11.2 Élément déclancheur

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Lucas

Ses yeux comme l'or noir me dévisage avec une haine que je ne lui connais , ce qui me fait frissonner en  brisant presque mon cœur.

Je ne veux pas qu'elle me regarde ainsi.

La distance qu'elle ne cesse de mettre entre nous depuis qu'elle est ici ne me plaît guère, alors je fais un pas pour me rapprocher.

- Non, fait-elle en mettant sa main comme barrière

- Amani, commencé-je avec plus de douceur, tu sais bien que tout ce que je voulais, c'était toi.

- Tu souffrais, dit-elle au bout des lèvres. Tu souffrais et ça se voyait. La maladie de ta mère, le manque d'attention de ton père, le peu d'amour de ton frère , la haine de ta belle-mère. Même moi je ne te suffisais plus.

- C'est complètement faux

- Si, c'est vrai ! Je ne te faisais même plus sourire, du moins, tu forcais de sourire.

Elle a raison et tort en même temps. Amani est la seule qui me faisait vraiment sourire. Plus rien n'avait de l'importance à mes yeux à part elle , depuis que la santé de ma mère se détériorait, celle pour qui je donnerais mon âme.

La vie ne m'a pas fait de cadeau, en effet. Mes parents se sont séparés quand je n'avais que six ans, l'âge où je croyais que l'amour était magique, comme dans les contes de fées. La raison, mon père n'est qu'un gros connard qui trompait ma mère sans raison, qui la battait quand il était ivre , mais qui bipolairement, l'aimait plus le lendemain. Ma mère a pris ses affaires et l'a quitté en m'enmenant avec elle. Mais quelques années après, on lui découvre un cancer de l'ovaire qui ne lui permettait plus seulement d'avoir d'enfants, mais qui était presque incurable. J'ai dû rentrer chez mon père à treize ans et je l'ai trouvé avec une autre femme qui avait l'allure d'une prostituée, et un petit garçon trop mignon avec le comportement d'un démon. J'ai passé mon adolescence dans une misérable famille où j'étais le vilain petit canard, où même mon père faisait semblant de m'aimer.

Comme si la vie avait enfin pitié de moi, elle m'envoie comme rayon de soleil : Amani.

Une fille que j'avais juste rencontré dans une supérette dans le rayon "épiceries" . Ses cheveux longs crépus étaient attachés dans un chignon mal soigné, elle avait sur elle un simple jogging qui mettait en valeur ses formes plus que voluptueuses. Je me souviens m'être retourné pour voir à quoi elle ressemblait. Et j'ai été sur le cul, littéralement.

Sa peau sombre m'a fasciné, ses yeux noirs m'ont envoûté, son visage d'ange m'a séduit, ses formes m'ont tués. J'ai été obnubilé par elle. Alors que je la dévisageait sans m'en rendre compte, elle m'avait regardé le temps de deux secondes et avait tourné les talons. Je ne pouvais pas la laisser partir.

Quand je lui avais demandé son prénom et qu'elle m'avait répondu trop timidement en soufflant "Amani", j'ai su que cette voix me hanterait le reste de ma vie.

Quand pour la première fois elle m'avait souri, j'ai su que je l'aimerais toute ma vie.

Même après tout ce qu'elle m'a fait, tout ce qui s'est passé, je n'arrive tout bonnement pas à la détestr. Comment pourrais-tu détester la personne qui a rendu ta vie plus heureuse ?me rappelle ma conscience.

- Cette conversation avec Christine m'avait ouvert les yeux, dit-elle en brisant le silence qui s'était installé. Regarde moi dans les yeux et dis moi que ce n'est pas ce que tu voulais.

- Non. Pas comme ça en tout cas. Tu avais agis bêtement, en pensant que la vie serait rose comme dans ta petite famille, comme dans ta petite vie, fais-je un peu énervé.

AmaniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant