2. Retrouvailles

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Assise sur un banc, je regarde les enfants joués dans le parc boisé. Aujourd'hui, j'ai voulu venir seule, sans la compagnie de Mélissa, Nourya étant à l'école. Depuis ce matin, mon coeur ne cesse de tambouriner dans ma poitrine, ne me laissant aucun répit pour respirer normalement. Deux semaines se sont encore écoulé avec la rapidité d'une machine à voyager dans le temps. Et si mon coeur ne cesse de battre à une vitesse affolante, c'est parce que Lucas m'a demandé si on pouvait se voir aujourd'hui. Sans hésiter, j'ai dit oui.

Alors après sept longs mois sans se voir, je l'attends , me demandant comment cela va se passer. Vu qu'on est plus ensemble, je ne sais comment réagir quand je le verrai. Vais-je sauter dans ses bras par risque de me faire rejeter ? Ou vais-je simplement lui dire bonjour ? Me trouvera-t-il toujours jolie après sept mois avec du poids en plus ? J'ai peur, peur de sa réaction.

-Salut j'entends derrière moi.

Je me retourne brusquement, le coeur battant non pas parce que j'ai peur, mais parce que je le vois enfin, après tant de temps. Mon Lucas n'a pas changé, toujours avec cette beauté qui me faisait pleurer.

-Désolé, je ne voulais pas te faire peur il s'excuse contournant le petit banc.

-Tu ne m'as pas fait peur je dis pour le rassurer.

Je le regarde se placer devant moi sans rien dire . Je me lève comme même, s'il devait me serrer dans ses bras.

Il me regarde un long moment comme s'il ne me reconnaissait pas, pour ensuite me serrer dans ses bras. Son étreinte est forte, très forte qu'elle m'étouffe presque. Mais je ne me libère pas de lui car j'ai besoin de ses bras, de son souffle chaud dans mon cou, comme au bon vieux temps. Il recule trop vite à mon goût pour enfin prendre place à côté de moi.

Un long silence pesant s'installe entre nous et je n'aime pas ça, parce que avant, ce silence n'avait jamais existé.

-Comment tu te sens aujourd'hui il me demande se tournant vers moi

-Je vais bien. La nuit à été longue à mon goût. Je lui réponds timidement

J'ai toujours été intimidée par Lucas, par ses yeux noirs , par sa voix, par sa présence. C'est ce qui a fait que je suis tombée amoureuse de lui et lui de moi.

-C'est bizarre, parce qu'elle a été courte pour moi me dit-il, montrant ses belles focettes.

Il baisse les yeux sur mon ventre et le regarde longuement, je le laisse dans sa contemplation. Il a le droit de voir ses gènes grandir en moi.

-Lucas je l'appelle voulant qu'il encre ses yeux dans les miens.

-Tu as grossi il remarque

-Oui, je sais je lui réponds. Mais... Tu me trouve toujours jolie ? Je ne peux m'empêcher de lui demander.

Cette question le gêne puisqu'il se gratte le front et détourne la tête. Lucas rougit face à ma question, mais ne répond rien. Je veux qu'il me dise qu'il m'a pardonné, qu'il a oublié ce que j'ai fais, que tout recommence comme avant. Parce que moi, je l'aime d'une intensité affolante.

Face à son silence, je suis déçue et préfère changé de sujet.

-Alors... Tu travailles où ? Je lui demande

-Dans une petite entreprise de production . On me paie plutôt bien , j'ai même un appartement à moi.

Qu'il a grandi Lucas. Lui qui n'aime pas sa belle-mère a décidé de quitter la maison familiale.

-C'est bien je lui dis fièrement. Tu grandi

-Eh ! Il proteste J'ai toujours été grand

-Si tu le dis . Dis-je en souriant.

Cette discussion est tellement monotone, comme si la situation était normale. Mais elle n'a rien de normale . Une fossé s'est creusé entre nous, nous éloignant plus que jamais. Malgré ça, il est là, en face de moi et me parle comme si rien ne s'était passé. J'aimerais tellement que rien ne se soit vraiment passé ; quand je pouvais sauter dans ses bras, le seul endroit où je me sentais en sécurité, quand je l'embrassais sans me soucier du reste du monde, quand il me disait " je t'aime" et m'enveloppait de ses baisers sucrés, quand il me faisait l'amour en disant que je suis la seule qui comptait pour lui. Oui, je veux revivre ça.

Mais j'ai tout gâché.

-Amani...J'aimerais venir...à la pro...prochaine échographie dit-il tout doucement, les yeux d'abord par terre puis sur moi

Je souris, fortement, ne pouvant pas retenir ma voix. Oui mon amour, j'ai envie que tu viennes voir ton fils.

-Oui, j'aimerais que tu viennes je lui réponds , voulant le sentir dans mes bras.

Il sourit lui aussi fortement, il a vraiment envie de venir.

-C'est pour quand ?

-Dans une semaine. Ce sera la dernière échographie avant la naissance.

-Je serais là .

Mon téléphone vibre dans mon Jean, me faisant quelque peu sursauter. Je l'enlève de la poche et sans surprise, vois que c'est un appel de Mélissa. Depuis l'annonce de ma grossesse, personne d'autres ne m'appelle, a part bien sûr certains de l'église qui de temps à autre, veulent prendre de mes nouvelles.

-Allô

-Amani, tu prends beaucoup trop de temps. Où est que tu es ? Une pointe d'inquiétude résonne dans sa voix

-Je suis toujours au parc je réponds regardant Lucas, qui fait de même

-Il se fait tard, tu dois rentrer. Je viens te chercher

-Non je réponds élevant un peu ma joie . Je rentre tout de suite.

-D'accord

Elle raccroche ensuite, je regarde mon fond d'écran avant que le téléphone ne s'éteigne.

-Je dois rentrer, je déclare en regardant ses cheveux noirs.

Ses yeux restent impassibles, ne dévoilant aucun sentiment. Ça me blesse.

-Je t'accompagne

-Non, je préfère rentrer seule , je dis me levant du banc, lui aussi le fait.

-J'insiste

Je lui souris tristement avant de lui répéter que je veux rentrer seule.

Lucas fait un pas vers moi,puis deux, effaçant tout l'espace qu'il y avait entre nous. Il m'entoure encore une fois de ses bras,m'enveloppant de sa chaleur qui m'a tant manqué. Lucas est plus grand que moi, alors il doit baisser sa tête pour arriver dans mon cou, un geste qu'il ne faisait qu'avec moi quand nous étions ensemble. Je le serre alors contre moi ne voulant plus le lâcher, comme si , si je le faisais, j'en mourrais. Un moment s'écoule avant qu'on ne se lâche. J'ai envie de poser mon front contre le sien mais il recule quand il comprend ce que j'allais faire.

Cette distance me torture .

-Rentre bien , me dit-il tout doucement.

-Au revoir, je fais en tournant les talons.

Au revoir mon amour.

AmaniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant