18. Il s'occupe de tout

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Amani

Ça fait plus d'une heure que j'essaie d'étudier, mais rien y fait.  J'ai sommeil , j'ai faim , j'ai besoin de prendre une douche, je me sens moche et grosse.  Et Zaya qui vient à peine de se réveiller ne me facilite pas la tâche.  Il est calme, dois-je l'avouer.  Il a failli pleurer, mais dès que je lui ai montré ma tête, il ne fait que gazouillé ; je ne peux pas le laisser ainsi, je dois lui donner son lait.

Je quitte l'ordinateur et lui donne carrément mon sein puisque je ne trouve pas le temps de faire le biberon. 

La maison est silencieuse, vide. La télé est allumé juste pour remplir le son dans toute la maison.  Mélissa à son boulot, Nourya au lycée, c'est seule que je passe mes longues journées jusqu'à seize heures, l'heure du retour de Nourya. Je dois l'avouer, cela n'est pas facile.  Je me rends compte que quand on a un bébé d'à peine cinq mois , et étant une jeune mère, le mieux est d'avoir de l'aide, beaucoup d'aide.

Et maintenant que Zaya va totaliser ses cinq mois , je suis au plus bas.  Déjà, j'ai repris ma dernière année et ai décidé de m'inscrire aux cours en ligne pour avoir mon diplôme dans le bon délai. J'ai donc, pendant ces quatre derniers été beaucoup trop surchargée même si aidée de temps en temps par les filles n'a pas changé grand chose.  J'ai remarqué que je suis devenue lourde, faute de rester assise toutes les journées. Je n'ai pas vraiment pris soin de moi , je me suis oubliée.  L'absence de mes parents me pèse énormément, bien que je tente de ravaler mes larmes quand j'y pense trop.

Ils m'ont renié, tous les deux . Je les ai déçu au plus au point, j'ai été une honte pour eux , pour les moeurs et les traditions et pour l'église. Pourtant, je n'arrive pas à les en vouloir.  On a jamais parlé sexualité avec ma mère, et encore moins mon père ; alors d'un autre côté, ils s'attendaient à quoi ? Je crois que oui , je les en veux, un peu. 

Toute est de ma faute. 

Mes pensées sont interrompues par les petites mains de mon enfant qui se sont mis à toucher mon sein.  Je souris à la vue qu'il me donne. Mes parents m'en veulent, mais ils ne peuvent pas en vouloir à un trésor comme lui.

J'entends la porte s'ouvrir soudainement mais reste sur le canapé en attendant que l'inconnu fasse son entrée dans le salon. Nullement surprise de faire la rencontre de l'inconnu, celui-ci s'avance vers nous avec aux mains , des sacs de courses qu'il dépose dans la cuisine avant de revenir vers nous. 

- Comment va le plus beau de tous les enfants ? Demande Lucas en arrachant Zaya de ma poitrine.

Impoli de sa part, mais je ne fais rien. 

Lucas ne m'accorde aucune attention , même quand il s'assoit sur le canapé d'en face.  Il continue de jouer avec son fils; et moi , je reste là à attendre qu'il parle.  Face à autant de silence, je  commence  :

- Tu n'es pas au travail aujourd'hui ? Tu ne m'as pas signaler...d'ailleurs, tu ne me dis plus rien qui te concerne.

- Je te dis tout de moi , il repond sans quitter l'héritier de ses gènes des yeux. 

Je me lève pour me prendre un verre d'eau, fatiguée de son humeur plus que froide.  La raison, monsieur m'en veux parce que je n'ai toujours pas fais mes valises pour le rejoindre. La réponse reste la même depuis la naissance de Zaya, j'aimerais encore rester ici même si depuis la reprises de mes cours, l'amour éternel que j'ai pour lui et le manque de confiance qui grandit en moi me poussent à rester avec lui tous les jours ; dormir à ses côtés et me réveiller dans ses bras m'est devenu primordiale. 

Quand je suis dans la cuisine, je décide de lui servir les petits gâteaux que j'ai fais ce matin en espérant faire fondre la glace qui recouvre son coeur en ce moment.  Je dépose l'assiette sur le coussin qui est à côté de lui et m'assois aussi, attendant une réaction de sa part .

AmaniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant