Chapitre 23

52 7 2
                                    

Martha était très occupée récemment, elle n'avait absolument plus le temps de parler avec Julie. Elisabeth, même si forcée de rester au camp pour sa santé, devenait grognon à force de tourner en rond et finissait toujours pas être désagréable même si elle ne le voulait pas. Alors Julie avait fini par se faire à l'idée qu'elle pouvait aller jouer avec les autres enfants.

La plupart était bien trop jeunes à ses yeux et leur jeux la lassaient très vite mais elle savait s'accommoder de quelques jeux par-ci par-là pour passer le temps, quitte à devoir supporter des compagnons un peu ennuyants. De temps à autres, Elisabeth venait la chercher pour l'aider à effectuer une petite mission simple pour le camp : déplacer des affaires, cuisiner quelque chose ou aller poser des questions aux habitants du camp. Un rythme qui lui convenait s'était installé et elle s'y habituait.

Mais globalement, Julie s'ennuyait et personne ne semblait vouloir rien faire pour l'aider à sortir de cet ennui. C'était pour cela que l'absence prolongée de Thomas et sa famille n'était pas passé inaperçu pour elle. Thomas était un peu plus jeune qu'elle mais un très bon compagnon pour jouer à chat perché. Quand elle voulait courir, elle allait le chercher tout de suite et ils pouvaient jouer pendant de longues minutes où ils se défoulaient mais ce matin, elle ne l'avait trouvé nul part.

Pas de traces de lui au coin des enfants, un bout de terrain où ils avaient rassemblés des jeux piqués dans les magasins, ni vers la cantine où personne ne l'avait vu de la journée d'ailleurs, ni dans chaque endroit où elle avait été cherché et demander si quelqu'un l'avait vu. Elle s'était résolue à demander de l'aide à un adulte quand arrivée à la mi-journée elle ne l'avait toujours pas trouvé.

Elle s'était dirigé vers Elisabeth, puisque Martha se rendait indisponible à parler à tout le monde tout le temps, qui était de corvée de lessive et essorait avec Émile la dernière tournée tout juste propre.

— Hey Julie, ça va ? demanda celle-ci en la voyant approcher.

Elle était en train de tirer avec force sur le pan de tissu que le blond tordait dans une grimace de douleur au dessus d'une bassine pleine d'eau.

— Je ne trouve pas Thomas.

L'information ne mit pas spécialement la puce à l'oreille de la jeune femme, et pourtant Julie l'avait cherché toute la matinée sans le trouver ni lui, ni sa mère, ni sa petite sœur. Elle était persuadée qu'il leur était arrivé quelque chose. Émile leva la tête pour tenter de voir si il ne l'apercevait pas de là où ils se trouvaient, Thomas et sa sœur avaient tendance à toujours se trouver non loin des jouets, surveillés par leur mère.

— Il n'est pas au coin enfant ? demanda-t-il.

La petite fille remua la tête en signe de négation, un peu agacée par le fait que personne ne la prenne au sérieux lorsqu'elle arrivait avec des informations. Évidemment qu'elle avait cherché, elle n'était pas aussi bête.

— Personne ne l'a vu ? demanda plus intelligemment Elisabeth. Ni sa mère ?

— Non, j'ai demandé aux autres mamans mais personne ne les a vu.

Elisabeth hésita un instant avant de tordre d'un coup sec le pan de tissu qu'ils tenaient :

— Laisse-nous finir ça, j'arrive.

Elle acquiesça et s'assit non loin des deux adultes, pour attendre patiemment. C'était pour ça qu'elle aimait parler avec la brune, dès le début celle-ci lui avait parlé comme aux autres et pas comme si elle ne comprenait pas la moitié de ce qu'on lui disait. C'était agréable de ne pas être traitée comme une enfant inutile, même si souvent elle lui interdisait de prendre part aux opérations d'aide organisées par les deux policiers, mais elle ne les aimait pas trop de toute façon.

— On y va ?

Elisabeth avait terminé son travail et essuyait ses mains humides en marchant vers elle :

— Je crois savoir avec qui la maman de Thomas parlait beaucoup, peut-être qu'ils savent où ils sont.

Le camp n'était pas énorme, ce n'était pas comme si vous pouviez vous y perdre ou ne pas être retrouvé parce que vous aviez pris le mauvais couloir. Par règle tacite, personne qui ne faisait pas partie du groupe d'exploration ne sortait du secteur de la voûte qui était en contact avec bien assez de magasins pour fournir tout ce qui était nécessaire aux habitants. Il y avait bien le couloir « lieux d'aisances » et le couloir « déchets » mais encore une fois, on n'allait pas s'y perdre dans les quelques mètres qu'il fallait parcourir pour s'y rendre.

Le fait que Thomas et sa famille soient introuvables depuis ce matin était d'autant plus inquiétant. Le groupe d'exploration du jour comprenait les deux M, Sayid et Dom' : Elisabeth n'envisageait pas une seule seconde qu'ils aient pu se greffer à eux pour aller se dégourdir les jambes. Soit ils étaient quelque part dans le camp, bien cachés, soit ils en étaient sortis et dans ce cas-là ils auraient eu besoin de lampe torches.

Elles se dirigeaient donc vers Carol, une des « amies » de la mère de Thomas avec qui elle bavardait souvent pendant que les enfants jouaient.

— Si j'ai vu Adelita ? Non, non pas aujourd'hui...

Tout en parlant, elle sembla se rendre compte de l'étrangeté de la chose et remua la tête comme pour essayer de se rappeler. Elle plissa les lèvres et finit par se retourner pour appeler une autre personne à la rescousse :

— Ryan, t'as pas vu Adel' aujourd'hui ?

— Si, répondit-il le plus naturellement du monde. Elle est partie en ballade dans la galerie sud avec les enfants.

— Elle a fait quoi ? rugit presque Elisabeth.

Le pauvre Ryan qui n'avait rien demandé regretta aussitôt ses mots, il s'approcha néanmoins pour parler à un volume sonore respectable. Derrière Elisabeth, Julie fronçait les sourcils tout en tenant sa main.

— Elle m'a dit que les gosses étaient intenables ce matin... Alors elle est partie là-bas.

— Dans les couloirs inexplorés, avec deux enfants ? Mais qui lui a filé du matos ?

D'inquiète, la brune était passée à « en colère » . Non seulement, une mère avait emmené ses enfants dans des couloirs que personne n'avait été vérifier donc potentiellement dangereux, et en plus un imbécile lui avait donné de quoi s'adonner à ce loisir presque douteux.

— Je sais pas, demandez au responsable du stock, s'excusa d'emblée le dit Ryan. J'ai rien à voir là-dedans moi.

Il écopa d'une bonne tape sur le haut de la tête - même si Elisabeth dû sautiller pour pouvoir lui coller - et d'une flopée d'insultes que la jeune femme regretta aussitôt d'avoir dites devant Julie. Elle prit la main de la petite fille dans la sienne et partit en furie vers le responsable des stocks du camp : Jean.

Juste après la Fin du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant