Chapitre 17

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Émile était bruyant.

Émile était bruyant mais gentil, il mettait un peu de temps à comprendre lorsqu'il devenait lourd et agaçant mais quand il percutait enfin, il vous laissait tranquille et allait embêter quelqu'un d'autre. Mais Sokero, elle, elle ne lisait pas plus l'air ambiant qu'elle ne mettait d'entrain à aider en toute situation. Cette étudiante s'était jointe au mouvement juste derrière Bob, la personne qui s'était proposée lorsqu'ils avaient demandé de l'aide pour repartir en exploration, mais pour une raison qui dépassait complètement Mitsu et sans doute pas mal d'autre personne. Elle faisait toujours parti des derniers à aider et faisait souvent plus mal que bien.

Depuis qu'ils étaient parti ce matin, - lui, Émile, Bob et Sokero - elle ne cessait de se plaindre, de repasser en queue de file dès qu'ils approchaient d'un recoin qui pouvait de loin sembler dangereux et parlait avec un volume sonore qui en plus d'être bien trop haut était désagréable au possible. Et comment pouvait-on parler autant pour ne rien dire ? Mitsu grinçait sans cesse des dents depuis le départ et commençait à accuser le coup de la supporter sans rien dire depuis des heures, la colère pointait sous son caractère pourtant calme d'ordinaire.

Il jeta un regard en arrière : l'objet du crime était en train de papoter tout en remuant sa longue tresse noire du bout des doigts. Enfin, papoter était un grand mot puisque même le tellement social Émile s'avouait vaincu devant le moulin à paroles que constituait Sokero. Ils échangèrent un regard dépité puis Mitsu sonna un arrêt brusque :

— Laissez-moi vérifier notre progression.

Il venait d'apercevoir sur le côté de leur chemin un des marqueurs qu'il avait noté sur sa carte, une bouche d'aération échouée sur le sol et identifiable à son numéro de série. Il coinça sa lampe entre ses dents et observa sa carte maison en cherchant le bon tunnel, encore plus difficile de se concentrer puisque quelqu'un persistait à vouloir babiller comme un enfant hyperactif après s'être gorgé de sucre. Jusqu'à ce que Bob en ait lui aussi assez :

— Sok', ferme-là.

Elle se tut immédiatement, une expression tellement penaude sur le visage qu'on pouvait être certain que ce n'était que de l'hypocrisie. La bouche ouverte, elle regardait son collègue étudiant comme si il l'avait giflé, et vu la haute estime d'elle-même qu'elle semblait avoir on en était certainement pas très loin, songea le brun en mettant enfin le doigt sur la bonne traîne de crayon noir. Il tendit la carte en avant pour la montrer aux autres et se saisit de sa lampe pour l'éclairer :

— C'est au bout de ce tunnel-ci que nous avions trouvé le passage - il éclaira un coude quelques centimètres plus loin devant eux - et c'est dans celui-là que nous avons aperçu la lumière en provenance de l'extérieur - il décala le faisceau sur la gauche. Je pense que si on prend le prochain coude à droite on peut retrouver un autre passage qui nous y amènera plus tard, en longeant ce parking souterrain.

Avec Mathias, ils avaient étudié autant que possible tous les plans et cartes des supermarchés et parking qu'ils avaient pu dégoté, faisant appel à la mémoire de tous les membres du camp possibles pour recouper toutes les informations en leur possession. Leur pause au camp la veille leur avait au moins permis de remettre tout ça à plat et de travailler de manière plus intelligente si ce n'était efficace.

— Mais qu'elle est bête Elisabeth, si elle avait pas encore joué les têtes brûlés on n'en serait pas là, hein ?

Les trois faisceaux des torches se figèrent soudainement, les trois garçons la regardant, interdits.

— Elle risquait sa vie pour nous trouver un tunnel de sortie, contra Émile.

Il semblait ne pas vraiment croire qu'elle venait de dire ce qu'elle avait dit, on en était vraiment à des batailles dignes du jardin d'enfant ? Et ce n'était pas comme si Elisabeth était détestée par qui que ce soit, surtout au sein des étudiants. Avant que Sokero ne puisse répondre, Mitsu remballa la carte et la rangea dans son sac à dos :

Juste après la Fin du MondeOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz