Chapitre 38

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— De la lumière au fond d'un tunnel adjacent. Il semble qu'il y ait un rassemblement de civils, quatre en gardent l'entrée avec des armes improvisées.

— Improvisées ? questionna Mitsu goguenard.

Il parvenait tout à fait à imaginer des brutes épaisses comme Jean armées de couteaux de cuisine dégottés dans un magasin autour de l'oasis. Ça ne retirait rien à leur violence et leur dangerosité, malheureusement.

Le soldat ne prit pas la peine de confirmer, attendant les ordres d'Hayden. Ce dernier soupira, déjà fatigué des péripéties à venir, puis hocha la tête pour accuser réception de la nouvelle. Aussitôt, un son sourd s'échappa de leurs oreillettes :

— L'autre équipe a réussi à s'extraire, confirma-t-il. La liaison ne tiendra peut-être pas au delà mais il ne devrait rien leur arriver d'ici la sortie, il y a du renfort qui les attend.

Une très jolie façon de dire que de leur côté, aucun renfort ne les aiderait, songea Mathias. Autrement dit, ils l'avaient dans l'os.

— Martha ? demanda alors Elisabeth.

Elle n'avait que Julie dans la tête et une impression latente de l'avoir abandonnée - laissée derrière elle - lui ravageait l'estomac sans discontinuer. À croire qu'elle répétait un vieux schéma, se répetait-elle avec mépris. Hayden lui adressa un regard neutre, restant silencieux quelques secondes.

— C'est juste que ça ne sert à rien de rester ici si on ne fait rien, bientôt ils trouveront un moyen de dégager ce conduit et on aura plus qu'à courir, lâcha-t-elle d'une traite.

Être en présence de ce fantôme de son passé la mettait dans un état de panique perpétuel, elle perdait ses moyens et évidemment, elle détestait cela. Eli étouffa un soupir rageur et détourna le regard.

— Ce que j'aimerai surtout savoir - Mitsu venait de couper dans l'ambiance lourde entre eux avec un cran d'arrêt, tous les regards se tournèrent vers lui -, c'est comment nous on va s'en sortir ?

— C'est pas toi qui suggérait de faire exploser notre seule sortie ?

Mathias lui donna un coup de coude bien senti dans les côtes, plus histoire de détendre un peu l'atmosphère qu'autre chose. Le faisceau de la lampe d'Hayden vint l'aveugler, une sorte de remarque muette pour contrer les dires de Mathias d'une façon relativement peu amène.

— Il y a des lieux possibles d'extraction un peu partout dans ce dédale, des endroits où la distance avec la surface est plus fine. – il leva son avant-bras comme pour montrer son poignet – Nous sommes pucés, ils doivent déjà nous suivre en surface si nous ne sommes pas trop enfoncés près de l'ennemi.

— Ah oui, les bons chiens de l'état, commenta inutilement Elisabeth.

Le soldat ne releva même pas, posant son bras sur son arme de service dans un pur geste de défi.

— Est-ce que c'est une bonne idée de t'envoyer en première ligne pour aborder cette Martha ? demanda-t-il en toute honnêteté.

Ces deux-là avaient beau avoir une relation plus que tendue, ils avaient le mérite de savoir communiquer vite et bien. La jeune femme acquiesça, suivi par Mitsu :

— C'est avec moi qu'elle a des problèmes, Eli et Mathias sont parti avant qu'elle ne fonde les premiers plombs. Je dirai même qu'elle garde Eli dans son cœur...

— Bien, je garde mon arme avec moi au cas où et tu viens avec moi. Restez en retrait, intima-t-il aux deux policiers.

Il se détourna et commença à marcher doit vers le « camp » sans attendre de voir si il était suivi. Elisabeth soupira – c'était si typique de sa part – et ferma sa veste d'un coup sec avant de lui emboîter le pas. Elle attrapa le « bonne chance » de Mathias au vol et prit une inspiration profonde : qu'est-ce qu'ils allaient bien pouvoir retrouver ? Des miettes de camp de survivants ?

Juste après la Fin du MondeWhere stories live. Discover now