Chapitre 21 : Noyée dans la peur

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Que faire lorsqu'on semble être au bord d'un précipice. Un précipice immense et infini.

Peut-être est-ce les larmes qui prennent possession de notre être. La colère. La haine.

Peut-être le dégoût. La nostalgie. La joie.

La peur.

C'est comme si, les jambes pendantes dans ce vide sombre et interminable, on se rend compte que nous ne sommes plus où nous devons être.

Ce n'est pas normal. On ne doit pas être ici. On est ailleurs.

Normalement.

Alors, les voix retentissent au loin, secouées et grave comme si on les entendait à travers une cloche de verre.

Dans la cloche de verre, il y a nous, et lorsqu'elle se brise dans un vacarme assourdissant, on se réveille.

- Non mais tu te prends pour qui ?? Superman ? Reviens un peu à la réalité.

- Hé ! Tu sous-estimes mes talents de plongeur, j'étais le meilleur dans mon lycée, répondit une autre voix en criant.

- Raaah mais c'est pas possible ! Il va se péter une jambe à coup sûr !

- Bof, est-ce que c'est vraiment si important ? Soupira Juvia. Ça lui donnera une bonne leçon.

- Levy ! Tu nous rejoins ? S'exclama Yukino, dans l'eau avec les autres.

- J'arrive toute de suite, ne vous inquiétez pas !

Les doigts crispés sur sa serviette, Levy se mordilla la lèvre inférieure. Le retour à la réalité avait été brutal et désagréable, mais elle était revenue. Son angoisse s'embrasa à nouveau. Elle se massa le front de la main tout en tentant de dissiper la panique qui commençait tout doucement à la prendre en otage.

Elle n'avait pas envie de rentrer dans cette eau. Dans ce liquide doux et glaçant. Le lent écoulement de l'eau sur son corps était la dernière sensation qu'elle désirait ressentir à cet instant précis. Elle regarda les autres s'amuser et se taquiner.

Tout allait bien.

Mais Levy était incapable de se lever et les rejoindre. Son cerveau avait du mal à trouver un quelconque sentiment de bonheur, contrairement à ceux de ses amis. Lucy était entrain de hurler sur Natsu qu'il était le plus idiot des idiots s'il sautait du plongeon haut de dix mètres. Yukino et Sting se souriaient, accompagnés par les cris de dispute de Juvia et Grey. Erza et Jellal n'étaient plus là depuis une dizaine de minutes déjà, et Levy se demanda ce qu'ils étaient entrain de trafiquer. Elle n'était pas aveugle au point de ne pas avoir vu la tension qui les reliait ces derniers temps.

La tension, il y en avait beaucoup, dans leur groupe. Mais il y a aussi le calme et la tranquilité, pensa-t-elle en regardant tendrement le nouveau couple de batteurs.

Cette scène résumait bien l'évolution qu'ils avaient subi tout le long de ces deux mois. Tension, calme, colère... bonheur ? Dans les nombreux livres qu'avait lu la jeune femme, beaucoup se terminaient avec une fin heureuse, emplit de bonheur après de nombreuses périodes sombres. Les protagonistes étaient comblés de joie et se permettaient enfin de souffler après cette rude traversée qui avait eu pour but de les mener au bonheur. Tout finissait bien.

Cependant, il y avait ces livres qui déraillaient de ce principe de fin heureuse. Ces histoires où le monde se perdait, les personnages s'engouffraient dans un malheur parfois prémédité et dont ils ne pouvaient plus en sortir. Ensuite, les pages disparaissaient et c'était tout. On était resté sur cette détresse sans jamais en connaître la suite. Peut-être n'y avait-il pas de suite ?

Levy s'amusait parfois à les imaginer. Que le garçon se réveillerait soudainement en refaisant battre son cœur, que la femme aurait séché ses larmes pour engager une nouvelle bataille contre la vie, que l'homme hurlerait sa propre haine avant que les autres lui hurlent la leur.

Mais comme d'habitude, on ne savait pas la fin, tout était supposition. Et parfois, supposer devenait de plus en plus fatiguant.

Levy en avait marre de supposer. Elle voulait affirmer. Elle voulait affirmer que leur groupe allait être magique, que de nouvelles amitiés allaient naître et qu'elle allait être heureuse.

Pourtant, la vie n'était qu'une liste infinie de suppositions. Et on n'y pouvait rien. Pas même quand on s'appelait Levy et que notre savoir rivalisait avec la taille du système solaire.

La pianiste sortit de ses pensées et ne remarqua son moment d'égarement qu'à l'instant où deux bras encerclèrent sa taille. Quelques secondes s'écoulèrent, accompagnées de quelques cris. Puis tout se passa très vite.

Levy comprit ce qui allait arriver lorsqu'elle sentit son corps s'envoler et être à nouveau attirer vers le centre de gravité. Mais elle n'allait pas toucher la terre. Brusquement, son corps cassa la fine couche qui séparait l'air de l'eau. Elle ne put à peine pousser un cris qu'elle se sentait déjà entrain de glisser. Glisser dans les profondeurs de l'eau.

Tous les sentiments explosèrent.

Dans cette substance bleutée, il n'y avait pourtant aucun souvenir. Juste de la douleur, qui faisait surface lorsqu'elle n'était plus sur la surface. Elle n'avait jamais compris, mais elle savait, et ça suffisait pour que son cerveau lui hurle qu'il y avait danger.

Panique. Souffle. Air.

Sortir.

Quand ses poumons purent à nouveau attraper de l'oxygène, Levy avait déjà cessé d'essayer d'analyser ce qu'il se passait. Tout ce qu'elle entendait, c'était une voix rassurante lui souffler inlassablement « Tout va bien, je suis là, c'est fini... ».

Lorsqu'elle se laissa emmener par Mavis, elle put enfin se permettre d'arrêter de réflechir. Puisqu'elle était là.

Tout allait bien.

*******

Un chapitre très court, mais qui m'a permis de me remettre à écrire après ces semaines de boulot. Bizarrement, je l'aime beaucoup.

Je me suis lue assez rapidement, donc il y a peut-être quelques fautes... Je m'en excuse, et n'hésitez pas à me le faire remarquer si c'est le cas !

Le chapitre 22 arrive dans les plus brefs délais (*0*)

À la prochaine !

Fausses NotesWhere stories live. Discover now