6.1. Échographie

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-Surtout, s'il y a un problème, appel moi , m'avise Mélissa quand je sors du véhicule.

Je lui fais une bise avant de sortir du véhicule pour la regarder partir ensuite.

Je souffle ; de fatigue, de peur, de frustration.

Avec la boule au ventre, je regarde le bâtiment qui se dresse devant moi comme si c'était la première fois que je le vois ; pourtant, c'est une habitude maintenant.

Autour de moi, les bruits des voitures, des passants me font mal aux oreilles alors j'entre, je préfère l'attendre dedans. Dès que j'entre, les maudites odeurs de l'hôpital me prennent d'assaut me faisant grimacer de dégoût.

-Bonjour mademoiselle, me salue une infirmière. Que puis-je faire pour vous ?

Elle est gentille.

-Oh et bien j'ai un rendez-vous avec le docteur mais j'attend le père de mon bébé. Je réponds

-D'accord. Veuillez bien me suivre dans une salle d'attente plus confortable

Je la suis sans rien dire. Dans le couloir où nous entamons notre marche, je remarque qu'il y a plus de femmes enceintes que des malades graves et des malades qui souffrent juste de rhum.

Elle m'emmène dans un salon où je trouve quelques patientes qui sont dans le même état que moi et des femmes avec des bébés dans le creux de leurs bras. Je m'assois en retrait, ne voulant pas que les gens me regardent, je ne supporte pas les regards qu'ils posent sur moi, ils sont pleins de jugements. La preuve, une femme assise non loin de moi me jette un regards attentifs comme pour deviner quel âge j'ai . Je la laisse dans sa contemplation et sors mon téléphone de la poche pour regarder si j'ai une notification de la seule personne qui compte pour en ce moment, mais je n'ai aucune nouvelle de lui.

Je commence alors à m'inquiéter, me demandant s'il a changé d'avis au dernier moment pour me laisser seule. En pensent à cette hypothèse, ma vue devient brouillée, je perds le rythme de la respiration. J'ai envie de l'appeler pour savoir où il est, pour comprendre pourquoi il mets tant de temps mais au moment où je cherche son numéro dans le peu de mes contacts, l'infirmière qui m'avait emmener dans cette pièce apparaît dans l'encadrement de la porte et avec un sourire chaleureux , elle déclare :

-Mademoiselle Amani ? Elle demande en cherchant la dénommée Amani

Je lève la main comme à l'école pour exprimer ma présence sans mot dire.

-Pouvez vous me suivre, elle me dit.

Je me lève directement en évitant ces mêmes yeux pleins qui sont presque rempli d'indignation à mon égard et quitte la pièce à mon plus grand bonheur. Nous arrivons devant une porte et pas besoin de me dire où c'est, parce que ce ne sera pas la première je mettrais les pieds ici .

La porte s'ouvre et à mon plus grand étonnement, c'est un homme qui attend patiemment ma venue. Je n'ai jamais passé l'échographie en présence d'un docteur homme, alors je ne me sens pas à l'aise.

Où est-tu, Lucas ?

-Bonjour mademoiselle, il me salue quand il finit de préparer le petit lit où je dois m'allonger.

Avec un sourire qui se veut franc , je lui réponds :

-Bonjour, docteur

-Je sais que tu es habitué à avoir tes entretiens avec le gynécologue Marcela mais elle n'est pas la aujourd'hui , il m'informe en me souriant, peut-être pour me mettre plus à l'aise. Mais avant, nous allons vérifier quelque chose. Prends place, il m'invite.

Je m'assois en le fixant, chose qu'il remarque seulement quand il lève la tête vers moi, cette dernière étant plongée dans la lecture de ce qui semble être mon document.

-Amani Roho, c'est ça ? Il demande pour avoir ma confirmation

-Oui, exactement.

-Je peux savoir ce que cela signifie, il demande assez curieux.

-La paix du coeur, je lui réponds sans le quitter des yeux.

Il plisse des yeux plus attentifs par mes réponses qui sortent de ma bouche avec désinvolte.

-Et c'est quelle langue ?

-Le Swahili .

-Oh, Il s'étonne. Tu es d'origine Tanzanienne ?

-Je pense que vous avez posé assez de questions qui n'ont rien à voir avec ce rendez-vous, je lui dis, espérant que ce n'est pas sorti avec un manque de respect.

D'abord surpris par ma réponse sèche, il semble confus puis récupère vite ses esprits en feignant de chercher quelque chose sur son bureau.

-Désolé, je ne voulais pas paraître curieux, s'excuse-t-il en rigolant.

Moi, j'ai déjà perdu la notion de la conversation , le regard dans le vide ou plutôt mon regard attiré par une paire de ciseaux déposé dans un petit panier sur son bureau.

-Qu'elle est belle cette paire de ciseaux, fais-je obnubilée par cet objet.

Il arrête tout mouvement quand il comprend de quoi je parle mais reste dans la confusion puisqu'il ne comprends pas d'où me vient cette étrange attirance.

-Mademoiselle Amani, est ce que vous allez bien, me demande-t-il.

-Un jour, j'ai déjà tenté de la sentir sur ma peau, voir quel effet ça fait, m'entends-je dire.

Et enfin, son regard qui était confus devient inquiet.

-Amani, as...as-tu déjà, il bloque, comme incapable de continuer sa phrase, les mots restent coincés dans sa gorge.

Je descends encore mes yeux pour contempler le ciseaux, mais le docteur l'enlève de la table pour le cacher dans un tiroir.

-Raconte moi ta vie, Amani...

Je n'aime pas mon nom dans sa bouche, il a une étrange intonation.

-Je suis venu voir le bébé, pas vous parler de ma vie, déclaré-je avec un ton plus sec.

-Je comprends, mais...as-tu déjà tenté de te suicider ? Il demande

Enfin, il termine sa phrase dont je connaissais déjà la suite .

-Bien-sûr que non, mens-je

-Si tu as un problème , n'importe lequel, cet hôpital contient aussi une partie où les patients parlent de leurs problèmes avec nos docteurs.

-Je n'ai aucun problème, dis-je tout bas.

Il souffle, puis range son bureau qui était déjà désordonné avant de me dire :

-Nous pouvons commencer

-Non, déclaré-je en haussant la voix. Attendez encore quelques minutes, le père de mon bébé n'est pas encore arrivé.

Comme s'il avait entendu la douleur dans ma voix, il hoche simplement la tête et s'occupe sur son ordinateur, même si en toute franchise, je sais qu'il ne fait rien.

Je veux que Lucas soit là, ici avec moi, pour qu'il voit à quoi ressemble son fils, la chair de sa chair. Il me l'avait demandé et j'avais accepté sans hésiter parce que moi aussi je voulais qu'il soit là. Pas seulement pour son fils, mais aussi pour moi qui n'arrive toujours pas à trouver ma place quand je ne suis pas avec lui.

Je l'attendrais, même si il faudra attendre jusqu'au bout de la nuit.
 

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