèvres, ce qui t'attendrit. C'est d'une main distraite que tu caresses ses cheveux, perdue dans tes pensées.
Tu as besoin de faire un break. De prendre le large. Cette soirée a sonné le glas de ton quotidien simple et insouciant. Un choix s'impose à toi. Un choix plus important que d'avoir à choisir entre les deux hommes de ta vie. Tu pressens déjà que c'est le choix de ta vie. Le choix qui fera tout basculer. Et tu es terrorisée. Tu as besoin de t'éloigner quelques temps pour réfléchir, faire le point. On est en pleine semaine et tout abandonner sur un coup de tête n'est pas une bonne idée non plus. Mais dans un autre sens, tu viens de terminer tes partiels alors rater quelques jours de cours n'est pas un drame. Tu n'as pas oublié ton rendez-vous la semaine prochaine pour ton stage, mais tu as bien le temps de le préparer.
Abandonnant tes caresses sur ce visage angélique, tu t'assois au bord du lit et entreprend de chercher ton téléphone. Il est posé proprement sur la table de chevet près du lit. Il a pensé à tout. Tu sers un peu plus ton écharpe contre toi qui n'a plus ton odeur mais la sienne, comme s'il l'avait gardé près de lui trop longtemps. Tu humes ce parfum boisé familier et ton coeur se serre. Un coup d'oeil derrière toi suffit à te décider et tu te lèves déjà, avançant sur la pointe des pieds vers la porte. Tes chaussures dans une main, ton téléphone dans l'autre, tu jettes un dernier regard à l'homme étendu sur le lit. Les larmes te montent aux yeux et tu refermes la porte sur un Jean profondément endormi.
Une fois dans le couloir, tu te rends rapidement compte qu'il est encore tôt le matin. La lueur du jour perce à travers les grandes fenêtres en face de toi au bout du couloir. La lumière matinale t'éblouis et, les yeux plissés tu jettes un regard à ton téléphone. 7:34. La maison est silencieuse, tout le monde dort encore. Tu descends les escaliers et te rends dans le salon. La soirée avait dût se poursuivre bien après que tu te sois endormie. Le sol est jonché de papiers, de gobelets, de bouteilles vides. Tu te demandes comment réagiront les parents de Reiner en voyant ce bazar lorsqu'il rentreraient. Alors que tu mets tes chaussures, tu entends un bruit dans la cuisine de l'autre côté de la maison, vers la partie qui n'avait pas été utilisée pour la fête. Curieuse, tu te dirige vers son origine. Tu découvres Reiner en train de remplir le lave vaisselle.
Il semble bien plus frais que toi. Son visage est fatigué mais rien de comparable avec ton teint blafard. Lorsqu'il entend tes semelles claquer sur le carrelage, il se retourne. Un sourire naquit sur ses lèvres.
- Oh, hey, bien dormi ?
- Oui, tu réponds en souriant faiblement. Je peux t'aider ?
- Oh non, la femme de ménage devrait pas tarder à arriver. Je voulais juste lui épargner les trucs les plus dégueulasses.
Il rit en se frottant la nuque.
- Bon, d'accord, finis-tu par dire. Je vais y aller.
Tu lui fis un sourire amical que tu espérais convainquant et pas trop faiblard. Mais Reiner est plus malin qu'il n'en a l'air.
- Tu es sur que ça va ?
Il est bien trop observateur pour son propre bien.
- Oui, tranches-tu avec un énième sourire.
Il n'insiste pas et tu l'abandonne à sa tache. Tu n'as pas envie de parler, tu ne sais pas quoi dire de toute façon. Tu lui souhaites bien du courage et quittes la pièce. Tu avais appelé un Uber quand tu étais encore dans la chambre et tu reçois maintenant une notification te signifiant qu'il est sur le point d'arriver. Tu franchis la porte de la villa et marche vers le portail. Fouler ce sol qui a vu naitre le chaos de ta vie te fit l'effet d'un coup de massue. Tu te trouves pile à l'endroit où tout a basculé la veille. Secouant la tête, tu continues ton chemin jusqu'au parking. Tu te rends rapidement compte que la voiture d'Eren n'est plus là. Elle a disparu.
Tu ne sais pas ce que ça signifie. La veille il avait pourtant fais un pas vers toi... non ? Tu étais à demi consciente mais tu te souviens parfaitement de ce moment que vous avez partagé dans sa voiture. Le moment le plus intime que vous ayez eu, où il se livrait à toi, où il parlait enfin de lui. Tu avais tellement apprécié. C'est ce que tu as toujours voulu, depuis que tu l'as rencontré. A l'instant où ton regard a croisé ses pupilles émeraudes pour la première fois, tu as voulu le connaitre. Et c'est toujours le cas. Tu veux tout savoir de lui. Mais... tu as peur que ce soit trop tard. Qu'il t'ai déjà trop blessée. Pourquoi te dire tout ça maintenant ? Juste parce qu'il se sent en danger ? Parce que Jean a enfin mit tapis, qu'il a joué cartes sur table et qu'Eren se rend compte qu'il peut te perdre ? Tu n'arrives pas à te mettre ça en tête. Eren ne peut pas tenir à toi à ce point, c'était tellement inenvisageable.
