Chapitre 39

31 2 0
                                    


— Ohla, commandant, sergent, soldat, peu importe... C'est une enfant.

Mathias s'était retenu de poser une main pacifique sur l'épaule d'Hayden – il était armé, le bougre – mais tenta d'user de toute la diplomatie possible en l'espace de quelques mots pour le convaincre de ne pas tenir en joug une enfant de 10 ans... qui n'avait rien fait, par dessus le marché. Mitsu aussi s'était précipité sur le lieu du crime, se plaçant par réflexe dans le champ de vision des militaires. Elisabeth, quant à elle, tenait toujours tout contre elle une Julie sur le point de sangloter, perdue face à la réaction de ceux qui étaient sensés les tirer d'ici.

Tout le reste de la foule était concentrée de l'autre côté des barricades, le temps était à la liesse et la plupart avaient déjà oublié qu'ils venaient de tenter de se soulever contre leur propre armée.

— Tu cherchais ton mouchard, tu l'as.

Hayden désigna d'un signe de tête la source du bip régulier : un simple détecteur sans doute, dans la même veine que la technologie qui permettait aux Eugénistes de tracer leurs espions. Si il avait la décence d'avoir l'air contrit, il ne semblait absolument pas prendre la mesure de l'incongruité de son geste.

— Tu as vu son âge ? Elle n'espionne sûrement pas au service de l'ennemi, tu ne vas pas la mettre aux fers pour ça...

Mitsu s'était avancé d'un pas de plus, constituant un mur visible entre les soldats et Julie.

— Une adoptée, seule ? Dans le contexte, vous auriez pu vous méfier quand même, commenta Hayden. On va juste la surveiller, par mesure de sécurité, le temps de lui retirer le traceur – et toutes les données emmagasinées dedans.

Eli soupira, inutile de chercher à boucher les oreilles de l'enfant dans ses bras – sans compter qu'elle était bien assez intelligente pour comprendre une partie de ce qui était en train de se passer. Mais il était hors de question qu'on la menotte pour la punir d'exister. De véritables sanglots s'échappaient maintenant du tas de cheveux blotti contre elle, elle la serra un peu plus fort dans l'espoir de lui faire comprendre qu'ils ne la lâcheraient pas.

— On va la surveiller, dit simplement Mathias.

Il avait toujours ce réflexe d'initier le contact physique avec Hayden mais se ravisa encore une fois :

— On va la garder avec nous et on la surveille, pas besoin la braquer comme si elle était une criminelle. – il pointa de la main le militaire qui attendait les ordres bien sagement, son arme visant toujours une fillette de 10 ans – Soyons raisonnable, il y a bien assez de fous sans ce souterrain, et je crois que tu as mieux à faire.

— Tu sais très bien qu'on va perdre des années de bataille si jamais ils mettent la main sur elle, tenta-t-il.

— Je te jure qu'elle ne me quittera pas d'une semelle jusqu'à ce qu'on sorte.

Il eut l'outrecuidance de lever la main droite comme s'il jurait devant une cour.

— Tu as vu ce que ces fous ont fait à Sarah, rajouta Eli, on peut régler ça sans se comporter comme des sauvages.

Hayden soupira, prenant la mesure de la décision. Elisabeth profita du silence pour le supplier :

— S'il te plaît, Hayden.

Il se laissa quelques secondes de réflexion avant de capituler.

— Vous ne la lâchez pas d'une semelle, il est hors de question qu'ils leur mettent la main dessus et ils ne sont que quelques centaines de mètres derrière.

Juste après la Fin du MondeWhere stories live. Discover now