Depuis que tu le connais, il te fuit. Il se rapproche pour fuir dès que l'occasion se présente. Dès que tu essayes d'apprendre à le connaitre, que tu essayes de le comprendre... Il fait tout pour te faire du mal et te tenir à l'écart. C'est forcément qu'il ne veut pas de toi. Ou alors... qu'il a peur ? Peur d'être trop proche de quelqu'un ? Tu as bien du mal à y croire mais après tout, c'est une possibilité. Il est très compliqué et tu le sais. Tu veux l'aider, au fond de toi. Tu veux être la personne vers laquelle il peut se tourner, tu veux être celle qui le sauve, qui lui fait connaître le bonheur, le vrai. Mais d'un autre côté tu te demandes aussi pourquoi tu t'infligerais ça à toi même ? Il continuerait de te blesser, tu ne fais pas d'illusions sur ça. Même s'il s'est sensiblement ouvert à toi la veille, il continuerait de te faire du mal pour se protéger. Et te protéger de lui même. Tu es tellement perdue que tu ne sais plus si tu es capable de t'infliger ça, d'endurer ça pour... toujours. Parce que tu sais pertinemment qu'Eren ne pourrait pas changer en totalité. Et tu ne veux pas qu'il le fasse non plus. Il est comme ça, et tu ne veux pas le changer. Tu veux l'aider, pas en faire une autre personne.
Tes réflexions t'apparurent soudain bêtes et naïves. S'il n'était pas à tes côtés ce matin... c'est certainement qu'il ne veux pas de toi. Pas de la façon dont tu le veux. Sinon il ne t'aurait pas laisser la veille. Cette pensée t'amène à songer à Jean, qui lui était là ce matin. Il avait veillé sur toi cette nuit, comme depuis toutes ces années. Tu peux compter sur lui, il est présent et c'est une personne de confiance. Il ne te fera jamais souffrir. Tu le sais. Tu sais que ce bonheur simple, doux et chaleureux est à porté de main. Il t'aime d'un amour inconditionnel. Et... tu l'aimes aussi. Tu n'est plus dupe toi non plus. Sa déclaration de la veille t'a fait l'effet d'une bombe. Non pas parce que tu ne te doutais pas de ses sentiments, mais parce qu'il t'a fait croire en les tiens. Il t'a fait réaliser, que oui, tu en as pour lui aussi. Maintenant... reste à comprendre le sens de ces sentiments. Il faut que tu arrives à déterminer s'ils sont aussi forts que des sentiments amoureux. Il faut que tu réfléchisses à ce que pourrait donner un quotidien avec lui. Mais au fond, tu le sais déjà. Tu sais que rien ne changerait, que tout ne serait que mieux. Vous auriez sensiblement la même vie, les marques de tendresses seraient simplement plus présentes. Et tu réalises que ce serait un quotidien... heureux. Un quotidien qui te fait envie.
Mais aussitôt assise dans le taxi, ton esprit vagabonde vers Eren de nouveau. Tu te demandes ce qu'il peut faire en ce moment. Tu te demande pourquoi il t'a abandonné hier soir alors qu'il s'était si bien occupée de toi. Il avait été prévenant et aimant, alors pourquoi ne pas rester à tes côtés cette nuit ? Tu n'y comprends plus rien. Secouant la tête, tu chasses ces pensées. Tu veux passer les prochains jours à te consacrer à toi et uniquement toi. Pas aux autres, pas à ce qu'ils veulent eux. Non. Ce que toi tu veux compte plus que tout. Même si c'est le mauvais choix, même si celui que tu choisi se rétracte finalement. Ça n'a pas d'importance. Il faut que tu fasse ce choix uniquement pour toi. Toi seule compte.
Le Uber te dépose devant chez toi. Lorsque tu passes la porte de ton petit appartement, un sentiment de nostalgie et de douleur t'envahi. Hier encore quand tu l'a quitté, tout était normal. Ou presque. Mais tu angoisses déjà à l'idée que tu ne verras peut-être plus Jean allongé dans ton lit, mangeant des chips devant discovery channel, quand tu rentrera du travail. Ta gorge se noue mais tu te dis rapidement que rien n'est encore fait, que tu te refuses à penser à cette possibilité. Tu te diriges vers ta salle de bain, prends des affaires de rechange que tu fourres dans un sac de voyage et lorsque tu retournes dans ton salon, les larmes menacent de couler de nouveau. Sur un des tabourets du bar trône toujours la chemise d'Eren. La chemise que vous aviez trempé la veille au matin alors que vous faisiez une bataille d'eau. Il l'avait étendu proprement sur le dossier et elle était maintenant sèche, comme propre. Tu ne pu t'empêcher de la prendre et de la sentir. Tu te sentais pitoyable en cet instant. Terriblement faible et idiote. Ce geste ne t'apportera rien de plus que de la souffrance.
Tu glisses la chemise dans ton sac, incapable de t'en séparer. Une demi-heure plus tard tu te trouves à la gare de Stohess. Tu achètes un billet de train et patientes en attendant qu'il arrive. Tu éteins ton téléphone par peur que quelqu'un n'arrive à te faire changer d'avis.